Faut-il craquer pour la PS4 Pro ? Plus puissante que la console originale de Sony, elle débarque ce jeudi 10 novembre dans le commerce avec une promesse : des jeux encore plus beaux et une compatibilité avec les écrans 4K. Mais y a-t-il un intérêt à céder aux sirènes de la PS4 Pro quand on est déjà équipé de la première PlayStation 4 et/ou lorsqu’on a qu’un “simple” écran Full HD à la maison ?
L’homme par qui tout a été rendu possible
Pour vous aider à vous décider, on a décortiqué la configuration de la plus puissante des consoles de nouvelle génération en compagnie de son concepteur, l’ingénieur américain Mark Cerny, que nous avons rencontré en exclusivité française.
Rappelez-vous, lors de la présentation de la PS4 Pro à la presse en septembre dernier à New-York, c’est déjà Mark Cerny qui était monté sur scène pour énumérer les atouts de la machine. Le discours était clair : plus de puissance à tous les étages pour que les jeux soient plus beaux, plus fluides et qu’il soit même possible de les afficher en 4K. Sans oublier, aussi, des appétences plus prononcées pour le PlayStation VR et ses expériences de réalité virtuelle.
La semaine dernière, à Londres, c’est entouré de pas moins d’une dizaine de consoles de démo, d’autant de téléviseurs 4K Sony dernier cri et de dizaines de mètres de câbles que Mark Cerny s’est attelé à nous démontrer que son dernier bébé était capable de nous en mettre plein les yeux.
Quand il y a APU, il y en a encore…
Commençons par le processeur. Bien que cela puisse être une évidence pour certains, l’unité de calcul de la PS4 Pro opte pour la même forme que celle de la première mouture. On ne change rien ! Il s’agit toujours d’une puce de type APU fabriquée par AMD, célèbre concepteur de processeurs et puces graphiques.
APU ? C’est une puce électronique sur laquelle se trouve un circuit (die) et à l’intérieur duquel sont gravées aussi bien les unités de calcul pur (processeur/CPU) que celles dédiées à la partie graphique (puce 3D/GPU). Autrement dit, une seule puce mais deux parties distinctes. Un choix technologique qui, rappelons-le, n’est pas exclusif à Sony. Microsoft a opté pour la même « formule » pour les Xbox One et Xbox One S.
Sur l’APU de la PS4 Pro, ce sont les mêmes huit cœurs que ceux que l’on trouve au sein du modèle de la PS4. Des unités de type « Jaguar », conçues pour Sony par AMD, dont la fréquence passe de 1,6 GHz sur la PS4 à 2,1 GHz sur la Pro. Ce gain de performances profite aussi bien au système d’exploitation de la console qu’aux jeux optimisés pour la Pro, bien entendu.
Justement, considérant le peu de jeux encore optimisés pleinement pour la PS4 Pro (45 d’ici la fin de l’année), il est plus intéressant de se pencher sur le comportement de la puce lorsqu’on insère un « vieux » jeu dans le lecteur Blu-ray (non 4K pour rappel) de la console. Mark Cerny est très clair et rassurant : « Il est hors de question que l’un des 700 jeux déjà sortis sur notre console ne puisse pas tourner sur la Pro comme il le ferait sur la PS4 standard, nous avons donc dû nous adapter ».
Compatibilité et GPU « papillon »
L’intérêt d’avoir conservé la même architecture est de garantir une compatibilité parfaite entre la PS4 Pro et les jeux qui ne sont pas optimisés pour cette nouvelle plate-forme.
Toutefois, il a fallu que Mark Cerny et ses équipes trouvent une petite astuce. Ainsi, quand un jeu PS4 non optimisé est introduit dans une PlayStation 4 Pro, celle-ci abaisse la fréquence des coeurs de son processeur, nous explique-t-il. Cela permet de retrouver la même capacité et la même fréquence de calcul que celles de la première PS4. Une caractéristique partagée également par la puce graphique.
Avant d’en dire plus sur la partie graphique, Mark Cerny s’empresse de démentir certaines rumeurs. Il insiste, il n’y a qu’une seule puce physique et pas deux au sein de la PS4 Pro. Où est le gain alors ? « Nous avons doublé la taille du GPU original en plaçant à côté de lui son exact reflet, un peu comme les ailes d’un papillon » lâche-t-il. Une seule et grosse puce donc, pour répondre à tous les besoins des jeux à afficher en Très Haute Définition et pour se mettre dans la configuration matérielle de la PS4 standard.
Pour faire tourner les jeux PS4, une moitié du circuit graphique se met d’abord en sommeil, peut-être par le biais d’une technologie analogue à celle de l’Enduro que l’on trouve sur les PC portables avec processeur et partie graphique AMD. Une fois la moitié de la puce en hibernation, les unités actives, elles, abaissent leurs fréquences.
Questionné sur l’intérêt de les brider, alors qu’elles ne sont pas si lointaines de celles de la configuration originale, Mark Cerny explique : « J’ai fait beaucoup de tests [avec des jeux déjà sortis] sur des prototypes [de PS4 Pro] avant de parvenir à la conclusion que laisser les unités de calcul à des fréquences plus élevées pouvait être certes bénéfique à certains titres mais les rendaient aussi très instables. Ceci parce que le code du jeu ne parvient pas à s’adapter à l’octroi de puissance ». Un risque impossible à envisager sur une console où la stabilité est le maître-mot. Sony n’a donc pas souhaité le courir.
Plus de mémoire, pour plus de réactivité
Sony augmente aussi la mémoire vive sur la PS4 Pro. Mais pas exactement comme nous nous y attendions. Pour rappel, la PS4 se sert de sa mémoire vidéo (GDDR5) à la fois pour les jeux et pour le système. 5 Go sont attribués aux premiers et 3 Go à l’ensemble de l’OS et des routines de fonctionnement. Ainsi, ils permettent de passer rapidement d’une appli à une autre.
Dans la PS4 Pro, une partie de ces routines va dorénavant être gérée par 1 Go de mémoire traditionnelle supplémentaire, que Mark Cerny apparente à la DDR3. Cela signifie par exemple qu’une application comme Netflix est conservée en mémoire DDR et non plus en GDDR (la mémoire graphique). Ainsi, le service reste toujours en mémoire pendant qu’un jeu tourne, ce qui autorise la reprise du visionnage de votre série à la fin d’une partie plus rapidement. Mieux, cela ouvre également la porte à une forme de multitâche. On peut ainsi ouvrir une autre appli sans avoir à en fermer une première par manque de place en mémoire.
Mark Cerny avance un autre avantage. L’arrivée de cette DDR dédiée libère de façon permanente 500 Mo de GDDR5 supplémentaires. Une manne qui sera très utile aux développeurs pour y programmer le stockage d’informations et textures 4K nécessaires à la bonne exécution de leur jeu.
Enfin, ce gain en mémoire vive profitera aussi à l’affichage en 4K de toute l’interface PS4 qui, elle aussi, demande son lot de ressources pour tourner.
La 4K est-elle au rendez-vous ?
Fort de ces considérations et éclairages techniques, se pose désormais la question de ce que la PlayStation 4 Pro offre en termes de graphismes. Une évidence s’impose : pour une console vendue 400 euros, soit le prix d’une carte graphique milieu/haut de gamme pour PC, Sony réalise un tour de force concernant l’affichage des jeux en Très Haute Définition.
Les titres tournent effectivement a minima en Full HD et au maximum dans des définitions dont le rendu s’approche techniquement de celui de la 4K.
Pour nous montrer le résultat du travail de ses équipes et les performances de sa PlayStation 4 Pro, Mark Cerny nous a montré une même scène, rendue avec plusieurs méthodes, dans différentes définitions comprises entre la Full HD et la 4K native.
Conclusion ? Un œil averti verra la différence en passant d’une option de rendu à l’autre, il lui faudra cependant être très proche de l’écran pour cela. Car plus on s’éloigne du téléviseur, et dès un mètre ou deux, la 4K semble bien… réelle, même si la PS4 n’en affiche réellement que très rarement. Ou, sur un même jeu, pas tout le temps, la complexité des scènes pouvant l’amener à baisser dynamiquement la définition de l’image.
Une PlayStation 4 Pro, pour quel résultat ?
Voici trois cas de figure pour vous permettre de savoir ce que la nouvelle console de Sony pourrait vous apporter en fonction du téléviseur dont vous êtes équipé.
- Vous possédez une TV Full HD. Vous connectez la PS4 Pro : les jeux optimisés seront plus beaux et plus fluides. Cela fait partie des consignes que Sony donne aux développeurs, peu importe comment ces derniers s’y prennent. Comprenez par là qu’en lieu et place du 900p (présent sur beaucoup de titres), le 1080p sera dorénavant au menu, voire la base. Vous pourrez en bénéficier soit via une amélioration des graphismes, soit via un “downscaling” depuis une résolution 4K pour certains jeux.
Mieux encore, le palier fatidique des 60 images par seconde, devrait lui aussi être atteint dans une très grande majorité de titres. Les textures pourront aussi voir leur niveau de post-traitement amélioré pour obtenir des grains d’images plus fins.
- Vous êtes équipé d’un téléviseur 4K. Vous aurez la chance de voir les jeux en plus grand (mais pas en 2160p natif), en plus beau et optimisés avec plusieurs techniques graphiques (que nous aborderons dans un prochain article).
D’ailleurs, il est à noter qu’entre le rendu 4K d’un jeu et son alter ego en 1080p, des différences de méthodes peuvent être choisies par les développeurs, Sony leur laissant le choix des armes.
Précisons enfin que, dans de rares cas, certains jeux seront purement et simplement “upscalés” sans autre forme d’amélioration graphique (Parangon notamment). Cependant Sony assure que la chose ne sera pas commune.
- Le dernier cas de figure touche à l’option HDR. Pour y avoir accès, il faut que vous ayez un téléviseur qui prenne en charge cette technologie et qu’elle soit activée, bien entendu. Et ce pour les anciens comme pour les nouveaux jeux.
Toutes les démos que nous avons vues proposaient, dans leur menu relatif aux graphismes, l’activation du mode. Mais semblent avoir disparu sur les versions finales. Pour certains, le résultat était probant, pour d’autres, le HDR donnait un côté trop artificiel, trop édulcoré.
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