Privé de relations commerciales avec Google, de quelles marges de manœuvre Huawei disposera-t-il à l’avenir dans l’écosystème Android ? Les utilisateurs pourront-ils installer les applications Google de leur propre gré sur le futur système du fournisseur chinois ? Auront-ils accès aux autres applications ? Les réponses ne sont pas évidentes.
Sur le papier, installer soi-même les applications Google sur un firmware Android est possible, mais dans la pratique c’est infaisable. Selon le développeur et hacker Eliott Alderson, certains services et applications Google sont intégrées au niveau du système et doivent donc être compilés avec Android pour fonctionner. C’est notamment le cas de Google Play Services, qui regroupe tout un tas de services et d’interfaces de programmation utiles comme la localisation, l’authentification, le paiement, les publicités, les notifications, etc. Sans ces Play Services, les applications Google ne fonctionneront pas. Et pour un utilisateur lambda, installer à la main les Play Services est trop difficile.
Moreover, some of the Google Services need to be system. In order to be system they need to be compile with the firmware which means an average user can’t do it.
— Baptiste Robert (@fs0c131y) May 20, 2019
De plus, Google n’est pas le seul à utiliser les Play Services dans ses applis. Beaucoup d’autres développeurs en profitent, car ils sont très pratiques. Sans les Play Services, leurs applications pourraient ne plus fonctionner. Cette situation n’est pas bloquante, car il suffit que le développeur adapte son application en remplaçant les services et les API de Google par des alternatives. C’est du travail, mais c’est loin d’être impossible. C’est d’ailleurs ce qui est fait pour les terminaux d’Amazon, qui tournent sous Fire OS et qui ne disposent pas des services et applications de Google. Les API Google Maps, par exemple, sont alors remplacées par les API Amazon Maps.
L’épineux problème de la diffusion des applications
En supposant que Huawei arrive à convaincre les éditeurs d’adapter leurs applications pour qu’elles puissent fonctionner sur un futur Android sans Google, reste à savoir comment les rendre disponibles pour les utilisateurs. A l’instar d’Amazon, le fournisseur chinois pourrait développer sa propre boutique applicative -il en propose déjà une sur ses smartphones en Europe. Mais il est probable que les éditeurs américains n’auraient pas le droit d’y diffuser leurs applications, en raison du décret présidentiel qui interdit toute relation commerciale avec Huawei. Dans une telle boutique, les applications de Facebook, Twitter, Microsoft et consorts ne seraient donc pas représentées.
Evidemment, rien n’empêcherait les éditeurs américains de proposer sur leurs sites web une APK compatible à télécharger. Aucun décret présidentiel américain ne peut, en effet, interdire à un utilisateur d’installer un logiciel sur un smartphone Huawei. Mais au niveau de l’usage quotidien, ce n’est franchement pas idéal. Une autre solution serait que Huawei s’adosse à une boutique tierce de type F-Droid ou APK Mirror. Mais dans ce cas, cela pourrait être problématique pour la sécurité des utilisateurs et donc pour l’image du fournisseur. Sur les boutiques alternatives, en effet, les applications ne sont pas toujours bien vérifiées. Difficile, par ailleurs, de diffuser des applications payantes.
Bref, on voit qu’au niveau des logiciels Android, le décret américain crée un gros problème pour Huawei. Le fournisseur devra non seulement tirer un trait sur les applications et services Google, il devra également batailler pour préserver l’usage de toutes les autres applications, notamment américaines. Ce n’est pas impossible, mais ce sera difficile.
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