Septembre 2000-septembre 2001. Un an après la fin de la croissance boursière des valeurs françaises, le capital-risque se remet de ses frayeurs. Rétrospectivement, l’indicateur de Chausson Finance sur les investissements en nouvelles technologies donne le vertige : du premier au second semestre 2000, ils ont décru de 24 %, passant de 3,4 à 2,6 milliards de francs. La part liée à internet (commerce électronique et contenu) chutant de moitié, de 1,05 à 0,49 milliard de francs. A l’inverse, les secteurs technologiques (logiciels, télécoms, électronique et santé-biotechnologie) affichaient une embellie en fin d’année, représentant 50 % des investissements du secteur. Un an après, où en est-on ? Quels sont les enseignements à tirer ?
Ne pas confondre spéculer et investir
“Il y a eu une dynamique malsaine de surenchère, de hype (bruit marketing) et de réduction des délais pour nouer une affaire“, se rappelle Franck Delorme, directeur associé chez Sofinnova. Plus direct, Eric Harlé, président du directoire d’i-Source Gestion, renvoie la balle à certains confrères : “Ils ont confondu spéculation et investissement. Le marché existait peut-être, mais il n’était pas monétarisé, et nous n’avions pas d’indicateurs fiables sur sa valeur. “La recherche de profits rapides était l’obsession. D’autant que les porteurs de projets poussaient dans cette voie. Des créateurs qui, à l’époque, avaient trouvé chez les analystes des alliés de poids pour proclamer l’avènement d’un nouveau modèle économique. Mais ces derniers ont joué à saute-mouton avec les marchés porteurs : d’abord le B to C (commerce électronique grand public), puis le B to B (commerce interentreprises), ensuite le WAP (Wireless Application Protocol) et l’UMTS (Universal Mobile Telecommunications System), et enfin l’e-content (contenu pour sites web) et le m-commerce (commerce électronique sur mobile).Trop de confiance aurait-elle été accordée à ces études partiales, comme le déplore Eric Harlé ? “ Tout comme les capital-risqueurs, les analystes aussi spéculent. N’oublions pas qu’ils sont payés par les start up, et que, pour apparaître dans leur radar, il suffit de leur commander un livre blanc. ” Promis, juré, l’année 2001 ne reproduira pas ces travers. Les investisseurs français ont d’autres motifs de satisfaction. Le nombre de dossiers de demandes de financement reçus diminue, en effet, mais leur qualité augmente.La net économie s’assagit. Elle fait partie intégrante de l’économie nationale, et le capital-risque spécialisé se structure. I-Source Gestion, qui intervient en amorçage, devrait recevoir mille cinq cents projets en 2001, contre deux mille cinq cents l’an dernier. Tout le monde admet que le temps des ” coups en Bourse ” est bel et bien révolu, mais qu’un risque de casse serait à venir chez les capital-risqueurs. “Le refinancement sera très difficile, car les investisseurs sont revenus à moins de précipitation. Après tout, la Silicon Valley ne s’est pas faite en cinq ans“, prévient Eric Harlé.
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