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Les six promesses de Donald Trump qui ont séduit le monde de la Crypto

Pour gagner le cœur des détenteurs de cryptomonnaies, Donald Trump a multiplié les promesses au cours de la campagne présidentielle. Désormais de retour à la Maison-Blanche, le républicain a fort à faire pour ne pas décevoir les défenseurs du Bitcoin.

Tout au long de sa campagne présidentielle, Donald Trump a tout fait pour séduire les détenteurs de cryptomonnaies. Le rival de Kamala Harris est même apparu sur la scène d’une grande conférence consacrée à la crypto, Bitcoin 2024 à Nashville, pour convaincre de nouveaux électeurs. C’est une grande première pour un candidat au poste suprême.

En adoptant les codes de la communauté crypto, Donald Trump a promis de faire des États-Unis la capitale mondiale du Bitcoin. Le tribun affirmait avoir « un plan pour s’assurer que les États-Unis seront la capitale crypto de la planète et la superpuissance Bitcoin du monde ».

Fraichement élu, le 47ᵉ président des États-Unis va devoir joindre les actes à la parole. En attendant l’investiture de Donald Trump, qui est prévue le 20 janvier 2025, on revient sur les principales promesses du milliardaire en matière de cryptomonnaies.

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Une réserve nationale de bitcoins

Cet été, Donald Trump s’est engagé à constituer une réserve nationale stratégique de bitcoins. Cette réserve doit permettre aux États-Unis d’accumuler jusqu’à un million de bitcoins. Pour mettre sur pied cette réserve, le républicain compte tout simplement conserver tous les bitcoins saisis par les forces de l’ordre dans des opérations contre des criminels. Actuellement, les cryptomonnaies saisies sont régulièrement revendues lors d’enchères, de la même manière que des biens matériels, comme des voitures ou des maisons.

Aux dernières nouvelles, les États-Unis détiennent déjà un total de 195 000 bitcoins, soit près de 15 milliards de dollars au cours actuel. Le trésor de guerre de l’oncle Sam représente approximativement 1 % des BTC en circulation.

Cette proposition ne vient pas de nulle part. C’est l’une des mesures phares du Bitcoin Act, un projet de loi porté par une sénatrice républicaine adepte des cryptomonnaies, Cynthia Lummis. La sénatrice cherche depuis des mois à faire passer une série de propositions visant à renforcer la place des États-Unis dans le monde des cryptoactifs.

Miner tous les bitcoins restants aux États-Unis

En parallèle, Donald Trump veut faire des États-Unis une puissance mondiale du minage de bitcoins. Très ambitieux, le futur président souhaite que tous les bitcoins restants soient minés sur le sol américain en s’appuyant sur des sources d’énergie à bas couts.

« Avec de faibles coûts énergétiques, l’Amérique deviendra la puissance minière Bitcoin incontestée au monde. Vous serez une puissance minière Bitcoin. Vous n’aurez pas à déménager votre famille en Chine », clamait Trump en juillet dernier.

Notez que les États-Unis se sont déjà fait une place de choix dans l’industrie du minage. Exclus de Chine, de nombreux mineurs ont relocalisé leurs machines dans des régions plus accueillantes, comme le Texas. En quelques mois, de nombreuses fermes ont émergé, propulsant les États-Unis au rang de leader mondial du minage avec plus de 30 % de la puissance du réseau Bitcoin, ou hashrate. La promesse de Trump arrive un peu en retard. Néanmoins, le républicain doit pouvoir donner encore plus de souplesse aux fermes de minage qui souhaiteraient s’implanter aux États-Unis.

Par ailleurs, Donald Trump ne peut pas vraiment garantir que tous les BTC restants soient bien minés sur le territoire américain. Le président américain, aussi puissant soit-il, ne peut pas empêcher les fermes de minage de générer des cryptomonnaies dans d’autres pays du monde.

Un comité consultatif présidentiel

Parmi les grandes promesses formulées par Donald Trump, on trouve l’assouplissement du cadre réglementaire autour des cryptoactifs. Le gouvernement de Joe Biden s’est caractérisé par une certaine frilosité à l’égard des cryptodevises. De nombreux élus démocrates ont longuement milité pour que les entreprises du secteur soient plus durement contrôlées. Pour Donald Trump, la politique appliquée par l’administration démocrate trahit une méconnaissance du monde des cryptomonnaies :

« Ils ne le comprennent pas. Ils bloquent votre chemin. […] Pendant trois ans et demi, l’administration actuelle a mené une guerre contre la crypto et le Bitcoin comme personne ne l’a jamais vu auparavant. Pour ceux qui travaillent dans cette industrie, ils ciblent vos banques. Ils étouffent vos services financiers ».

Pour gagner le cœur des investisseurs, Trump s’est engagé à prendre le contrepied de l’administration Biden en mettant un terme aux actions de régulation et en proposant un cadre simple, plus souple et soucieux de promouvoir l’innovation. Pour l’heure, les contours de ce cadre plus accueillant n’ont pas encore été esquissés. On sait juste que la stratégie sera supervisée par un comité consultatif présidentiel.

« Votre gouvernement ne restera plus assis et regardera les emplois et les entreprises Bitcoin fuir vers d’autres pays parce que les lois américaines sont trop peu claires et trop dures et trop en colère et trop rigides », a déclaré Trump durant sa campagne.

Virer Gary Gensler, patron de la SEC

Dans le cadre de cet assouplissement, Donald Trump a promis de s’en prendre à la Securities and Exchange Commission, le régulateur financier des États-Unis. C’est cet organisme de régulation qui a orchestré la plupart des offensives contre les géants de la crypto. La SEC a notamment obligé plusieurs plateformes à revoir leurs offres et services, comme Kraken, Coinbase ou Binance. Sous l’impulsion de la SEC, Binance a été obligé d’enterrer son stablecoin adossé au dollar.

À la tête de la SEC, on trouve Gary Gensler. Farouchement opposé à l’essor des cryptomonnaies, Gensler s’est attiré la haine des détenteurs et des investisseurs ces dernières années. Selon la Blockchain Association, groupe de défense des acteurs crypto, les actions de la SEC ont couté 400 millions de dollars à l’industrie. Le groupe pointe du doigt les « pertes incalculables d’emplois, d’innovation et d’investissements américains » provoqués par la SEC. Trump a donc promis de licencier Gary Gensler et de nommer un nouveau président de la SEC :

« Dès le premier jour, je vais virer Gary Gensler. Je nommerai un nouveau président de la SEC qui croit que l’Amérique devrait construire l’avenir, et non bloquer l’avenir ».

Le mandat de Gary Gensler ne doit pas se terminer avant 2026. Le président des États-Unis est cependant en mesure limoger un dirigeant de la SEC. Pour mettre un terme prématurément au mandat du responsable, Trump devra néanmoins trouver une bonne raison. Il n’est pas possible de licencier Gensler sans mettre en avant un motif valable. La décision doit être justifiée devant les tribunaux. Une foule de règles juridiques encadre en effet le processus. Par ailleurs, Trump devra faire valider le choix d’un nouveau responsable par le Sénat, qui vient de basculer entre les mains des républicains.

En théorie, le nouveau président devrait pouvoir parvenir à évincer Gary Gensler, mais il n’aurait pas forcément à en arriver là. En règle générale, les dirigeants de la SEC démissionnent d’eux-mêmes lorsqu’une nouvelle administration arrive au pouvoir.

Pas de dollar numérique sous le règne de Donald Trump

Une grande partie des détenteurs de cryptomonnaies est opposée à la création d’une version numérique du dollar. Aux yeux de la communauté crypto, la mise en place d’une monnaie numérique de banque centrale va accroitre la surveillance de l’État sur les finances des citoyens. Soucieux de caresser la communauté dans le sens du poil, Donald Trump s’est engagé à ne jamais autoriser l’émission d’un dollar numérique :

« La création d’une monnaie numérique de banque centrale est terminée. Oublie ça. Il n’y aura jamais de monnaie numérique de banque centrale tant que je serai président des États-Unis ».

Libérer Ross Ulbricht, créateur de Silk Road

Enfin, Donald Trump a été jusqu’à promettre la libération de Ross Ulbricht, l’homme qui a fondé le supermarché criminel Silk Road. Reconnu coupable de sept chefs d’accusation en février 2015, il est toujours sous les barreaux. Cette plateforme, uniquement accessible sur le dark web, permettait d’acheter tout et n’importe quoi avec du Bitcoin, comme des armes ou de la drogue.

« Si vous votez pour moi, dès le premier jour, je modifierai la peine de Ross Ulbricht en une peine de prison limitée dans le temps. Il a déjà purgé 11 ans, nous allons le ramener à la maison », a assuré Donald Trump à plusieurs reprises.

Au fil des ans, Ulbricht est devenu un symbole des débuts du Bitcoin et de l’oppression des gouvernements. Le pirate, qui se faisait appeler Dread Pirate Roberts, s’est progressivement érigé en martyr des libertés individuelles. En promettant sa libération anticipée, Trump flatte les nombreux détenteurs de Bitcoin proches de la mouvance libertarienne. Sur le papier, il est d’ailleurs tout fait en mesure de faire libérer Ross Ulbricht. La constitution américaine accorde en effet au président un droit de grâce limité. pour les crimes fédéraux.

130 millions de dollars

Avec ces quelques promesses, Donald Trump a tout fait pour attirer les détenteurs de cryptomonnaies à sa cause. La manœuvre a porté ses fruits. De nombreux grands noms de l’écosystème ont affiché leur soutien au camp républicain. Plusieurs acteurs réputés, comme Jesse Powell de Kraken ou les frères Winklevoss, ont même injecté de petites fortunes dans la campagne de Trump. Au total, l’industrie a dépensé 130 millions de dollars pour financer la course du républicain, rapporte le New York Times. Ils sont d’ailleurs nombreux à avoir félicité Donald Trump pour son comeback. Pour Brian Armstrong, le PDG de Coinbase, la victoire de Trump est aussi « une énorme victoire pour la crypto ».

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Florian Bayard