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Profiter de la délocalisation

Une grande partie de la conception de logiciels et de progiciels sera externalisée vers des pays en voie de développement dans les dix prochaines années. C’est inéluctable. Reste à savoir comment éviter une crise de
l’emploi informatique.

‘ Les SSII connaîtront une délocalisation comparable au textile. ‘ Cette citation un peu alarmiste, on la doit à Paul Hermelin, le directeur général de Cap Gemini, dans une interview à La
Tribune
. Rien de bien nouveau, serait-on tenté de dire. L’informatique offshore, cela fait très longtemps que l’on connaît.Pour diminuer leurs coûts, de nombreuses entreprises font déjà appel à des SSII basées en Inde ou en Russie dans le but de développer telle ou telle partie de leurs progiciels. Voire pour assurer, à distance, la maintenance d’un
parc de serveurs, des serveurs Web par exemple.Mais cela n’a rien à voir avec ce dont parle Paul Hermelin. Car, selon le DG de Cap Gemini, les pays en voie d’industrialisation empocheront une part toujours plus grande de l’ingénierie informatique. Et
d’ajouter, dans Le Figaro cette fois, ‘ La production de codes de masse se délocalisera, seule l’innovation restera en Europe. ‘ Puisque cela semble inéluctable, il ne reste qu’à savoir comment s’y préparer. Pour les entrepreneurs et autres start-uppers en tout genre, il y a là une formidable opportunité économique. C’est
aujourd’hui qu’il faut constituer son réseau de contacts sur place, pour créer demain une société d’ingénierie spécialisée, employant en grande partie du personnel délocalisé. Et ramasser les fruits quand la prédiction de Paul
Hermellin se réalisera.Pour les gouvernements des pays dits industrialisés, le défi est beaucoup plus important. Comment anticiper cette crise majeure que connaîtra l’informatique dans dix ou vingt ans ? En clair, comment éviter une crise
sociale similaire à celle du textile, éviter que des dizaines de milliers d’ingénieurs se retrouvent sur le carreau ?Sûrement pas en cherchant à réduire le coût de la main d’?”uvre en France. On n’y arrivera pas. C’est un fait, c’est comme ça : un ingénieur indien sera toujours moins cher qu’un ingénieur français.
Mais plutôt, si l’on se réfère de nouveau au discours de Paul Hermellin, en adaptant nos formations à ce qui sera notre valeur ajoutée de demain : l’innovation, la recherche, la réactivité.Il faut donc financer la recherche et l’innovation, car l’argent que nos pays investiront aujourd’hui évitera peut-être des chômeurs demain. Car, ne soyons pas naïfs, quand le DG de Cap Gemini se répand dans la
presse pour dire qu’une délocalisation est inévitable, c’est surtout un gros sous-entendu pour ses propres employés…* Rédacteur en chef adjoint de l’Ordinateur Individuel

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Alain Steinmann*