Et si Internet, et plus globalement les nouvelles technologies, n’avaient qu’un impact négligeable sur la productivité des entreprises ? La question enflamme la presse anglo-saxonne depuis la sortie, il y a quelques jours, d’une étude officielle affirmant que la productivité des salariés américains depuis 1999 était finalement largement inférieure à ce que l’on avait prévu.Si l’information était confirmée, cela constituerait alors un véritable pavé dans la mare de l’industrie informatique et des défenseurs de la nouvelle économie.A l’occasion de la publication de son dernier dernier rapport, le bureau américain des statistiques du travail ( Bureau of Labor Statistics) a en effet affirmé que la croissance de la productivité* des salariés américains s’est limitée à 2,6 % pour 1999 et à 3 % en 2000.
Retour sur terre
Selon le New York Times, ces derniers chiffres sont encore très éloignés de la réalité : la productivité n’aurait pas dépassé 2,5 %, voire 2 % de croissance cette année.En particulier parce que ces données officielles ne prennent pas en compte certains phénomènes majeurs de l’économie américaine, comme par exemple l’emploi massif de travailleurs immigrés non déclarés ou encore l’essor des heures supplémentaires dont on ne laisse trace. Pour le New York Times, rien n’aurait en fait changé depuis les années 70.
Problèmes de calculs
A cet égard, la fiabilité des chiffres donnés par les différentes instances statistiques reste encore à affiner. ” Les études macro-économiques sur l’impact des nouvelles technologies sur la productivité n’ont pas encore fait leurs preuves “, constate Jean-François Loué, chargé de mission au Sessi (Service des études et des statistiques industrielles), au ministère des Finances et de l’Industrie.Pour le moment, la simple définition des nouvelles technologies varie d’une étude à l’autre : ” Certaines ne prennent en compte que l’équipement informatique et logiciel, d’autres incluent les services. Pour chaque étude, les résultats sont différents. Nous n’en sommes donc encore qu’aux suppositions
dans nos conclusions “, ajoute-t-il.” D’une manière générale, les nouvelles technologies ont un impact positif sur la productivité au travail “, entonne quant à lui Paul Schreyer, statisticien spécialiste du secteur à l’ OCDE. Il pense d’ailleurs que la révision à la baisse des chiffres américains ne justifie pas la condamnation de l’outil technologique : ” L’explication de la croissance n’est pas monocausale. “
L’âge de raison ?
Une chose est sûre, la croissance existe. Elle est d’ailleurs, selon les propres chiffres de l’OCDE, bien plus importante en Pologne ou en Irlande qu’aux Etats-Unis ou en France. De quoi relativiser l’impact des nouvelles technologies et les discours enflammés puisque la Pologne ou l’Irlande sont en voie de développement.En ce sens, à force de constats et de révisions, industrie et spécialistes finiront peut-être par trouver l’équilibre entre attentes démesurées et déceptions affichées : ordinateurs, systèmes de gestion automatisés, Internet… trouveront alors leur place en tant quoutils utiles et perfectibles pour une amélioration du travail sur le long terme.*Le bureau américain des statistiques du travail définit la productivité comme ” la somme de produits et de services fournis par heure de travail “.
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