La consolidation du secteur des télécoms, qui empoisonne les opérateurs depuis près de deux ans, peut-elle entraîner l’arrêt de la guerre des prix ? Mathématiquement, le fait que le secteur compte moins d’acteurs peut laisser supposer que ces derniers deviennent les maîtres du jeu en étant les seuls à maîtriser leurs coûts, donc leurs prix.
La remontée des prix n’est pas assurée
Mais, certains observateurs expliquent que cela n’est pas si facile. “Le jeu n’est plus, aujourd’hui, de gagner des parts de marché. Si quelques acteurs pensent que la baisse des prix peut se poursuivre, il ne faut pas perdre de vue la réalité, qui est désormais, pour eux, de générer des marges. Certes, le marché s’est consolidé de manière importante ces derniers mois, mais les acteurs qui restent sont toujours en surcapacité par rapport à la demande réelle des utilisateurs”, souligne Jerry Bonte, en charge de l’activité conseil télécoms chez Devoteam Siticom.Pour Henri Tcheng, associé responsable des télécoms chez Business Consulting (ex-Andersen), “la disparition d’acteurs devrait effectivement provoquer une remontée des prix, mais encore faut-il que les grands réseaux, en faillite, soient déconnectés. S’ils sont repris à vil prix par des financiers et gardés en activité, la surcapacité reste d’actualité, et la remontée des prix n’est pas envisageable “.Un flou que se doivent d’éclaircir les opérateurs, notamment Level 3, l’un des derniers grands fournisseurs de bande passante mondial. “Ces six derniers mois ont vu la disparition d’acteurs qui possédaient l’infrastructure et, donc, qui maîtrisaient leurs coûts”, remarquait, en juin dernier, Denis Le Brizault, directeur général de la filiale française de Level 3. Quant à prétendre que les prix seront à la hausse, il n’y croit pas trop, prévoyant plutôt une stabilisation. “Les opérateurs, en particulier les vrais bradeurs de minutes, n’accepteront pas une remontée des prix”, ajoute-t-il.
Le flou persiste
Et qu’adviendra-t-il après la stabilisation ? “C’est très difficile à dire. Les prix ne devraient pas remonter avant le second semestre 2003 et, encore, cela n’est pas sûr, car il faut relancer un marché anémié. Et c’est impossible si les prix augmentent”, explique encore Denis Le Brizault. Mais l’analyse d’un opérateur n’est pas forcément partagée par tous ses homologues. Ainsi, Telia, grand racheteur et déployeur de réseaux en Europe, ne commence-t-il pas à s’endetter avec toutes ses emplettes ? Et si tel était le cas, cet opérateur, ou d’autres, ne serait-il pas tenté de faire remonter les prix pour accroître sa marge ?Ce scénario est prudemment écarté par Jerry Bonte : “Je ne pense pas qu’on se dirige vers une hausse de prix, mais plutôt vers une restructuration plus ordonnée de la politique tarifaire des différents acteurs “. Denis Le Brizault, quant à lui, conclut : “Je ne suis pas sûr que la baisse s’arrête. Cela arrivera peut-être, faute de combattants.” Les derniers chiffres de TeleGeography, organisme effectuant des statistiques dans les télécommunications internationales, laissent pourtant filtrer une légère remontée des prix des liaisons à 155 Mbit/s.
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