Le couple Glenn Greenwald et Edward Snowden continue à ébranler le monde et à démasquer les agissements de la NSA. Les dernières révélations en date, publiées hier, dimanche 8 juillet, dans le quotidien brésilien 0 Globo, tendent à prouver que les services de renseignement des États-Unis ont intercepté des millions de courriers électroniques et d’appels téléphoniques au Brésil.
Dix ans d’espionnage
Le gouvernement brésilien a aussitôt qualifié ces révélations « d’extrêmement graves », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Tovar Nunes, interrogé par l’AFP. Selon l’article co-signé par Glenn Greenwald, reporter au journal britannique The Guardian à l’origine des révélations de Snowden sur le programme ultra-secret de surveillance américain PRISM, et un journaliste du O Globo, « au cours de la dernière décennie, des personnes résidentes ou en transit au Brésil, ainsi que des entreprises installées dans ce pays, ont été espionnées par l’Agence de sécurité nationale américaine » (NSA).
« On ne dispose pas de chiffres exacts mais en janvier dernier, le Brésil avait été un peu moins touché que les Etats-Unis où quelque 2,3 milliards d’appels et de messages avaient été espionnés », ajoute O Globo.
Grâce à Glenn Greenwald qui habite à Rio de Janeiro, le quotidien O Globo précise qu’il a eu accès à divers documents divulgués par Edward Snowden, bloqué depuis plus de deux semaines dans la zone de transit d’un aéroport de Moscou, et qui a reçu des réponses positives à ses demandes d’asile politique de la part du Venezuela, du Nicaragua et de la Bolivie.
Le Brésil, la Chine, la Russie et les autres
Edward Snowden travaillait pour la société Booz Allen Hamilton, sous-traitante de l’agence américaine nationale de la sécurité NSA dans laquelle il a pu avoir accès à un grand nombre d’informations en relation avec le programme américain d’espionnage des communications électroniques et téléphoniques. « Le Brésil, avec ses grands réseaux numériques publics et privés, et ses grands opérateurs de téléphonie et d’internet apparaît, dans les documents de la NSA, comme une base de données privilégiée en matière de télécommunications et d’internet aux côtés de nations comme la Chine, la Russie, l’Iran et le Pakistan », souligne l’article.
Selon ces documents, la NSA récupérait les données brésiliennes et celles d’autres pays à travers des systèmes comme Fairview et X-Keyscore. Avec le X-Keyscore, on peut « retrouver la trace de messages envoyés du Brésil en anglais, russe, arabe ou chinois ainsi que des correspondances redirigées vers d’autres destinations en portugais, russe ou allemand », précise 0 Globo.
On peut ainsi intercepter une recherche en ligne en temps réel dans le système cartographique de Google. Le système Fairview consiste, par exemple, à intercepter des appels téléphoniques. Pour ce faire, la NSA s’associe à un opérateur américain (non identifié à l’heure actuelle) qui a, à son tour, va passer une partenariat commercial avec une société de téléphonie étrangère, ici brésilienne. Ainsi, la NSA bénéficie d’un accès au réseau brésilien. James Clapper, le directeur du renseignement américain, a déclaré à O Globo : « clairement les États-Unis obtiennent des informations des services de renseignement étrangers d’une manière identique et reconnue par tous les pays ».
Echec complet et tendance historique
Une reconnaissance d’un état de fait qui est à la fois surprenante et choquante. Car, comme l’écrit Glenn Greenwald dans un article pour le Guardian, en écho à celui publié dans le quotidien O Globo, le fait que les Etats-Unis espionnent tous les citoyens du monde « a des conséquences profondes. Il érode, si ce n’est élimine, la possibilité d’utiliser Internet en respectant la vie privée ou la sécurité de chacun ». Les Etats-Unis tuent ainsi les valeurs qu’ils prétendent tant défendre. Ces programmes de surveillance confèrent au « gouvernement américain un pouvoir sans limite sur ceux à qui il n’a pas de compte à rendre ».
En ce sens, les programmes PRISM, Fairview et autres sont un constat d’échec, celui d’un pays qui se voulait la plus grande démocratie au monde. Même si, le travers de la surveillance est une vieille tentation, américaine comme européenne. Concernant les Etats-Unis, une chronique publiée dans le New York Times, de vendredi dernier, indiquait qu’en 1862, en pleine guerre de sécession, le président américain Abraham Lincoln avait accordé à son ministre de la guerre, Edwin M. Stanton, l’autorisation d’écouter et d’intercepter tous les messages transitant sur les lignes télégraphiques. Un PRISM à l’échelle du XIXe siècle. Une première entorse aux libertés individuelles…
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Sources :
The Guardian
New York Times
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