L’arnaque a rapporté en tout 200 000 euros, extorqués à plusieurs personnes dans différents pays, dont un retraité vendéen. C’est son affaire qui était jugée, lundi 24 septembre, par le tribunal correctionnel de la Roche-sur-Yon,
et qui a abouti pour la première fois dans l’Hexagone à des condamnations à des peines de prison, pour ce que l’on appelle du spam nigérian.Cinq personnes comparaissaient pour ‘ escroquerie en bande organisée ‘. Deux ont écopé de cinq années de prison ferme, une de trois ans et la quatrième de dix-huit mois avec sursis. Le cinquième
membre a été relaxé. Selon Libération, un sixième membre serait en fuite.L’affaire remonte à 2006. Comme toujours dans ce type d’arnaque dite ‘ nigériane ‘ ou ‘ scam 419 ‘ (1), la bande envoie des e-mails pour demander à des internautes de l’aider à faire
sortir d’un pays africain une mallette contenant 17 millions de dollars. Pour recevoir une belle récompense, ils sont invités à débourser des sommes importantes (jusqu’à 48 000 euros pour l’une des victimes) sous divers
prétextes : soudoyer les douaniers africains, acquérir des documents…
Des sommes demandées pour nettoyer des billets noircis…
Malgré ces arguments surprenants, six internautes (trois Français, deux Hollandais et un Belge) mordent à l’hameçon. Deux consultants hollandais semblent avoir été les plus intéressés, puisqu’ils ont, selon l’AFP, déboursé
jusqu’à 150 000 euros, espérant un bon placement. Le retraité du Bocage vendéen, lui, avait accepté d’envoyer des mandats d’un montant de 8 000 euros pour aider une certaine Safia. L’homme s’est (enfin) mis à douter lorsqu’on lui
a demandé 48 000 euros… pour acheter de quoi nettoyer des billets noircis, afin qu’ils puissent passer plus facilement les frontières. C’est à ce moment-là qu’il a porté plainte.Une enquête de gendarmerie démarre alors, qui permettra, au bout de plusieurs mois, de démanteler ce réseau. Un fait rare, qui explique que l’on assiste aujourd’hui à une première en matière d’arnaque ‘ à la
nigériane ‘. En effet, dans ce genre d’affaires, les malfaiteurs restent anonymes derrière leur messagerie et ne se déplacent pas pour récupérer l’argent. Ils demandent toujours aux internautes d’envoyer des mandats et de
transférer des fonds.Une autre affaire similaire pourrait être jugée dans les prochains mois. En juin dernier, deux personnes ont été arrêtées à Dijon lors d’un rendez-vous organisé avec l’une des victimes. Selon une source policière, les deux
escrocs avaient réussi à envoyer 30 000 euros à leurs complices au Nigeria. Début 2006,
douze escrocs avaient été arrêtés à Amsterdam et Zaandam, aux Pays-Bas, pour avoir détourné l’argent d’internautes américains.Selon le Commissaire principal Yves Crespin, chef de la Brigade d’enquêtes sur les fraudes aux technologies de l’information (Befti), le spam nigérian trouve toujours des victimes, car il joue sur certaines cordes
efficaces, comme ‘ le besoin d’affection ‘ (les e-mails envoyés savent jouer de ce registre) ou ‘ le désir d’argent immédiat ‘. Et il ajoute qu’en général
les victimes ne déposent plainte que dès lors qu’elles ont été flouées de grosses sommes, de l’ordre de 15 000 euros.(1) L’arnaque par envoi massif de courriers n’est pas née avec le Web, et remontent même à très loin dans le passé, jusqu’à l’époque de la Révolution française. Des escrocs nigérians l’ont remise au goût du jour au
XXe siècle. Le courrier électronique a ensuite servi de support évident pour ce genre d’arnaques, dont le Nigéria n’a plus le monopole. On parle de ‘ scam 419 ‘, ces chiffres renvoyant à l’article du
code pénal nigérian qui réprime ce type d’escroquerie.
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