La robotique et l’intelligence artificielle sont les deux battants d’une même porte coupe-feu qui mène droit vers le futur. Que ce soit celui de nos fantasmes les plus sombres ou de nos espoirs les plus lumineux. Mais avant d’en arriver à l’éradication de la race humaine ou au pays des licornes arc-en-ciel, pourquoi ne pas prendre un petit latte ?
400 000 dollars le latte
Des chercheurs de la prestigieuse université de Cornell ont mis en place un programme de recherche pour apprendre à un robot (le génial et très coûteux – 400 000 dollars pièce tout de même – PR2) à non seulement évoluer dans un environnement domestique mais également à savoir utiliser cet environnement.
Pour cela, ils utilisent trois axes principaux : le deep learning, des modèles d’interprétation de langage naturel et un accès à une librairie crowdsourcée d’éléments rendus en 3D sous forme de points (les point clouds). Tout cela, précisons-le, pour faire du PR2 un robobarista, un barman d’un nouveau genre, capable de servir un latte…
Aux mêmes boutons, les mêmes effets
Pour maîtriser un environnement domestique, PR2 doit ainsi apprendre à utiliser un four, un presse agrume ou une machine à expresso – d’où le latte. Mais les chercheurs de Cornell ne se sont pas « embêtés » à programmer leur robot pour qu’il soit capable d’utiliser chacun de ces appareils. Ils sont partis d’une observation très humaine. Tous les appareils ont des points communs : une poignée, un bouton, une trappe, etc. Le but est donc que le robot identifie ces points, grâce à des représentations 3D qu’il compare à la réalité, et retienne leur effet quand on les active – merci le deep learning. Ensuite, quand le robot se trouve face à un bouton similaire ou à une poignée qui ressemble à une autre, il est, d’une certaine manière, capable d’extrapoler ce à quoi ils peuvent servir.
Pour lire la vidéo, cliquez ici.
Comme les chercheurs ne sont pas des brutes sans cœur, ils ont donné à leur PR2 le manuel d’utilisation de leur machine à café. Le même manuel qu’un utilisateur humain pourrait consulter si tant est qu’il s’en donne un jour la peine.
Dès lors, le robot lit le manuel et « comprend » le texte en langage naturel. Il scrute alors la machine, dont il identifie les différents éléments d’interaction cités dans le texte, cherche la manière la plus probable de les manipuler et établit ensuite son plan d’action, seul, sans qu’on l’ait programmé.
Dans le cas de la machine à latte, par exemple, le PR2 ne sait pas comment activer le bouton qui permet de faire tomber la dose de café nécessaire. En revanche, il sait comment utiliser un bouton similaire, celui d’une chasse d’eau – comment il l’a découvert, reste un mystère en l’espèce… Toujours est-il qu’il va alors présumer que la poignée de la machine à expresso fonctionne comme celle des toilettes et va prévoir les mouvements à effectuer.
En avant vers le sens commun ?
Evidemment, pour l’instant, le Robobarista est lent, très lent. Il faut donc aimer son latte froid. Pour autant, cette capacité à apprendre et à projeter le fonctionnement d’un appareil en fonction d’expériences précédentes semble très proche de ce qu’on appelle le sens commun et qui est jusqu’à présent l’apanage des humains. Sens commun qu’on illustre généralement par : « je lâche la tasse que je tiens à la main, que va-t-il se passer ? » Vous connaissez les suites probables et concevez immédiatement plusieurs scénarios selon que le porteur se tient assis, debout, sur du carrelage ou de la moquette… Mais ce qui est automatique pour un humain implique une capacité de projection, cela présume la possibilité d’établir une chaîne causale. Un mur que l’intelligence artificielle n’a pas encore franchi, mais que, semble-t-il, elle commence à escalader…
A lire aussi :
Demain les intelligences artificielles comprendront peut-être ce qu’elles voient – 11/03/2015
Source :
Spectrum
Site de Robobarista
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
