Petit à petit, une nouvelle technologie fait son nid : le Power over Ethernet (PoE), ou Power over LAN. Celle-ci permet de faire converger sur un seul câble la voix, les données et le courant électrique. Discrète, elle bouleverse la face des réseaux. Et semble en passe de se répandre sur le marché : les premiers équipements totalement intégrés et conformes à la norme 802.3af ont en effet été dévoilés par le pionnier en la matière, PowerDsine. Celui-ci a d’ailleurs déjà signé des accords OEM avec de nombreux équipementiers du marché, à savoir 3Com, Alcatel, Avaya, Nortel, Nokia, Ericsson, Siemens, Fujitsu ou encore Proxim, pour l’intégration de la technologie dans leurs futures gammes de produits. Un engouement généralisé en somme, qui s’explique par les atouts de la technologie. Car le PoE est une source d’économies substantielles, puisqu’il simplifie considérablement le réseau. Plus besoin de systèmes de câblage distincts pour alimenter et transmettre les données aux périphériques. Un large champ d’application s’ouvre, et téléphones IP, points d’accès sans fil, webcams, portables, PDA ou terminaux de sécurité pourront bénéficier de cette technologie. “Mais, si l’intérêt est grand pour les équipementiers, il l’est encore plus pour les entreprises. Ce sont finalement nos premiers clients”, déclare Igal Rotem, directeur et cofondateur de PowerDsine. Puisqu’il n’est plus nécessaire de placer des câbles distincts pour l’alimentation et la transmission des données au coeur de l’infrastructure, le Power over Ethernet peut donc réduire les frais d’installation LAN de près de 75 %, souligne la société. La maintenance est, par ailleurs, divisée par deux. Pour l’heure, les entreprises disposant déjà d’un réseau doivent encore investir dans la solution. “Cela leur coûte pour l’instant l’équivalent du prix d’un commutateur. Mais sur le long terme, les économies sont bien réelles”, ajoute Igal Rotem. Autres atouts : d’une part, il n’y a plus de risque de perte des opérations téléphoniques en cas de panne de courant, et d’autre part, les réseaux locaux sans fil peuvent disposer de points d’accès même dans les locaux ne disposant pas de prises électriques. Le 802.3af facilite donc la mise en place d’un tel réseau.
Fournir une alimentation continue
Si de prime abord, le PoE semble simple, il en est autrement en réalité. “Pour que cette technologie ait du succès au sein des entreprises, il est impératif qu’elle ne bouleverse pas les infrastructures en place, et la convergence courant-données ne doit pas endommager ces dernières”, souligne Igal Rotem. En pratique, pour que le réseau Ethernet puisse transporter de la puissance, un module spécifique est indispensable. Cet équipement, baptisé PSE (Power Source Equipement) par PowerDsine, injecte un courant de 48 V dans le réseau Ethernet par les câbles RJ-45 standards de catégorie 3 ou 5. Il permet de détecter également si le terminal connecté est compatible ou non. La plupart des équipementiers metteront en oeuvre la technologie au sein même de leurs équipements, mais une version externe et indépendante restera disponible. Couplés à un onduleur, les concentrateurs peuvent également fournir une alimentation continue aux périphériques réseaux, entraînant là aussi des économies.
En cours de standardisation
S’il semble très novateur, le concept n’est en fait pas entièrement nouveau. Il existe en effet depuis plus de deux ans sous diverses formes propriétaires et s’implante doucement dans les équipements. En mars 2000, Cisco a en effet déjà inséré sa version maison du PoE, baptisée Inline Power (lire encadré), dans ses commutateurs Catalyst. D’autres constructeurs, tel Alcatel, travaillaient sur une solution plus ou moins similaire. Mais un cruel besoin de standard s’est très vite fait sentir. Un groupe de travail associant la majorité des équipementiers du marché a donc été créé au sein de l’IEEE (Institute for Electrical and Electronic Engineers) dans le but de mettre en place la nouvelle norme IEEE 802.3af. Deux ans de travaux assidus et dis-crets ont porté leurs fruits. Le dernier projet en date, le 3.2 est globalement stable. Ce préstandard devrait être validé dans le courant du mois d’octobre, avant sa ratification définitive, d’ici au début de l’année prochaine. En fait, les récents produits de PowerDsine sont les premiers vraiment conformes à la norme. Deux approches sont possibles : un module interne, le PD-IM-7024 (module 24 ports) ou le PD-IM-7148 (48 ports) dédié aux équipementiers qui pourront l’intégrer dans leurs commutateurs Ethernet ou terminaux ; ou bien un module externe (série 6000 avec 1,6,12 ou 24 ports) qui est rajouté aux commutateurs existants (voir schéma). Cette nouvelle série s’adresse aux entreprises qui ont déjà des commutateurs Ethernet ou Fast Ethernet existants, sur un réseau standard de catégorie 5. Mais, dès que le standard sera accepté, il y a fort à parier que ces équipements ne seront plus les seuls disponibles sur le marché. PowerDsine devra en effet compter avec les équipementiers indépendants, voire les fabricants de puces, qui se penchent sérieusement sur la question.
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