La fibre optique, les opérateurs ne se font a priori pas prier pour la déployer dans les 106 communes des zones très denses. Car les retombées commerciales promettent d’y être plus grandes qu’à la campagne. Le pourcentage de locaux à être raccordés s’élevait ainsi en moyenne à 85% dans ces territoires, d’après les chiffres établis par l’Arcep au 31 décembre 2020. Un résultat satisfaisant mais qui masque de grandes disparités.
Si certaines grandes villes, comme Paris, affichent un taux de raccordement envié de 96% tout comme Lyon et ses 95 %, d’autres cités sont à la traîne. La plus en retard est Lille avec seulement 46% de complétude. Clermont-Ferrand est également en retard (55%), ainsi que Rouen (62%), Toulon et Nancy (63%) ou encore Nantes et Caen (69%), et même Marseille (70%).
Elles sont pourtant toutes à la tête de métropoles et donc d’importance politique, économique et culturelle considérable. Certaines sont mêmes des préfectures comme Lille, Nantes, Rouen et Marseille. Elles sont moins bien loties que Saint-Mandé et ses 22 000 habitants dans le Val-de-Marne avec ses 96% de bâtiments éligibles.
Voici le détail que l’Arcep a fourni à 01net.com pour les 106 communes :
Un coup d’œil à l’outil cartographique de l’Arcep permet de visualiser les contrastes. Quand Paris apparaît totalement colorié en violet foncé, Lille reste désespérément en bleu ciel.
Des habitations qui n’ont encore que 8 Mbits/s de débit
Au début du mois de mars, l’Arcep déplorait que la bonne dynamique de déploiement observée au niveau national « ne se traduise toujours pas dans les zones très denses où le rythme insuffisant constaté ces derniers trimestres perdure ».
Sur les 28,6 millions de locaux éligibles au FttH au 31 décembre 2020, 27,7 millions le sont hors des zones très denses. Au final, près de 3 % des zones très denses (ZTD), soit plus de 200 000 locaux, dépendent encore des réseaux hertziens spatiaux pour accéder à un débit de 8 Mbits/s.
Le gendarme des télécoms a calculé qu’il faudrait près de 3 ans pour que la fibre optique soit disponible dans l’ensemble des zones très denses. Mais il n’y a aucune assurance pour que ce délai, même long, soit assuré. Il n’existe en effet pas d’obligation de complétude dans les zones très denses pour les opérateurs. En clair, ils ne sont pas tenus de rendre l’ensemble des locaux raccordables.
Logements individuels et pauvreté
Le problème n’est pas nouveau, mais il a mis du temps à être clairement identifié en raison de la difficulté à comptabiliser le nombre de locaux dont l’évolution est parfois difficile à suivre dans les centres urbains.
En 2019, le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) avait réalisé une petite enquête pour tenter de savoir quelles conditions favorisaient ces poches. Il avait repéré deux facteurs. Il semblerait que ce qui favorise le déploiement FttH, ce sont les logements collectifs. Ils sont effectivement plus faciles, rapides et moins chers à fibrer. Les quartiers qui comptent des habitations individuelles ne seraient donc pas traités en priorité.
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L’autre hypothèse est que les opérateurs déploieraient plus vite dans les communes riches. On peut supposer qu’ils comptent y réaliser un chiffre d’affaires plus intéressant.
Pour cela, l’institut publique a comparé le taux de pauvreté de l’Insee et le taux de couverture FttH. Il a trouvé des corrélations. « Il apparaît clairement que plus les communes sont pauvres, moins les opérateurs ont déployé le réseau FttH dans leur territoire », peut-on lire dans la contribution du Cerema à une consultation de l’Arcep.
C’est peut-être le cas pour certaines villes du département de Seine-Saint-Denis, comme Aubervilliers, Ivry-sur-Seine ou Saint-Denis, toutes en dessous des 73% de locaux raccordables.
Interpellée sur ce sujet par les Sénateurs en audition il y a quelques jours, la présidente de l’Arcep Laure de la Raudière a déploré le problème en appelant les politiques à faire pression.
« Il y a des poches dans les zones très denses qui ne sont pas couvertes. Mais l’Arcep n’a pas vraiment le moyen pour pouvoir agir », a-t-elle expliqué avec une certaine impuissance.
Certaines habitations des zones très denses pourraient donc rester exclues encore quelques années de la fibre optique.
Sources : Cerema, Sénat, Arcep
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