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Pourquoi Spotify pourrait utiliser la technologie à la base du bitcoin

Le leader du streaming musical a racheté la société américaine Mediachain. Cette dernière a mis au point un système de gestion des droits artistiques basé sur la blockchain, la technologie derrière le bitcoin. Cela pourrait permettre à Spotify de résoudre le casse-tête de la gestion des droits musicaux.

Spotify va-t-il utiliser la blockchain pour payer aux artistes leurs royalties ? La dernière acquisition du suédois pourrait le laisser penser. Ce 26 avril, l’équipe de la société Mediachain a annoncé avoir été rachetée par Spotify. Elle travaillera désormais dans les bureaux new-yorkais du champion du streaming musical.

Depuis trois ans maintenant, Mediachain travaille sur un système de base de données dédié aux droits artistiques et entièrement fondé sur la blockchain. Cette technologie de « stockage et de transmission d’informations » est entièrement « transparente et sécurisée », comme l’explique Blockchain France. Mais sa particularité la plus importante est de fonctionner « sans organe central de contrôle ». Le système a été créé en 2008 et constitue l’architecture technique de la monnaie virtuelle bitcoin.

Le casse-tête de la gestion des ayants droit

Mais la blockchain peut tout à fait être déclinée pour d’autres usages. Son système décentralisé est, par exemple, très bien adapté aux bases de données partagées entre différents acteurs. Ainsi, aucun d’entre eux ne centralise le registre et toutes les actions y sont mentionnées, assurant une traçabilité parfaite, sans avoir besoin d’un tiers de confiance.

C’est cette fonctionnalité qui serait pertinente pour Spotify. Gérer les droits des 30 millions de chansons incluses dans le catalogue du service de streaming est un véritable casse-tête. C’est surtout le cas pour les artistes indépendants ou signés sur de petites structures. Ils n’ont, en effet, pas les moyens de gérer cela aussi précisément que les majors qui disposent d’employés dédiés à cette tâche.

Typiquement, les informations concernant les ayants droit d’une chanson peuvent être éclatées entre des bases de données propriétaires, des feuilles de calcul, des contrats ou tout simplement dans des e-mails ; le tout pouvant être réparti dans plusieurs entreprises différentes.

Spotify déjà épinglé sur la gestion des droits

Face à la difficulté de reverser les droits d’écoute aux bonnes personnes, Spotify avait conclu l’an dernier un accord avec la NMPA (National Music Publishers Association), à hauteur de 21 millions de dollars (19,2 millions d’euros). Il avait pour but de payer les droits sur les chansons dont les ayants droit étaient inconnus de Spotify car non renseignés dans ses bases de données.

L’accord prévoyait également que Spotify permette plus facilement aux ayants droit d’une chanson de se signaler pour toucher leurs royalties. Quelques semaines plus tard, la société présentait le système Spotify for Artists pour tenir cet engagement.

Une gestion décentralisée des royalties

L’utilisation de la blockchain irait un cran plus loin. L’aspect décentralisé du système permettrait de mettre sur un pied d’égalité Spotify, les majors, les labels indépendants et les artistes non signés. Tous pourraient accéder à cette base de données commune, de manière transparente.

Grâce à l’horodatage et l’historique, la répartition des droits se ferait alors plus facilement et plus précisément. Le système semble d’ailleurs parfaitement correspondre aux problématiques des sociétés de gestion des droits. Début avril, la SACEM française, l’ASCAP américaine et la PRS For Music britannique annonçaient un projet conjoint d’utilisation de la blockchain.

Et l’identification des droits à reverser ne pourrait être que la première étape. Dans ses travaux, Mediachain avait également conçu le CCCoin, sa propre monnaie virtuelle fondée sur la blockchain. Inspirée du bitcoin, elle est dédiée à la rémunération des artistes sous licence Creative Commons. Reste à savoir si les ayants droit accepteraient d’être payés de la sorte plutôt qu’en monnaie sonnante et trébuchante.

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Jean-Sébastien Zanchi