“Très louche et immoral”, c’est ainsi qu’Elon Muk a qualifié sur Twitter le projet de partager la bande de fréquence 12 GHz entre la 5G et des constellations de satellites en orbite basse aux États-Unis. Il combat avec rage cette idée proposée par les sociétés Dish Network et RS Access et défendue par la coalition “5Gfor12GHz” qui compte plus d’une trentaine de membres.
Their attempt to bait and switch satellite spectrum for cellular spectrum is super shady and unethical.
If they are successful, it would hurt the least served and completely unserved of the world. Very messed up.
— Elon Musk (@elonmusk) June 21, 2022
Cette petite guerre est menée dans le cadre d’une consultation lancée par la FCC (Federal Communications Commission, le gendarme américain des télécoms) sur la façon dont cette fréquence pourrait être mieux utilisée. Les États-Unis ont pour particularité d’avoir déjà attribué du spectre dans cette bande au MVDDS (Multichannel Video and Data Distribution Service). C’est une technologie de diffusion de télévision et d’Internet terrestre sans fil qui prévoyait de desservir des zones mal connectées et rurales. Mais elle n’a finalement pas été utilisée.
Dish Network utilise déjà lui-même du 12 GHz pour faire de la diffusion de télévision par satellite. Mais ce segment décline lentement. C’est la raison pour laquelle il a déployé son propre réseau mobile 5G. Et il aimerait faire modifier son autorisation de licence MVDDS pour enrichir son réseau mobile avec cette bande. Il milite pour faire avancer ce dossier depuis plusieurs années. Quant à RS Access, qui appartient à Michael Dell, la société avait été fondée en 2018 pour acquérir du spectre dans la bande 12 GHz aux États-Unis et l’exploiter également dans le cadre d’une licence MVDDS.
Des interférences et des pannes majeures
Si le PDG de SpaceX réagit si violemment à ce projet, c’est que l’existence même de son service d’accès à Internet par satellite Starlink serait menacée. Il vient de déposer cette semaine une analyse démontant tous les arguments de ses adversaires. Son étude affirme que le service mobile 5G créerait des interférences avec les terminaux de Starlink plus de 77 % du temps et des pannes complètes 74 % du temps.
“Il est difficile d’imaginer un partage entre des stations de base et des terminaux 5G dans un environnement où des paraboles peuvent être sur des toits et des balcons”, nous a effectivement indiqué Eric Fournier, directeur de la planification du spectre et des relations internationales de l’ANFR.
Starlink ne veut pas non plus entendre parler d’une autre bande de fréquence, car le 12 GHz serait indispensable pour assurer des liaisons descendantes sur tout le territoire des États-Unis. La société fait aussi observer que Dish Network n’a pas exploité dans les temps ses licences dans les bandes 700 MHz, AWS-4, AWS H Block, AWS-3 et 600 MHz. Il serait donc risqué , selon lui, de lui en fournir davantage et de bloquer du spectre sans être certain qu’il l’utilise. Toutefois, SpaceX avait été prévenu par la FCC que le 12 GHz pourrait être soumis à modification. Il aurait donc développé son modèle aux Etats-Unis autour de cette bande à ses risques et périls.
SpaceX n’est pas le seul à s’opposer à la coalition. L’opérateur AT&T craint des répercussions pour son propre service de télévision par satellite. Les opérateurs Intelsat, OneWeb et SES y sont également opposés. Google et Microsoft, partenaires de Starlink, ont déposé des avis négatifs auprès de la FCC.
A priori, la France n’est pas concernée par ce débat pour le moment. Mais l’ANFR nous a indiqué que de nouvelles fréquences devraient être identifiées l’année prochaine pour alimenter la future 6G attendue pour 2030. “Les industriels de la 6G souhaitent viser les bandes en-dessous des 15 GHz”, nous a encore indiqué Eric Fournier.
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Source : CNBC