Le développement des assistants numériques est le nouvel espace de concurrence des entreprises high-tech. Et si Apple avait ouvert la voie avec Siri, la firme à la pomme est aujourd’hui en retard, loin derrière Amazon et Google. Le Wall Street Journal (WSJ) a enquêté pour comprendre les raisons de cette situation.
Pas de big data chez Apple
Les facteurs de cet « échec » sont multiples. Pour commencer, le quotidien américain évoque la force des concurrents de la marque à la pomme : Amazon comme Google ont pu profiter de la grande masse de données récoltées par leurs services en ligne pour entraîner leurs assistants personnels. Les deux géants ont également des politiques de respect de la vie privée un peu moins restrictives que celles d’Apple.
De son côté, la firme de Cupertino a plutôt utilisé des données génériques ce qui l’a handicapée, a estimé Jason Douglas, un ancien membre de l’équipe chargée de Siri, interrogé par le WSJ.
Résultat, d’après Stone Temple, un cabinet d’analyses cité dans cette enquête, les capacités de Siri sont inférieures à celles de ses concurrents. Il n’a répondu correctement qu’à 62% des 5 000 questions posées tandis que Google Assistant et Alexa obtenaient des scores de 90%. A l’inverse, il fait mieux que ses rivaux lorsqu’on le sollicite sur les principales fonctions de l’iPhone (requêtes liées à des rendez-vous dans le Calendrier, envoi de messages…) indique une étude de Loup Ventures, un autre cabinet marketing.
Pour d’anciens dirigeants du projet, des observateurs du secteur et des clients de la marque interrogés par le quotidien américain, le retard de Siri est également lié à une perte de la capacité de l’entreprise à innover. Depuis l’arrivée de Tim Cook à la tête de l’entreprise, ajoutent ces personnes, aucun produit exceptionnel n’a vu le jour… alors que sous Steve Jobs, on a vu l’arrivée de l’iPhone, de l’iPod et de l’iPad.
Des choix discutables
En plus de ce blocage, l’enquête du journal américain montre qu’Apple n’a pas forcément toujours choisi les bonnes personnes pour mener le développement de Siri. L’embauche de Bill Stasior, ancien responsable de la recherche au sein d’Amazon dont le domaine d’expertise est plus la recherche que le langage, a fait penser à des membres de l’équipe qu’il n’adhérait pas à l’objectif initialement prévu pour l’assistant intelligent : s’étendre au-delà de l’iPhone. Pour cela, Apple aurait dû créer des outils permettant aux développeurs de l’intégrer dans leurs applis… un pas qui n’a été franchi qu’en 2016, rappelle le quotidien.
Et si lors de la WWDC 2016, Apple a annoncé la mise à la disposition des développeurs de 150 commandes de Siri, en même temps Amazon leur permettaient de créer des commandes personnalisées s’étendant de la commande d’un café au lancement d’une séance de méditation en passant par la vérification d’un compte bancaire… Une restriction qu’Eddy Cue avait justifiée en expliquant qu’Apple avait choisi de n’ouvrir Siri qu’aux applis que les gens utilisaient le plus fréquemment, souligne le WSJ.
De nombreux départs
Dernier facteur cité par d’anciens employés interrogés par le titre américain, les dissensions internes et les nombreux départs qui s’en sont suivis. Ils citent ainsi celui de membres clés de l’équipe, dont les cofondateurs de l’outil, Adam Cheyer et Dag Kittlaus, qui ont créé une société concurrente, Viv Labs, rachetée en 2016 par Samsung.
Et le choix d’une personne sans expertise dans le domaine de la reconnaissance vocale pour diriger les travaux d’amélioration des capacités conversationnelles de Siri a lui aussi entraîné des départs, ont également indiqué des anciens employés au WSJ. Autant de forces vives qui ont forcément manqué au développement de l’assistant personnel.
Source :
Wall Street Journal
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