On murmure que certains journalistes se sont pressés au Show Hello d’Orange ce 12 décembre, persuadés que le FAI présenterait une nouvelle box en réaction à la Freebox Delta lancée par Free la semaine dernière. Pourtant, l’enchaînement si rapproché des deux conférences ne s’est produit que parce que la Freebox Delta a été repoussée à plusieurs reprises. Et Orange n’a jamais eu l’intention de lancer une offre matérielle et commerciale pour répondre à celle de son concurrent.
“Notre n’avons pas besoin aujourd’hui de renouveler notre box dernière génération sortie il y a deux ans. Elle reste très performante et capable de s’adapter à l’intégration de nouveaux défis numériques et de services comme ceux annoncés aujourd’hui”, nous explique, sereine, la PDG d’Orange France Fabienne Dulac.
Assistant vocal, domotique, télésurveillance
Au rayon des nouveautés, il y a d’abord l’enceinte connectée Djingo qui coûtera 49 euros aux abonnés et 149 euros aux autres utilisateurs. Avec cet équipement, Orange veut proposer une nouvelle manière d’interagir avec son propre écosystème en offrant la possibilité, par exemple, de passer des appels via l’enceinte ou de commander sa box à la voix. Mais le FAI ouvre également la porte à des partenaires du type Oui.Sncf ou Météo France.
#ShowHello #Djingo est un nouvelle façon d’entrer en relation avec un écosystème de services. Ravie d’annoncer aujourd’hui un partenariat avec @Amazon, qui permettra à deux #IA, #Djingo et #Alexa, de coopérer. pic.twitter.com/Vy5GSp3K0x
— Mari-Noëlle Jégo-L (@mno_jl) December 12, 2018
Deux autres services seront lancés avant le printemps prochain. Le premier est gratuit et s’appelle Maison connectée. Il sera accessible aux trois millions de possesseurs de la dernière Livebox 4. Il s’agit d’une solution permettant d’appairer automatiquement des objets connectés (éclairage, chauffage, etc..) à sa box et de les monitorer depuis une application mobile. Elle est notamment compatible avec tous les produits de la marque Orange mais aussi Bosh, Netatmo, D-Link et Philips Hue.
L’application proposera des recommandations pour optimiser sa consommation d’énergie et automatiser des actions quotidiennes. On imagine qu’il s’agit là de créer des routines. Il sera aussi possible de commander ces objets via Djingo ou l’interface de sa télévision.
A côté de Maison Connectée, Orange lancera Maison protégée. Cette-fois, le service sera payant. C’est une offre de télé-surveillance pour sécuriser son foyer qui a été élaborée avec Groupama. Elle déclenchera une intervention à domicile en cas de détection d’une intrusion par un centre de télésurveillance. Plus tard, en 2019, Orange déploiera aussi une solution pour évaluer la sécurité de son réseau domestique. Elle sera directement intégrée à l’actuelle application My Livebox et accessible via une mise à jour logicielle, là encore pour les seuls détenteurs de la Livebox 4.
Les opérateurs deviennent des fournisseurs de services
Un assistant vocal, de la domotique, une solution de télésurveillance, de la sécurité informatique, cela ne vous rappelle rien ? Ce sont précisément des services proposés par Free et son offre Freebox Delta.
Les opérateurs nationaux voient leur pouvoir et leur modèle économique menacés par les GAFAM qui ont réussi à créer un lien direct avec le public. Les contenus et boîtiers multimédias de ces géants mondiaux rivalisent avec les traditionnelles box TV. Leurs services comme les messageries instantanées empiètent sur les moyens de communication classiques type SMS ou appels téléphoniques. Or, les FAI ne peuvent se cantonner à devenir de simples pourvoyeurs d’accès à Internet. Ils cherchent donc de nouvelles voies pour fidéliser leurs clients et diversifier leurs revenus. D’où cette inflexion nouvelle consistant à se poser comme de véritables fournisseurs de services. “Orange devient un opérateur multi-service et se positionne pour amener de l’intelligence artificielle et des objets connectés au plus grand nombre dans une logique d’être utile et simple”, a tenu ainsi à nous préciser Fabienne Dulac.
Si Free et Orange se rejoignent sur cette tendance, leur stratégie est diamétralement opposée. Quand le premier a fait le choix novateur et radical de vendre sa Freebox Player, tout en proposant un package haut de gamme, pointu technologiquement et clef en main à ses abonnés, Orange veut rester sur une location de box, un système de services à la carte et des solutions plus simples.
Une différence d’approche qui explique que le patron du groupe Orange Stéphane Richard se soit moqué de la Freebox Delta en ouverture du Show Hello. “On reçoit bien OCS, Netflix et Canal depuis longtemps sur la box d’Orange ? On n’a pas besoin de nouvelle box pour ça ?” a-t-il demandé à une collaboratrice sur un ton faussement naïf.
“Notre histoire n’est pas la même que celle de Free, ni notre cible. Nous devons rester accessible au plus grand nombre et servir les usages quotidiens des familles”, ajoute encore Fabienne Dulac.
A la question de savoir si Orange ne va pas se faire dépasser technologiquement par Free qui propose le 10 Gbit/s et une solution hybride mixant ADSL et 4G, l’opérateur historique reste droit dans ses bottes. “Nous nous focalisons pour le moment sur le Wi-Fi qui reste le mode de connexion majoritaire à la maison et le plus adapté au grand public, tandis que la technologie 10 Gbit/s sera accessible à une minorité d’utilisateurs. Nous allons continuer à améliorer les performances du Wi-Fi tout en continuant à faire évoluer nos réseaux fixes”, promet la PDG d’Orange France.
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