Diaspora, Ello, Gab.ai, Identi.ca : qui se souvient encore de ces réseaux sociaux ? A leur sortie, ils avaient pourtant tous été vus comme des alternatives sérieuses et salvatrices à la domination de Twitter et Facebook. Aujourd’hui, ils sont au mieux confidentiels, au pire disparus.
Et si c’était le cas de Mastodon ? Ce réseau social connaît depuis quelques jours un réel engouement. D’apparence très ressemblant à TweetDeck – la solution que Twitter réserve aux professionnels ou aux utilisateurs avertis – ce service a vu bondir son nombre d’utilisateurs de 73 % en 48 heures, d’après The Verge.
Même le groupe américain de metal Mastodon, dont le nom du réseau social a été tiré, s’en amuse sur Twitter
https://twitter.com/mastodonmusic/status/849424628401541121
Au point que le serveur principal, qui compte désormais 41 703 utilisateurs, a dû être fermé à toute nouvelle inscription. Mais ceux qui veulent tout de même s’y inscrire peuvent utiliser une autre instance, c’est-à-dire un autre serveur sur lequel le service a également été installé.
Un réseau libre, non contrôlé et décentralisé
Là réside en effet toute l’ingéniosité de Mastodon : n’importe qui peut utiliser son code source pour créer sa propre communauté. Elle peut être ouverte à tous ou réservée aux seules personnes autorisées. Une souplesse incroyable et louable dont la philosophie a d’abord attiré les fervents défenseurs du logiciel libre.
C’est en effet le positionnement pris par Eugen Rochko, l’Allemand à l’origine de Mastodon. Le 3 mars dernier il expliquait dans un billet publié sur Medium que sa solution avait appris des erreurs de Twitter. C’est cette publication qui a déclenché l’engouement vers ce réseau social, pourtant ouvert il y a six mois.
Réservé aux utilisateurs avertis
Malheureusement, lorsqu’on veut utiliser Mastodon, c’est rapidement la douche froide. Le serveur principal, où se trouve le plus grand nombre d’utilisateurs étant désormais clos aux inscription, il faut choisir une instance alternative sur laquelle il y aura forcément moins de monde. Fâcheux pour un réseau social. Il est toutefois possible de suivre le compte d’une personne inscrite sur une autre instance que la sienne via une fonctionnalité baptisée « remote follow ». Reste que le processus nécessite plusieurs étapes qu’il faut répéter à chaque fois.
On constate aussi de nombreux problèmes techniques (erreurs 500, messages qui parviennent en retard) qui plombent l’expérience. Et s’il existe déjà de nombreuses instances, on est évidemment soumis au bon vouloir de celui qui a mis en place le serveur : s’il tombe, votre accès tombe aussi.
Il paraît donc difficile pour l’instant que l’engouement autour de Mastodon touche le grand public. Sans être un utilisateur averti, l’inscription via les instances et le « remote follow » pour jeter des ponts entre elles est difficile à appréhender. Malgré ses immenses défauts, Twitter risque donc bien de dominer encore longtemps le micro-blogging.
Mastodon pourrait en revanche se positionner sur des niches, par exemple en dédiant chaque instance à un sujet précis rassemblant une communauté d’utilisateurs voulant échanger sur celui-ci. Son évolution sera de toute manière intéressante à suivre, ne serait-ce que pour savoir si l’avenir de Mastodon sera comparable à celui de ses prédécesseurs.
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