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Pourquoi Nvidia serait sur le point d’être poursuivi par l’autorité de la concurrence française

Nvidia, le géant américain des processeurs, serait bientôt visé par l’autorité de la concurrence pour pratiques anti-concurrentielles. Si l’information n’a pas été confirmée par Nvidia et l’autorité française, cela n’aurait rien de surprenant. Voici pourquoi.

Nvidia, le champion des semi-conducteurs, serait sur le point d’être visé par une enquête officielle de l’Autorité de la concurrence française : c’est ce que rapporte Reuters, mardi 2 juillet, citant « des personnes non identifiées ayant une connaissance directe de l’affaire ». Contactés par 01net.com, ni le géant américain des processeurs, ni le gendarme français de la concurrence n’ont souhaité commenter cette information. L’année dernière, les locaux français du fabricant américain avaient été perquisitionnés dans le cadre d’une enquête visant les pratiques anticoncurrentielles du secteur du « cloud computing », l’informatique en nuage, expliquent nos confrères.

L’entreprise américaine, devenue le maillon indispensable dans la course à l’IA, est dans le collimateur des autorités antitrust européenne, américaine, chinoise et britannique depuis plusieurs mois. Et cela n’a rien de surprenant : le fabricant est le grand gagnant du boom de l’IA en devenant le principal fournisseur de GPU (pour « Graphics Processing Unit »). Pour fonctionner, l’IA nécessite d’énormes quantités de ces processeurs graphiques actuellement conçus par Nvidia, et fabriqués par TSMC, le géant taïwanais.

Nvidia étoufferait la concurrence loyale, selon Bruno Le Maire

Bien que d’autres sociétés soient présentes sur ce marché comme AMD, Intel et Cerebras, l’entreprise fournirait la majorité des puces destinées à l’IA. Ses A100 et H100 permettent aujourd’hui d’entraîner les IA génératives comme ChatGPT et ses concurrents. Le géant américain aurait également investi massivement dans des fournisseurs de services en nuage axés sur l’IA, tels que CoreWeave.

Ce mélange des genres et cette hégémonie sont loin d’être passés inaperçus. En novembre dernier, Bruno Le Maire s’exprimait à ce sujet, lors du Sommet sur la sécurité de l’IA à Bletchley Park (Royaume-Uni). Le ministre de l’Économie estimait que la position dominante de Nvidia entraînait des « inégalités croissantes » entre les pays, en plus d’étouffer la concurrence loyale, rapportait Bloomberg.

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S’il n’est pas interdit à une société d’être en position dominante sur un marché donné, cette dernière ne doit pas « abuser » de sa position en imposant par exemple des prix excessifs ou des conditions contractuelles inéquitables, en fermant le marché à concurrence, ou encore en ne laissant à ses rivaux que des miettes. L’autorité de la concurrence française, qui n’a donc pas officiellement confirmé l’existence de poursuites imminentes, évoquait justement ce type d’abus quelques jours plus tôt.

Vendredi dernier, elle publiait un rapport sur la concurrence dans le domaine de l’IA générative, et se penchait spécifiquement sur la situation des fournisseurs de puces. Dans le texte, le régulateur français mentionnait Nvidia et notait la dépendance du secteur à l’égard de son logiciel de programmation de puces CUDA. Le software est le seul système compatible à 100 % avec les GPU qui sont devenus essentiels pour l’accélération des calculs, écrit-elle. Si les poursuites se confirment, et que Nvidia viole bien les règles du droit de la concurrence françaises, l’entreprise risque une amende salée, pouvant aller jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires annuel mondial.

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Source : Reuters


Stéphanie Bascou
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