Meta, la maison mère de Facebook, d’Instagram et de WhatsApp, est aussi en quête d’électricité, comme d’autres géants du numérique. Dans un communiqué du mardi 3 décembre, l’entreprise américaine, qui a développé Llama, un modèle présenté comme open source, explique être à la recherche de « développeurs d’énergie nucléaire ». Le groupe de Mark Zuckerberg vient de lancer un appel d’offres et attend des propositions jusqu’en février 2025.
L’entreprise américaine cherche à atteindre ses objectifs en matière d’environnement et d’intelligence artificielle (IA) – un secteur qui nécessite d’immenses quantités d’électricité. Selon l’Agence internationale de l’énergie, une requête sur un outil d’IA générative comme ChatGPT nécessiterait dix fois plus d’électricité qu’une recherche classique sur Google. Or, l’énergie nucléaire serait le moyen de répondre à ces besoins exponentiels, dans un contexte où la demande d’électricité va exploser.
Des obstacles attendus
« Chez Meta, nous pensons que l’énergie nucléaire jouera un rôle essentiel dans la transition vers un réseau électrique plus propre, plus fiable et plus diversifié », déclare la société dans son communiqué. Concrètement, le géant des plateformes souhaite qu’à compter de 2030, il puisse ajouter des capacités de production nucléaire aux États-Unis allant de 1 à 4 gigawatts.
Plusieurs options seraient sur la table : la mise en place de petits réacteurs modulaires (une technologie encore en développement aujourd’hui), ou des réacteurs nucléaires plus classiques, similaires à la flotte existante dans le pays.
Mais pour Reuters, le groupe devra surmonter plusieurs obstacles : les lenteurs administratives observées dans le pays, avec une Commission de la réglementation nucléaire américaine surchargée…. Mais aussi un approvisionnement en combustible d’uranium qui pourrait se compliquer, et l’opposition des populations locales, listent nos confrères.
La course à l’IA… une course à l’électricité ?
Meta rejoint donc le groupe des géants du numérique qui cherchent de nouveaux moyens de production d’électricité, afin d’alimenter les immenses centres de données nécessaires au fonctionnement des outils d’IA générative, comme ChatGPT. Selon l’Agence internationale de l’énergie, les besoins en électricité de l’IA et des cryptomonnaies devraient atteindre entre 620 térawattheures (TWh) et 1 050 TWh en 2026, contre 460 TWh en 2022. Dans le pays, la demande de consommation électrique des data centers devrait tripler entre 2023 et 2030, selon des estimations de Goldman Sachs, citées par Reuters.
En mars dernier, Amazon avait le premier lancé les hostilités : le géant de l’e-commerce expliquait avoir racheté un centre de données fonctionnant à l’énergie nucléaire en Pennsylvanie. Amazon a ensuite été suivi par Microsoft, qui a annoncé, en septembre dernier, avoir redémarré l’unité 1 de la centrale de Three Mile Island en Pennsylvanie, fermée depuis 2019. C’est enfin Google qui, un mois plus tard, a déclaré qu’il allait acheter de l’énergie nucléaire à la start-up américaine Kairos Power.
Les géants de l’IA et du numérique investissent aussi dans des entreprises qui étudient des technologies en développement dans le secteur du nucléaire, à l’image des miniréacteurs ou « SMR », le nouveau Graal de la Silicon Valley. Sam Altman, à la tête d’OpenAI (ChatGPT) a ainsi investi dans Oklo, pendant que Bill Gates, le fondateur de Microsoft, a misé sur Terra Power.
Tous cherchent à ne pas avoir à limiter leur consommation d’électricité. De quoi constituer « une fuite en avant » pour des associations qui promeuvent la transition énergique. Cela démontre « une incapacité à renoncer à l’abondance, voire à l’ébriété énergétique », regrette Yves Marignac, expert auprès de l’autorité de sûreté nucléaire en France et membre de NégaWatt, qui était interrogé par RTS.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.