Qu’est-ce que les PC Asus ROG Zephyrus G14, G15 et TUF 566IV ont tous en commun ? Ils sont équipés de processeurs AMD Ryzen 4000H, nom de code Renoir, et d’une carte graphique Nvidia GTX 16 ou RTX 20 suivant les références. Au mieux, c’est une RTX 2060 Super (Max-Q ou classique) qui se charge d’afficher les textures sur l’écran Full HD (rarement 4K).
Ne vous méprenez pas, c’est une bonne puce 3D, bien adaptée au jeu en Full HD et capable de faire tourner beaucoup de titres. Et son arsenal de talents lui permet aussi d’afficher tout un tas d’effets graphiques comme le fameux ray tracing, l’une des nouvelles marottes de l’industrie des jeux vidéo.
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Une question de rapport performance-prix ?
Une RTX 2060, un point c’est tout. Vous aurez beau éplucher le catalogue d’Asus mais aussi d’autres marques versées dans l’art de la création de machines de jeux, vous ne trouverez pas de PC avec un Ryzen 4000H et une RTX 2070, par exemple. Pourquoi ? Nous avons repris la longue présentation technique à laquelle AMD nous avait conviée au lancement. Rien, et pourtant, il y avait de la matière !
Nous avons posé la question à certains de nos contacts chez les fabricants de PC mais aucun n’était en mesure de nous justifier ce fait autrement que par un argument purement commercial, de positionnement prix ou de rapport performance-équipement-prix.
Chou blanc également pour trouver une réponse ou un diagramme technique sur le site d’AMD. La seule information relative au PCI-Express qui se trouve sur les fiches techniques de processeurs, c’est la version comme le montre l’image ci-dessous.
Il semble toutefois que ces arguments et ces recherches infructueuses n’aient pas entamé l’envie de comprendre du journaliste et propriétaire du site Igor’s Lab.
Il a fait jouer bon nombre de ses relations, à tel point qu’il est parvenu à se procurer plusieurs documents techniques confidentiels qu’il s’est empressé d’analyser, commenter et publier et qui nous ont fourni une réponse à notre question.
AMD Ryzen 4000H : des processeurs aux petits tuyaux
Comme souvent en informatique, ce sont les canaux de circulation d’informations qui sont la source de cette situation.
Selon le diagramme ci-dessous, les SoC Renoir – ou AMD Ryzen 5, 7 et 9 pour PC portables – utilisent bien le protocole PCI-Express 3.0 pour dialoguer avec la carte graphique, comme c’est l’usage depuis un moment et en passe de changer, avec l’arrivée du PCI-Express 4.0.
Mais ils ne l’utilisent pas à sa pleine vitesse. Au lieu de dialoguer en 16x avec le GPU comme c’est l’usage, le CPU Ryzen ne peut communiquer qu’en 8x maximum, 4x minimum. C’est ce que montre explicitement la première indication en partant du haut, sur la colonne de droite.
Une vitesse qui est, selon plusieurs spécialistes, dont notre confrère, suffisante pour gérer les débits de données échangées entre le CPU et un GPU de RTX 2060 Super… mais qui serait une vraie limite si une RTX 2080 était associée à un Ryzen 9 4900H, par exemple. Le tuyau d’échange serait très rapidement encombré voire saturé ce qui provoquerait des baisses de performances assez ennuyeuses et des joueurs, forts mécontents.
Après avoir testé les trois PC portables Asus mentionnés en introduction, tous équipés en Ryzen 4000H et RTX 2060, nous devons reconnaître que l’alchimie fonctionne parfaitement. Les performances sont au rendez-vous, les jeux gourmands et dernièrement sortis se sont révélés jouables dans de très bonnes conditions. Ce sont des plates-formes bien équilibrées, agréables à utiliser pour le jeu et pour tout le reste et leur prix est, somme toute, raisonnable.
Une limitation justifiée qui aurait dû être expliquée
Pourquoi AMD a-t-il été contraint de recourir à une telle limitation ? L’argument de la consommation est la première hypothèse viable. AMD a sans doute dû faire des compromis à bien des niveaux pour éviter que les puces Ryzen pour PC portables ne se transforment en véritables ogres affamés de watts.
Il fallait concevoir une puce puissante, performante, pas trop énergivore et abordable afin de reconquérir le marché des PC portables pour joueurs, un marché sur lequel AMD brillait par son absence depuis des lustres.
Sur le plan technique maintenant, si l’architecture de votre processeur proposent de multiples canaux de transfert et qu’ils fonctionnent tous à plein, les cœurs vont les utiliser. Et donc avoir besoin d’énergie pour faire transiter les informations traitées ou à traiter.
Par effet de bords, avoir de gros canaux d’approvisionnement très rapides va donc favoriser une augmentation de la consommation de la puce. Et qui dit activité soutenue, dit calories, ce qui nous amène à notre second hypothèse de réflexion : la contrainte thermique.
Un PC portable est, par définition, plus difficile à refroidir qu’un PC de bureau puisque l’espace interne y est plus restreint. Les dispositifs de dissipation sont donc conçus au mieux et incarnent bien souvent de petits chefs d’œuvre d’ingénierie.
Pour éviter que la chauffe ne soit trop importante, autant faire en sorte de limiter un peu la catégorie du GPU (milieu de gamme+) que l’on peut associer à un processeur qui, lui-même, voit quelques-uns de ses composants dimensionnés au plus juste.
Ce choix, bien expliqué, aurait pu être un solide argument différenciant face aux solutions Intel (qui propose du 16x), un bon moyen de justifier le prix très agressif des machines et, surtout, un bon moyen d’aider le consommateur à choisir une machine adaptée à ses besoins en fonction de son budget.
Il est un peu dommage qu’AMD n’ait pas joué carte sur table dès la présentation des Ryzen 4000H et n’ait pas fait de cette limitation de vitesse une force plutôt que de la passer sous silence et qu’elle puisse apparaître, maintenant, comme une faiblesse ou une volonté de flouer le consommateur final.
Source : Igor’s LAB
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