Les mains crispées sur l’accoudoir, prêt à bondir et à s’embrasser, comme un soir de match à deux minutes de la victoire, on attendait de voir si Apple allait établir un nouvel étalon de la longévité du support logiciel.
La fin d’une longue course…
Les iPhone 6s, lancés en 2015, étaient sur le point de rempiler sur le trône dans le rôle du doyen du petit monde des smartphones. L’année dernière encore, au moment de passer la barre d’iOS 15, ils avaient fait bonne figure, la frôlant sans la faire bouger, et on se disait qu’Apple allait montrer au monde qu’un smartphone peut profiter d’une mise à jour majeure d’un système d’exploitation sept ans après son arrivée.
Il faudra remettre les perruques bigarrées au placard, ranger le champagne : l’iPhone 6s n’est pas compatible avec iOS 16. Il restera donc à tout jamais sous iOS 15, même si chez Apple on prend bien la peine de préciser que les mises à jour de sécurité continueront d’être appliquées avec attention.
Mais il est intéressant de noter également que l’iPhone 7, pourtant un peu plus jeune, est également forfait. Pour pouvoir bénéficier d’iOS 16, il faudra au moins posséder un iPhone 8. L’iPhone SE de deuxième génération est également du bon côté de la barrière.
Un choix motivé par l’« intelligence »
Comment expliquer cette décision ? Se justifie-t-elle par la seule inquiétude de garantir une expérience utilisateur d’un bon niveau et digne de ces smartphones premium ? Oui, sans doute. Mais on peut aussi voir dans le choix de l’iPhone 8 une décision technologiquement réfléchie, qui colle parfaitement à une réalité qui va croissante dans iOS : le recours à des fonctions reposant sur le machine learning.
Texte en direct, introduit l’an dernier et qui permet de reconnaître du texte dans une image et désormais dans une vidéo, repose sur ce genre d’algorithmes. Les fonctions photographiques les plus impressionnantes ces dernières années dans les iPhone s’appuient aussi lourdement sur la reconnaissance faciale, l’analyse de la profondeur de champ d’un environnement, etc. Sans elles, pas de mode cinématique, pas de mode portrait, pas de photographie computationnelle… Pas de petit chien détouré à la volée pour que sa photo soit intégrée ensuite dans une conversation Messages, comme on a pu le voir pendant la Keynote d’ouverture de la WWDC. Pas de partage intelligent de vos photos avec les membres de la famille qui figurent sur les clichés, etc. On pourrait presque dire, sans elle, pas d’iOS moderne.
Depuis quelques années, Apple construit un ensemble de fonctions incontournables à l’expérience utilisateur, qui différencient l’iPhone de la concurrence ou qui garantissent une fluidité d’usages. Et, cette petite révolution n’a été rendue possible que par l’intégration dans les SoC Axx d’une puce dédiée à ce genre de calculs, qu’Apple appelle le Neural engine.
Or, le premier Neural engine, conçu par les équipes du géant de Cupertino – avec une modestie certaine, et une volonté de voir ce que cela allait donner, selon ce qui nous avait été confié à l’époque – fait son apparition dans une puce, l’A11 Bionic. Un SoC qui a fait son entrée dans le monde en prenant place… dans l’iPhone 8, 8 Plus et l’iPhone X.
Pas étonnant, dès lors, qu’au moment de tracer dans le sable de l’arène la limite de support de ses iPhone pour iOS 16, la frontière soit passée par ces modèles-ci. À l’heure où la puce dédiée aux calculs d’intelligence artificielle est de plus en plus sollicitée, difficile de trouver un équilibre fonctionnel satisfaisant en maintenant dans la course des smartphones qui n’ont pas ce qu’il faut pour tenir la route. Toutefois, Apple ne les a pas abandonnés lâchement, ils ont eu une belle vie. Une vie record.
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