En 2021, Amazon a émis 18 % de gaz à effets de serre en plus que l’année précédente. Et presque 40 % de plus qu’en 2019. C’est le triste constat effectué… par le géant du e-commerce même, dans son rapport annuel sur le développement durable.
Un document particulièrement instructif, qui avance un total de 71,54 millions de tonnes métriques d’équivalent CO2 envoyées dans l’atmosphère en un an. Soit l’équivalent des émissions d’environ 15,5 millions de voitures à essence en une année, d’après l’agence de protection de l’environnement américaine.
Il est aussi intéressant de comparer ce chiffre à celui d’autres entreprises géantes de la tech, qui, à l’image d’Amazon, publient chaque année des rapports similaires. Ainsi, une société comme Google n’a émis « que » 11,3 millions de tonnes de CO2 en 2021, et Apple, 22,5 millions de tonnes. On comprend cependant aisément les différences entre ces trois firmes. Les activités de Google, en grande partie immatérielles, sont forcément moins polluantes que celles d’Apple, qui fabrique et charrie des centaines de millions de produits chaque année de par le Monde. Et évidemment d’Amazon, dont l’activité de commerce en ligne repose sur l’acheminement rapide de dizaines de milliers de colis.
La faute au Covid-19
Cette hausse de 40 % de ses émissions en deux ans, Amazon l’explique dans le rapport : le Covid-19 est passé par là, et a eu à la fois un énorme impact sur son activité de commerce en ligne et de cloud.
« Nous avons développé notre activité à un rythme sans précédent pour répondre aux besoins de nos clients au cours de la pandémie. De début 2020 à fin 2021, nous avons créé plus de 750 000 emplois à temps plein et à temps partiel dans le monde et doublé la taille du réseau de distribution que nous avions construit au cours des 25 dernières années » peut-on lire dans le rapport. Qui rappelle aussi que le virus a incité de nombreuses entreprises à passer à Amazon Web Services, dont le chiffre d’affaires à grimpé de 37 % l’année dernière.
Résultat : une explosion de 46 % des émissions liées à la construction et l’équipement de bâtiments (entrepôts, data centers…) mais aussi de l’usage des énergies fossiles (21 % en plus).
Des émissions en hausse, une intensité carbone en baisse
Reste qu’un bilan annuel de 71,54 millions de tonnes d’équivalent CO2, plus de deux fois les émissions d’un pays comme la Suède, ça fait tout de même un peu tâche. À tel point qu’Amazon met en avant une tout autre métrique que ses émissions brutes. L’entreprise préfère en effet évoquer son « intensité carbone » qui a, en effet, baissé d’1,9 % en 2021.
Intensité carbone, késaco ? Dans le cas d’Amazon, cette indicateur « mesure les émissions totales de dioxyde de carbone, en grammes de CO2e (équivalent en CO2), par dollar de ventes brutes de marchandises (GMS) ». Autrement dit, la multinationale considère que la hausse nette de ses émissions doit être tempérée par la croissance exceptionnelle qu’elle a connue durant les années Covid. Et se justifie d’ailleurs dans le rapport : « Quand les entreprises investissent dans de nouveaux produits et services et que leur activité se développe substantiellement, l’accent ne devrait pas être mis uniquement sur les émissions absolues de carbone, mais également sur la réduction de l’intensité carbone. A terme, une diminution continue de l’intensité carbone peut entraîner une baisse des émissions absolues. »
On vous laissera juge de la pertinence de cet indicateur, qui jauge les performances écologiques d’une entreprise à l’aune de sa croissance économique. Toujours est-il qu’Amazon a toujours pour ambition d’atteindre la neutralité carbone en 2040, et a lancé plusieurs initiatives pour cela : électrifier sa flotte de véhicules de livraison, construire des immeubles moins polluants, s’approvisionner en énergies renouvelables…
Mission impossible ? L’entreprise le reconnaît, les « défis auxquels nous devons faire face collectivement pour atteindre la neutralité carbone sont considérables. De nombreuses nouvelles technologies sont prometteuses dans leur capacité à réduire les émissions, mais nécessitent encore des évolutions importantes. Nous devons à la fois inventer de nouvelles solutions, les mettre à l’échelle, et faire baisser le coût des solutions connues ».
Vaste programme pour le plus polluant des GAFAM. Surtout quand on sait que, dans le calcul de ces 71,54 millions de tonnes, Amazon omet une donnée essentielle : l’impact climatique de la fabrication et de l’usage des centaines de milliers de produits qu’il vend. Car la firme de Jeff Bezos n’inclut dans son calcul que les émissions des produits qu’elle commercialise sous ses propres marques. Or ceux-ci ne représenteraient qu’un pourcent de ses ventes totales !
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Source : Rapport d'Amazon