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Pourquoi le nouvel iPad Pro ne remplacera (toujours) pas votre PC

Lors de sa conférence, Apple a annoncé un nouvel iPad Pro, qui lorgne toujours du côté du PC tout en étant très différent. Une fois encore, la firme de Cupertino nous raconte que son iPad peut remplacer nos vieux PC… mais c’est faux.

Tim Cook a une vision « L’iPad Pro est l’expression parfaite du futur de l’informatique personnelle ». Il la répète avec constance et est confiant dans son accomplissement. On acquiesce volontiers. Lors de la keynote d’Apple, on croit également Phil Schiller quand il cite John Lasseter, de Pixar, pour vanter l’incroyable performance de l’iPad Pro et de son stylet pour dessiner.

En revanche, on commence à tiquer quand, sans citer de chiffres, le même Phil Schiller nous annonce que de nombreux utilisateurs de l’iPad Pro 12,9 pouces viennent de PC sous Windows. On commence vraiment à regarder autour de soi quand il déclare, triomphal : « Nous savons tous que les PC sous Windows ont été conçus avant qu’il y ait Internet, les réseaux sociaux et les App Store. Il y a plus de 600 millions de PC utilisés aujourd’hui qui ont plus de 5 ans. C’est triste ! ».

En dénigrant ainsi les PC, Phil Schiller et Apple se trompent d’argument et se trompent de cible. Car ils dénigrent aussi de facto… les Mac, fidèles compagnons de nos journées de travail et de nos vacances en famille.

Et quand Phil Schiller répète que « l’iPad Pro est la solution ultime pour remplacer ces vieux PC partout dans le monde», on comprend que son message participe davantage d’un discours marketing que de la réalité.

Pourquoi l’iPad Pro ne peut remplacer un PC

Pour avoir testé le premier iPad Pro et l’utiliser quasiment quotidiennement, nous savons que cette assertion est au mieux partiellement fausse. Car il manque au moins trois choses essentielles à l’iPad pour pouvoir remplacer nos PC de manière « ultime » donc totale.

1– Il lui manque une vraie connectique. Et l’arrivée de nouveaux adaptateurs pour carte SD ou appareil photo ne doit pas faire oublier que les iPad sont des systèmes clos ouverts seulement sur le Cloud.

2– Il lui manque une vraie interface physique qui se glisserait entre le tactile et le clavier… Quelqu’un a dit souris ? Le manque est d’autant plus criant qu’Apple est le premier à dire que le tout tactile sur un PC n’est pas ergonomique…

3– Il manque aussi et surtout à l’iPad Pro un OS capable de réellement s’adapter à la forme d’utilisation. Et cela va bien au-delà de l’affichage d’un clavier virtuel quand le clavier physique est déconnecté. Malgré les aménagements importants réalisés avec iOS 9, le système mobile d’Apple demeure avant tout… mobile. Et personne n’a trouvé de solution satisfaisante pour que mobile rime systématiquement et en tout cas avec productivité et fluidité des usages.

Pour l’instant, et tant que les utilisateurs auront été formés sur PC ou Mac, et malgré le multitâche, il manque à iOS 9 l’équivalent d’un bureau, d’un système de fichiers et d’applications fenêtrées de manière extrêmement souple. Car le problème ne réside pas tant dans les usages possibles mais dans ces petits automatismes que les utilisateurs de PC et de Mac ont acquis depuis ce fameux 1984 « qui ne sera pas comme 1984 ». C’est là que se joue toute la rapidité d’exécution au quotidien, ces secondes gagnées pour être plus productif, plus réactif, plus à l’aise.

Une tablette qui se prend pour un vrai ordinateur

En poussant en avant l’iPad Pro comme candidat au remplacement du PC, Apple ne peut faire oublier qu’en l’état, son produit – aussi séduisant et puissant soit-il – est avant tout une tablette. Une tablette qui cherche à se rapprocher du PC pour justifier sa présence… alors que ceux qui ne l’utilisaient que comme une tablette sont déjà équipés. Une tablette qui veut se faire passer pour ce qu’elle n’est pas encore, tant elle a été pensée pour incarner le «post PC» cher à Steve Jobs.

Avec l’iPad Pro, Apple fait le chemin inverse de Microsoft qui est parti du PC pour aller vers des tablettes trop ressemblantes à des ordinateurs. La société de Cupertino cherche une nouvelle voie entre les tablettes qui n’ont plus le vent en poupe et les PC qui ne se vendent plus tellement mais ne veulent pas mourir.

C’est louable, d’autant que les progrès effectués sont convaincants et donneront satisfaction pour certains usages venus du PC. Mais au lieu de parler de chaînon manquant, d’évolution, Apple se trompe de message. C’est comme si un coutelier d’exception nous disait que son couteau multifonction, ouvragé et tranchant, pouvait remplacer nos vieilles fourchettes. On peut en sourire, l’espérer très fort, mais on sait bien que c’est faux.

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Pierre FONTAINE