Lorsque l’équipe à l’origine de la première version de Popcorn Time a abandonné le développement de son produit, nous nous sommes demandés ce qui avait bien pu motiver cette décision. Le designer argentin Federico Abad, qui dirigeait le projet, a raconté le début et la fin de l’histoire de Popcorn Time.
Pour commencer, explique le jeune homme, en Argentine, les films arrivent dans les cinémas longtemps après leur sortie aux Etats-Unis. Par ailleurs, Internet est tellement lent qu’il faut prévoir une journée de délai pour télécharger un film. Ce qui lui a donné envie de trouver un moyen d’accélérer le mouvement.
Federico Abad est ses amis ont alors commencé à travailler sur une interface capable de rendre le piratage « acceptable et accessible à tous », y compris sa propre mère.
Une première équipe quitte le navire
Petit à petit, Popcorn Time a pris de l’ampleur et a attiré l’attention, ce qui a fait paniquer les développeurs. « C’est devenu trop gros pour nous », auraient-ils déclaré pour justifier leur départ, laissant Federico Abad seul. Au lieu de renoncer à son appli, le jeune homme reconstruit une équipe composée d’internautes du monde entier. Rapidement, il est secondé par une centaine de personnes.
Mais coder des nuits entières est difficilement compatible avec une activité diurne. Certains contributeurs ont eu des soucis de concentration dans leur travail et « j’ai eu des problèmes avec leurs patrons », poursuit Federico Abad qui a aussi perdu sa petite amie dans la bataille…
Et si le designer n’était pas motivé par l’argent, certains ont immédiatement vu le potentiel de Popcorn Time. « Nous avons reçu des propositions illégales. Certains nous ont proposé de gagner cinq dollars à chaque fois qu’un internaute installait un spyware ou un malware afin de les rediriger vers eux », raconte-t-il. D’autres ont voulu récupérer les données des utilisateurs de l’appli…
Warner Bros découvre l’identité des développeurs
Mais par-dessus tout, devant le succès de leur produit, les membres de l’équipe ont commencé à craindre des réactions des détenteurs de droits même s’ils utilisaient tous des pseudos et des outils d’anonymisation. A peu près à la même période, les développeurs ont remarqué la visite d’un avocat des studios Warner Bros sur leurs pages LinkedIn. « Nous ne savions pas comment il avait procédé, mais il avait réussi à nous trouver. C’était une technique d’intimidation et elle a réussi. Nous n’étions plus anonymes, les majors savaient où nous travaillions et où nous vivions », ajoute Federico Abad.
La perspective de poursuites judiciaires fût la goutte qui fit déborder le vase de leur détermination. Le 14 mars 2014, Federico Abad et ses collaborateurs abandonnaient Popcorn Time. Aujourd’hui encore, le jeune homme ne regrette rien. « J’aurais pu finir en prison. »
Source :
TorrentFreak
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