Alors que la plupart des opérateurs vacillent, LDCOM poursuit méticuleusement sa voie. Quasi inconnue il y a dix-huit mois, la firme – filiale du groupe Louis Dreyfus – disputerait presque à Cegetel le rang de numéro deux français dans les services fixes. Après avoir racheté le réseau de Kertel et pris le contrôle successivement de Fortel (rebaptisé Squadran), de Kaptech, de Belgacom France et de FirstMark, elle vient de s’offrir 9 Télécom, la filiale française de Telecom Italia et Ventelo France (ex-GTS Omnicom).Une boulimie surprenante pour un groupe discret, qui n’a pas pour habitude de “flamber” à coup d’acquisitions. Initialement positionné comme opérateur d’opérateurs, LDCOM aurait-il senti avant les autres que le vent était en train de tourner, avec la disparition rapide de plusieurs de ses clients opérateurs ? Avec le risque de se retrouver en présence de peu de monde à qui offrir ses services…“Nous avons effectivement eu beaucoup de chance en termes de calendrier “, reconnaît Jacques Veyrat, directeur général de LDCOM. Et, ce n’est pas le moindre des paradoxes que de constater à quel point le parcours de LDCOM est, pour l’essentiel, fortuit.Très sourcilleux quant à sa réputation, le groupe Louis Dreyfus s’est toujours efforcé de limiter les risques. Témoin la genèse de sa filiale, qui ne déploiera son réseau qu’une fois qu’il sera financé par ses clients. Une astuce baptisée IRU (Indefeasible right of use), c’est-à-dire un droit d’usage de très longue durée. Concrètement, lorsque WorldCom, son premier client avec les Voies navigables de France, cherche à se doter d’un réseau dans l’Hexagone, LDCOM – qui casse les prix – encaisse une somme correspondant à vingt ou vingt-cinq ans de location. Avec un réseau ainsi entièrement financé, il se paye même le luxe d’afficher un cash-flow positif depuis sa création en avril 1998.
Un véritable opérateur intégré
Après la période d’euphorie pendant laquelle l’essentiel des acteurs du marché français s’adresse à LDCOM pour bâtir leur réseau, ce sera l’épisode moins reluisant de la boucle locale radio. Sa filiale BLR Services – toujours en tant qu’opérateur d’opérateurs – décrochera alors onze licences régionales. Et plus le secteur va se restructurer autour de LDCOM (rachats de Fortel puis de FirstMark), plus l’opérateur va se rapprocher du client final. De la même manière, le rachat de Kaptech, début 2002, l’amène à élargir son offre aux entreprises. “C’est vrai que notre positionnement initial supposait que les nouveaux entrants soient nombreux et en bonne santé”, précise Jacques Veyrat. Grâce à l’acquisition de 9 Télécom, LDCOM change aujourd’hui de dimension et devient un véritable opérateur intégré avec la création de deux nouveaux pôles : l’un, dédié aux entreprises (avec une structure commune aux activités issues de 9 Télécom, Kaptech, Belgacom France et FirstMark) ; l’autre, consacré au grand public (avec les 700 000 clients résidentiels présélectionnés de 9 Télécom).Reste à savoir si cette consolidation sera payante à terme. “LDCOM est en quelque sorte la voiture-balai des opérateurs ! Et même si elle n’a jamais remporté le Tour de France, la voiture-balai finit toujours par rallier l’arrivée”, ironise un concurrent plutôt mal en point.
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