C’était l’erreur à ne pas faire ! Lors d’une démonstration de conduite à une chaîne de télévision israélienne de sa voiture autonome, la startup Mobileye rachetée l’an dernier par Intel pour 15 milliards de dollars a commis l’impair de griller un feu rouge… alors que l’équipe de TV était en train de tourner, comme le rapporte Bloomberg.
La situation était-elle complexe ? Non. Comme le montre la vidéo que Channel 10 a posté sur Tweeter, la voiture roulait à allure très modérée, il s’agit juste d’un arrêt non respecté par l’automobile, comme si elle ne voyait pas le feu.
1/ This is a #Mobileye autonomous car, in a test drive yesterday, failing to stop at red light – and going straight ahead.
The company, bought last year by Intel for 15bn dollars, invited @news10 tech correspondent, @TalShorrer, to show him the car's abilities. (cont.) pic.twitter.com/R1FivtKQpr— חדשות 13 (@newsisrael13) May 17, 2018
La raison de l’échec serait, selon les propos de Mobileye rapportés par l’équipe de Channel 10, que les « caméra GoPro de l’équipe ont perturbé » le système de l’automobile, plus précisément le transpondeur du feu rouge qui a mal communiqué avec l’automobile. Et Mobileye de rajouter que « de nouveaux tests seront menés pour éviter de genre d’incident ».
Que penser des explications de Mobileye ? Sur la base de la réponse à l’erreur, deux choses. Soit les équipes n’avaient absolument pas pensé aux interférences électromagnétiques et dans ce cas ils ont l’air à côté de la plaque, ce qui est grave – entre les smartphones, les casques sans fil, les tablettes, les objets connectés, etc. tout est source d’ondes aujourd’hui.
Soit c’est une vraie erreur technique… et c’est tout aussi grave. Il faut dire que Mobileye, spécialisé dans l’analyse d’image, a fait un choix ambitieux : tout baser sur la vision.
Les feux de signalisation, un défi pour les capteurs d’image
Ce n’est pas la première fois qu’un feu de signalisation met dans l’embarras une voiture autonome. De Uber à Waymo (détenu par Alphabet, maison mère de Google), tous les grands acteurs du segment se sont fait avoir par les feux rouges. Il faut dire qu’identifier à distance la couleur d’une lumière est un défi. Non seulement pour l’intelligence de la voiture, mais aussi pour les modules caméra embarqués, les « yeux » des voitures. Comme Mobileye travaille pour l’heure à une solution 100% visuelle (ce n’est pas pour rien qu’il y a « eye » dans son nom), elle est tributaire de la qualité des capteurs… et de leurs performances.
Des entreprises comme Sony Electronics, champion mondial des capteurs, proposent des modèles comme l’IMX390CQV, un capteur de seulement 2 Mpix ultrasensible capable de voir aussi bien dans les hautes que les basses lumières simultanément, évitant ainsi le phénomène d’éblouissement. Un moyen d’être à même de différentier le rouge même à contre-jour. Mais puisqu’une telle définition d’image est insuffisante pour l’analyse d’objets, Sony développe aussi – en partenariat avec Mobileye d’ailleurs – des capteurs mieux définis comme l’IMX364 ADAS et ses 7,42 Mpix.
En clair, il faut plusieurs capteurs d’image par voiture pour couvrir l’ensemble des besoins d’imagerie, ce qui explique le grand boom de ce marché.
Mais même avec les meilleurs capteurs du monde, n’importe quel système basé sur une unique technologie est voué, à un moment ou un autre, à se retrouver face à une situation non prévue. Si l’apprentissage des IA est en route, se reposer sur une seule technique reste une erreur.
La clé de la sécurité : la redondance
Si on comprend que Mobileye veuille valider sa solution 100% visuelle, il semble à peu près certain que des équipementiers en passant par les géants de la tech, des constructeurs auto jusqu’aux assureurs, la voie de la raison soit de développer des solutions s’appuyant sur plusieurs technologies à la fois – imagerie, LIDAR, laser, etc.
Cette redondance des analyses offre plus de « sens » à l’automobile de la même manière que nos yeux et nos oreilles peuvent nous renseigner sur un danger. Même si Mobileye arrive un jour à valider sa solution visuelle, il faudrait être fou pour ne faire confiance qu’à ses yeux.
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