N’en déplaise à Kylie Jenner, la nouvelle interface de Snapchat ne fait pas que des déçus. Depuis plusieurs jours, le réseau social est sous le feu des critiques suite à la nouvelle version de son application, séparant les contenus en deux. Pétitions, insultes, appels à supprimer l’application… Les réactions sont nombreuses et parfois cruelles pour un service qui tente avant tout de survivre. Il serait faux de dire que le nouveau Snapchat n’est pas un bouleversement. Mais une fois le temps d’adaptation passé, ses apports sont surtout positifs.
Ne pas faire comme les autres
On a tant reproché à Instagram ou Facebook de copier Snapchat qu’on a du mal à comprendre pourquoi le fantôme jaune voudrait s’éloigner de ce qui a fait sa réussite. Quoi de plus naturel que la peur du changement ? A chaque redesign ou changement majeur, Facebook ou Twitter ont fait fuir des utilisateurs qui après des jours d’acharnement revenaient finalement au berceau en admettant qu’en fait « ce n’est pas si mal que ça ». S’il y a fort à parier que le phénomène finira par se reproduire avec Snapchat, il faut avouer que les utilisateurs sont particulièrement remontés contre l’application cette fois-ci. Malgré une réponse officielle de Snapchat à la pétition et quelques concessions, l’ancien Snapchat se fait toujours désirer.
L’ancien Snapchat ? Il n’est pas dur à retrouver. Il suffit d’aller sur Instagram, Facebook ou Messenger pour trouver un clone qui n’a même pas eu le respect de changer le nom des Stories. Tout y est : les images éphémères, l’ajout de stickers, ou encore les filtres qui ont fait la renommée de Snapchat. Pour le réseau social, le dicton « copié mais jamais égalé » ne convient pas. A force de tentatives, la concurrence est facilement arrivée à son niveau, voire à le dépasser. Pourquoi Snapchat resterait sur un secteur où il est sûr de perdre alors qu’il peut faire autrement ?
Mettre fin à l’hypocrisie
Avec sa nouvelle interface, Snapchat fait un virage intéressant : s’éloigner de ce qui marchait tellement que les autres lui ont piqué. Comme le dit Evan Spiegel : « les célébrités ne sont pas vos amis ». Toute l’hypocrisie des réseaux sociaux est là. En vous vendant une proximité avec vos stars ou marques préférées, ces applications perdent leur âme et deviennent des plate-formes de commerce. C’est d’autant plus grave que Snapchat est le réseau social préféré des jeunes. En mélangeant des selfies innocents de collégiens à des publicités pour un casque haut de gamme porté par un footballeur, les réseaux sociaux mettent l’éthique de côté en faisant passer de la pub pour du contenu.
Au lieu de reprocher à Snapchat de nous avoir volé les relations privilégiées que nous avions avec les célébrités, nous devrions peut-être le remercier d’avoir fait tomber le rideau.
Une économie en péril
Depuis son introduction en bourse, Snap n’a fait que perdre de l’argent. Avec 514,6 millions de dollars de pertes en 2016 et 3,4 milliards en 2017, l’entreprise prend des risques qui pourraient lui être fatals en cas de non-rebond.
Pour survivre, Snap fait le pari d’un business model oscillant entre YouTube et Facebook. Sur la section Discover où l’on trouve désormais les célébrités et les marques, le réseau social va mettre en avant des contenus d’influenceurs, répondant aux YouTubers par les Snapchatters. Discover affichera également les contenus produits par des médias partenaires. Des mini-séries à destination des jeunes y seront également diffusées ainsi que du contenu sportif comme les Jeux Olympiques de Pyeongchang avec des compétitions retransmises en direct. Discover est une section hybride qui se veut être un portail pour jeunes, mélangeant actualités, vidéos et réseau social, et qui rapporte de l’argent.
Là où Snapchat diffère le plus de ses concurrents, c’est que son contenu monétisé est séparé du service de messagerie. Un utilisateur peut parfaitement utiliser le réseau social pour discuter avec ses amis, faire des conversations vidéo ou envoyer des Stories sans ne jamais croiser aucune publicité ou contenu sponsorisé. Snap parie sur l’attractivité de sa section Discover pour y faire venir ses utilisateurs sans avoir à les contraindre, au contraire de ce que font les autres où tout se croise. Une approche différente et ambitieuse.
Si Snap échoue à attirer dans Discover, il y a fort à parier que l’application va vite péricliter. Mais en cas de réussite, Snap pourrait très vite gagner de l’argent et inverser la tendance en se plaçant dans une catégorie qui n’existe pas dans l’offre actuelle des réseaux sociaux. La nouvelle interface n’a beau pas plaire à tout le monde, on ne peut que saluer le courage d’une entreprise qui abandonne un modèle pourtant admiré par les autres.
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