Le début des années 2000 fut un champ de bataille pour les formats de cartes mémoire, une guerre qui a fait de nombreuses victimes – SmartMedia, Memory Stick, xD, etc. – pour couronner un vainqueur qui règne désormais sans partage : le format SD. Mis à part quelques domaines professionnels où certains formats exotiques perdurent (vidéo et photo pro, industrie) le format Secure Digital a pris le contrôle total du marché des cartes mémoire. Développé conjointement par SanDisk, Panasonic et Toshiba à partir de 1999, ce standard existe actuellement en deux format : le “normal” dit SD et le Micro SD, le Mini SD n’ayant jamais décollé.
Mais il semble probable qu’à moyen terme, le rayon cartes mémoire ne propose plus qu’un seul format physique. Car la carte SD au format classique est clairement menacée par sa petite sœur.
Fight : SD contre Micro SD
Pour nous, la carte SD était censée être plus rapide que sa petite sœur. Mythe pour les uns, réalité technique pour les autres, nous avons mis à l’épreuve d’un test de rapidité deux cartes haut de gamme de la même classe mais au format différent : les Lexar 256 Go SDXC UHS-II U3 Cat 10 x1000 (150 Mo/s) aux formats SD et Micro SD. Deux cartes dont les spécifications parfaitement similaires. Pour les mettre à l’épreuve, nous avons utilisé la machine de guerre absolue en matière de production de données : l’hybride Sony Alpha A9, un monstre de technologie dont le capteur de 24 Mpix est capable de shooter 20 images par secondes pendant plus de 12s – cela représente un demi-milliard de pixels par seconde !
Nous avons calé l’AF à l’infini en mode manuel pour éviter un quelconque ralentissement d’acquisition de la mise au point et avons procédé à 4 séries de shoots. Pour chaque séquence, nous avons relevé le nombre d’images acquises avant ralentissement et la durée de vidage de la mémoire tampon de l’appareil, c’est à dire le temps qu’il faut à l’appareil pour écrire toutes les photos de sa mémoire interne sur la carte mémoire insérée.
Le résultat ? Surprenant à nos yeux : la Micro SD a battu sa grande sœur sur les deux plans. Quand la SD n’encaisse que 235 images et met 1 min 15 s à vider la mémoire, la Micro SD absorbe en moyenne 250 images et les digère en 46 secondes.
La mémoire, le contrôleur… et l’adaptateur
Si nous avons été surpris, la réalité technique est pourtant là : il suffit de regarder les spécifications des deux standards pour comprendre que miniaturisation des cellules mémoire mises à part, les deux standards sont rigoureusement identiques en termes de performances maximales. Et que les seules différences entre les deux formats sont le prix (plus c’est miniaturisé, plus c’est cher) et l’absence de loquet de protection en écriture du standard Micro SD. Pour le reste, nombre de cartes SD vendues à l’heure actuelle ne sont que des plateformes de cartes Micro SD câblées comme des cartes SD. Dans notre cas, la qualité des cellules mémoire était même supérieure sur la Micro SD.
Car ce qui compte, c’est la qualité des cellules mémoire et celle du contrôleur : le reste n’est qu’une affaire de format physique. Et la miniaturisation aidant, ces deux éléments sont aujourd’hui suffisamment petits pour rentrer dans une surface de seulement 165 mm² (contre 768 mm² pour la SD).
Notez tout de même que si nous avons pu atteindre ces débits avec la carte Micro SD, c’est parce que Lexar nous a fourni un adaptateur compatible avec les contacteurs supplémentaires du format UHS-II. Si vous comptez vous équiper en cartes Micro SD – par exemple pour éditer les photos directement sur votre smartphone/tablette Android – il vous faudra vous procurer le précieux adaptateur qui n’est pas livré avec les cartes.
Robustesse et petite taille
Le fait que les Micro SD soient désormais techniquement les égales de leurs grandes sœurs SD implique tout d’abord que les smartphones pourraient, si les constructeurs prenaient la peine d’intégrer des contrôleurs de qualité (UHS-II), être presque aussi rapides que la mémoire interne – ce qui n’est pas le cas en pratique, en tous les cas selon notre expérience.
Ensuite, un remplacement total de la SD par la Micro SD est à prévoir sur le segment des appareils photo compacts, même experts. En effet, la réduction physique de l’emplacement favorise encore la miniaturisation. Une miniaturisation non pas nécessairement pour faire maigrir les appareils, mais pour profiter de cet espace pour ajouter d’autres éléments – plus de mémoire tampon, double emplacement, lentilles dans le cas d’une optique périscopique, etc.
Si le phénomène de remplacement a commencé, notamment dans l’entrée de gamme, il est plutôt lent… car la Micro SD a tout de même deux faiblesses : elle est moins solide que la SD et elle est tellement petite qu’elle est parfois moins facile à manipuler – et plus facile à perdre. Et les photographes étant par nature assez conservateurs, une résistance naturelle est assez logique.
Mais au final, il est fort probable que la SD disparaisse définitivement des rayons grand public au profit de sa petite sœur. La SD devrait perdurer, mais on la trouvera bientôt dans le rayon “pro”, au côté des formats exotiques tels que la XQD. Ce jour-là, on pourra affirmer que la Micro SD est devenue le format de carte mémoire ultime.
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