Dans le monde de la conception d’architectures de processeurs, Jim Keller est une vedette, une rockstar. Aussi, quand ce « pape » des semi-conducteurs rejoint une obscure entreprise (Tenstorrent), cela suscite non seulement l’intérêt de l’industrie, mais cela donne aussi un bon indicateur de la direction de la progression des innovations.
S’il a fait ses armes chez DEC pendant 16 années de 1982 à 1998, il n’a depuis jamais passé plus de quatre ans dans la même entreprise. Mais à l’image d’une tornade, le peu de temps qu’il y passe offre des résultats souvent extraordinaires.
La domination d’AMD sur Intel dans les années 2000 avec ses Athlon et ses Opterons ? Deux ans de Jim Keller. Les premières puces ARM, d’Apple, A4 et A5 issues du rachat de P.A.semi en 2008 ? Jim Keller. La réorganisation d’AMD et les fondamentaux de l’architecture Zen ? Keller encore, en seulement trois ans. La puce maison de Tesla qui gère l’Autopilot ? Jim Keller, toujours et encore.
Après avoir passé à peine deux ans chez Intel où il aurait « fait son job », Jim Keller a donc rejoint Tenstorrent où il est à la fois le chef de la technologie (CTO) et le président. Sur le papier, Tenstorrent qui a été fondée en 2016 fait partie de la horde des startups développant des puces dédiées à l’IA. Le mot « horde » n’est ici pas exagéré. De Cerebras à Graphcore, de Groq à Blaize à SambaNova Systems, jusqu’à Wevecomputing en passant par Hailo, etc. elles sont vraiment nombreuses. La liste des start-up ayant levé parfois plusieurs centaines de millions de dollars dépasse désormais la vingtaine. Sans même parler de celles qui ont été absorbées par les géants – Prophesee, par Sony, Movidius et Habana par Intel.
L’IA, une nouvelle frontière et un nouvel eldorado
Lors de sa prise de fonction Jim Keller, qui est un personnage très (très) direct et franc, a affirmé que l’architecture développée par Tenstorrent est « la plus prometteuse en ce moment ».
C’est sans doute ce qui a motivé ce « mercenaire » des semi-conducteurs à rejoindre l’aventure. Outre sa vision de l’industrie et sa maîtrise de la conception des architectures, Jim Keller se revendique comme « un ingénieur d’ingénieurs », comme il le confiait à Fortune en 2018.
Sa mission est autant d’adouber les architectures et de leur donner corps que de guider les équipes. « Les ingénieurs aiment travailler. Je veux mettre les conneries de côté et dégager les problèmes intéressants qu’ils auront à résoudre ».
Alors que les CPU et GPU évoluent à un rythme bien plus lent que par le passé – lisez donc l’excellente saga des GPU dans le dernier hors-série de nos confrères de CPC Hardware – les puces dédiées à l’IA connaissent, elles, des améliorations fulgurantes d’une génération à l’autre. Avec parfois le doublement, voire le triplement de performances d’une génération à l’autre.
Et c’est aussi dans ce domaine que les besoins de puissance de calcul sont les plus importants pour les années à venir : ce n’est pas pour rien qu’Apple met en avant la puissance de son Neural Engine, sa puce IA intégrée dans toutes les dernières générations de SoC. C’est grâce à lui que la fonction d’agrandissement l’application Pixelmator a pu être portée sur iPad, le nouveau NPU de l’A14 faisant exploser les performances. Idem avec l’Hexagon, de Qualcomm, dans les smartphones Android qui rend possible le floutage en temps réel de votre arrière-plan lors de vos vidéoconférences.
Mais les besoins de l’IA vont au-delà : de l’entraînement des réseaux neuronaux jusqu’à l’application de modèles très complexes, les serveurs, supercalculateurs et autres centres de données voient leurs besoins exploser. Sur le papier, l’approche de Tenstorrent a de quoi plaire au génial mercenaire : ces puces promettent d’être aussi performantes dans l’apprentissage que dans l’inférence. Jim Keller arrive donc ici pour mettre l’équipe en ordre de bataille pour affronter la horde. Et révolutionner encore une fois de plus le marché ?
Sources : Tenstorrent via AnandTech
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