Dix ans et pas n’importe lesquels. Dix ans d’un smartphone et surtout d’une révolution. Si historiquement l’iPhone n’est pas le premier « téléphone intelligent », il est indéniable que c’est lui qui est arrivé au bon moment et avec la bonne formule. C’est lui qui a su faire la synthèse des attentes et trouver l’approche matérielle et logicielle pour conquérir le monde et donner une direction, une sorte de « go west » au reste du marché.
Depuis, effet de la nostalgie et du fameux « c’était mieux avant », le design réussi et l’interface séduisante du premier iPhone font que ce père des smartphones modernes fait régulièrement des appels du pied pour revenir sur le devant de la scène.
A l’occasion de sa première décennie, nous avons tenté l’expérience du retour aux sources. Mais évidemment, le passé n’est vraiment plus ce qu’il était.
7h30
Ressorti de son tiroir et de sa boîte, un peu cabossé comme tous les produits qui en ont vu, l’iPhone n’est pas si gros que ça, pas si lourd qu’on pourrait le craindre. C’est officiel, on l’aime encore. Mettant de côté une remarque enfantine déplacé : « Papa, tu as un nouveau téléphone ? Il est tout petit », nous bataillons avec le connecteur 30 broches – ah oui, c’est vrai qu’il fallait le mettre dans le bon sens et bien viser. L’iPhone se recharge gentiment, et c’est reparti ! Enfin presque.
7h45
SIM. MicroSIM. NanoSIM. Dix ans ont passé et les cartes SIM ont rétréci. La nanoSIM flotte dans le support SIM, inutilisable. On part à la recherche d’un adaptateur.
8h25
Après avoir retourné tous les tiroirs de la maison, l’adaptateur en main, on glisse enfin la carte SIM dans l’iPhone et s’apprête à sortir en poussant les enfants (officiellement en retard pour l’école) d’une main quand on constate que pour activer l’iPhone, il faut le connecter à iTunes…
Notre iPhone s’est arrêté à iOS 3.1.3, dernier palier accessible. Or, c’est à partir d’iOS 5, avec sa fonction PC Free et iCloud, qu’on a pu enfin couper le cordon avec nos machines pour activer les iPhone. Ce sera pour plus tard.
8h40
Les enfants déposés, on connecte l’engin à iTunes. On choisit de le configurer comme un nouvel iPhone. Pas pour le plaisir de recommencer de zéro, mais parce qu’on a un peu peur que tout ne tienne pas dans ses 8 Go de stockage. Et puis cela fait bien longtemps que nos sauvegardes quotidiennes sont dans iCloud.
8h45
Ca ne va pas être pratique d’envoyer un message pour dire qu’on arrive un peu en retard mais avec l’iPhone originel: son carnet d’adresse est vide. Habitué à récupérer tous nos contacts via iCloud à la volée, on est nu comme un ver sans plus aucun ami. On saisit donc le numéro de téléphone à la main et envoie enfin le message. Il part doucement… « Comme tous les autres jours, vu qu’on est dans le métro », marmonne-t-on mécontent.
9h30
Arrivée triomphante à la rédaction. La foule en délire s’enthousiasme. Ou presque. « C’est vrai qu’il était chouette ». « Il était classe ! ». Tout cet imparfait ! Et pour les plus jeunes : « C’est le vrai ? ». Puis chacun retourne à ses occupations. Au temps pour la gloire et le renouveau.
9h45
Cela fait au moins vingt fois aujourd’hui qu’on utilise le fameux (et regretté) « slide to unlock » et doit ensuite taper le code à quatre chiffres. Oubliez le Touch ID, il ne sera pas disponible avec l’iPhone 5s. On comprend mieux pourquoi seulement 49% des utilisateurs verrouillaient leur iPhone avec un « mot de passe » avant le capteur d’empreintes digitales, alors qu’ils sont environ 89% maintenant selon Apple.
9h47
Après avoir verrouillé l’iPhone par erreur – mais oui, le bouton était en haut, c’est vrai – on ressaisit pour la 21e fois le code et lance l’application YouTube par défaut pour montrer le dernier John Oliver à un collègue. Pas de chance, l’appli ne fonctionne plus. Il faut télécharger la version de Google sur l’App Store.
9h48
Aaah. On a reverrouillé l’iPhone par erreur… 22e fois…
9h49
On touche au but et va pouvoir télécharger l’appli YouTube. Pour aller plus vite on pense à désactiver le Wi-Fi pour passer en 4G. Face au symbole Edge, on réactive le Wi-Fi pour constater qu’en fait, il va falloir laisser tomber YouTube. « Cette app est incompatible avec cet iPhone ». Même chose avec WhatsApp : « Mise à jour requise. Cette app requiert iOS 7.0 ».
Perdu, on a alors repensé aux vieux jeux avec lesquels on a passé des soirées. Hills and Rivers Remain s’est imposé immédiatement et a bien voulu qu’on le télécharge. Sauf que… La double authentification activée sur notre compte n’est pas du tout gérée par iOS 3, il nous est donc impossible de saisir le code fourni par nos appareils de confiance. Le téléchargement tombe à l’eau.
Dès lors, une constatation s’impose, à part surfer sur le Web à un train de sénateur, tout est incompatible avec cet iPhone. C’est un peu le smartphone du contrôle parental extrême. Le téléphone de la punition…
10h10
L’iPhone 7 posé sur le bureau, connecté en Wi-Fi mais sans carte SIM alerte de l’arrivée d’un iMessage. L’iPhone, lui, attend patiemment mais ne semble pas vouloir le recevoir.
10h50
Posé sur le bureau, heureux de ne rien faire, l’iPhone suçote sa batterie avec constance comme un enfant sa glace à l’eau un jour de canicule. On regarde autour de soi, et commence à se demander si on ne va pas quitter, à nouveau, l’iPhone pour son descendant lointain. On pensait que ce serait la faute de la taille et de la qualité de l’écran, mais non. Si le confort est un peu réduit, on retrouve ses repères.
Non, en définitive, comme dans toutes les ruptures hypocrites, ce n’est pas lui, c’est nous. Depuis 2007, qu’on soit allé voir ailleurs ou soit resté fidèle à Apple, nous avons été habitués aux bonds en avant et aux sauts de puce que la firme de Cupertino et le monde technologique ont effectué. On se rend alors compte de l’importance des applications, du cloud et des connexions très haut débit dans notre vie quotidienne. On constate toute la fluidité dans les usages que permettent les notifications, le 3D Touch, le centre de contrôle, et surtout la possibilité de mener une recherche en glissant son doigt vers le bas. Paradoxalement, ou signe d’un certain manque d’intérêt, Siri ne nous a pas manqué au cours de cette courte plongée dans le passé.
Si ce retour en arrière est trop plein de limites, il a tout de même une vertu. Il nous montre que les révolutions n’ont pas lieu tous les jours. Mais il démontre surtout l’immense chemin parcouru à coup de plus petites innovations. La gamme des iPhone n’est plus en révolution permanente, mais pour utiliser la dernière bêta en date d’iOS 11, difficile de ne pas reconnaître à Apple un talent certain pour la gestion des affaires courantes. Retournement de situation surprenant, nous pensions rendre hommage à l’iPhone et finalement c’est lui qui met en valeur ses descendants.
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