En 2010, Google mettait un frein à ses ambitions dans le secteur des équipements mobiles. Devant le piètre succès de son Nexus One, il stoppait la vente directe de son premier téléphone. Son PDG, Eric Schmidt, déclarait qu’il n’y aurait pas de Nexus Two, mettant ainsi un terme aux spéculations des analystes sur l’ouverture d’un front concurrentiel entre le géant du Web et Apple [temporairement, puisque Google lançait fin 2010 avec Samsung cette fois, le Nexus s, NDRL]* Hier, 15 août, Google vient pourtant d’annoncer l’acquisition de Motorola pour 12,5 milliards de dollars (8,7 milliards d’euros). Un montant de 63 % supérieur à la valorisation de l’équipementier à sa dernière cotation, le vendredi 12 août. Ce revirement stratégique a plusieurs explications.
Concurrencer Apple et son iPhone
La première d’entre elles est à chercher en interne. Eric Schmidt n’est plus à la tête de la firme de Mountain View. Il a été remplacé dans ses fonctions par Larry Page, l’un des fondateurs du moteur de recherche. Depuis, l’américain a procédé à des réajustements stratégiques, en investissant notamment dans des secteurs jugés jusque-là moins prioritaires, comme les réseaux sociaux, où il entend désormais être un acteur de poids avec Google+.
En mettant la main sur Motorola, le moteur de recherche s’offre d’un coup 17 000 brevets. Une manière pour Google d’accélérer son développement dans la téléphonie mobile sans investir dans plusieurs années de recherche et développement. Et surtout d’éviter d’éventuelles poursuites visant ses prochaines innovations. Sur le blog de la société, Larry Page rappelle : « Microsoft et Apple se rassemblent afin de lancer des attaques anticoncurrentielles concernant les brevets Android [l’OS mobile de Google, NDLR] […]. Notre acquisition de Motorola va permettre d’accroître la concurrence tout en renforçant le portefeuille de brevets de Google. Ce qui nous permettra de mieux protéger Android des menaces anticoncurrentielles de Microsoft, d’Apple et d’autres entreprises. »
Un rachat peu compris des marchés
Mais cette acquisition ne témoigne pas uniquement d’une stratégie défensive de Google. Elle traduit aussi son ambition de grignoter le pré carré d’Apple et de son iPhone. Comme son concurrent, la société de Mountain View maîtrise désormais la conception matérielle et logicielle des téléphones mobiles, ce qui lui permet d’obtenir une meilleure intégration d’Android. Google, qui réalise 96 % de son activité avec la publicité (28,2 milliards de dollars en 2010), compte ainsi diversifier ses revenus en tirant parti de la manne que constitue l’électronique grand public.
Reste que sa stratégie semble ne pas être comprise des marchés. Le titre a perdu 6,54 % à la Bourse de New York dans la séance du 15 août. Les opérateurs et fabricants réunis dans l’Open Handset Alliance (NTT Docomo, Bouygues Telecom, Alcatel, HTC, etx.), un groupe chargé de collaborer au développement d’Android, vont-ils voir d’un bon œil la double casquette de l’américain, à la fois partenaire et désormais concurrent ? Rien n’est moins sûr.
*papier modifié le 16 août à 17h50
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