Un nouveau licenciement fait polémique chez Google. Il y a quatre jours, l’entreprise a remercié Timnit Gebru, une chercheuse qui travaille sur les questions d’éthique liées à l’intelligence artificielle (IA). L’information a été révélée mercredi dernier sur son compte Twitter : sa hiérarchie a accepté sa démission, alors qu’elle affirme ne jamais l’avoir transmise.
Plus de 3 000 personnes en soutien
Depuis la polémique ne désenfle pas et les soutiens s’organisent. Dans une lettre ouverte intitulée « Standing with Dr. Timnit Gebru — #ISupportTimnit #BelieveBlackWomen », près de 1600 employés de Google, ainsi que plus de 2 500 universitaires et membres de la société civile exigent ainsi des précisions sur les motifs de ce renvoi.
Ils exigent également un engagement « sans équivoque » de l’entreprise technologique à respecter l’intégrité scientifique et la liberté académique – remise en cause dans cette affaire.
Apparently my manager’s manager sent an email my direct reports saying she accepted my resignation. I hadn’t resigned—I had asked for simple conditions first and said I would respond when I’m back from vacation. But I guess she decided for me 🙂 that’s the lawyer speak.
— Timnit Gebru (@timnitGebru) December 3, 2020
Timnit Gebru a été virée après qu’elle s’est plainte, auprès d’un groupe interne, du fait que Google « réduise au silence les voix marginalisées ». Selon elle, l’entreprise lui a reproché certains « aspects » du message envoyé à ce groupe, qui seraient « en contradiction avec ce qu’on attend d’un manageur ».
La chercheuse aurait reçu l’ordre de se rétracter sur un article scientifique « On the Dangers of Stochastic Parrots : Can Language Models Be Too Big? » dans la revue technologique de la prestigieuse université du MIT. L’article traitait des IA capables d’imiter des propos haineux ou biaisés.
Des lacunes scientifiques ?
Justifiant la demande de rétractation dans un e-mail rendu public par Timnit Gebru, le chef du département intelligence artificielle au sein de la firme californienne, Jeff Dean, a fait valoir que l’article n’avait pas atteint les niveaux d’exigence en vue d’une publication.
Le texte « présentait des lacunes importantes qui nous empêchaient d’être à l’aise avec l’idée d’y associer le nom de Google », détaillait-il.
Militante en faveur de plus de diversité, Timnit Gebru a cofondé le groupe Black in AI, dont l’objectif est d’accroître la présence de personnes noires dans le domaine de l’intelligence artificielle.
Américaine d’origine éthiopienne, elle a notamment étudié la propension des technologies de reconnaissance faciale à faire des erreurs d’identification de personnes de couleur.
À lire : Pourquoi les IA doivent-elles combattre le racisme ?
Le licenciement de Timnit Gebru intervient alors que Google a été sommé, mercredi 2 décembre, par une agence fédérale américaine de répondre à des accusations de surveillance à l’encontre de ses employés militants. Sollicité par The Verge, le géant du Web n’a pas souhaité commenter.
Sources : The Verge, AFP
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