Deux milliards. C’est désormais le nombre d’utilisateurs d’Android dans le monde. Mais pour Google, le chiffre annoncé lors de sa conférence annuelle n’est pas suffisant. L’Américain veut ratisser plus large. Pour atteindre son objectif, il n’a pas le choix : il lui faut distribuer son OS sur des smartphones très abordables. Basé sur Android O, Android Go devra faire tourner des appareils ayant seulement 512 ou 1 Go de mémoire vive. Pour cela, il s’appuie sur une batterie d’applications optimisées et d’outils permettant de mieux gérer sa consommation de données. Cet Android «light» fera ses débuts en 2018.
Des smartphones à 50 euros?
L’annonce d’Android Go a dû rappeler quelques souvenirs à ceux qui étaient présents à la Google I/O de 2014. A l’époque, Sundar Pichai lançait le programme Android One. Le but était de pousser les fabricants à vendre des appareils abordables, sans surcouche Android et destinés aux pays émergents comme l’Inde. Une philosophie proche de celle des Nexus, appliquée à l’entrée de gamme. Si Android One fut un échec, il n’a pas été abandonné. Lors du dernier Mobile World Congress, des fabricants comme General Mobile ou Yahoo Mobile présentaient des appareils reprenant le label. A moins de 200 euros, ils utilisent une version stock d’Android Nougat et sont vendus en Turquie et au Japon. Des pays pas franchement émergents.
En jettant un œil sur quelques sites d’importateurs chinois, on trouve des smartphones à moins de 100 euros, avec une configuration loin d’être minable – 2 Go de mémoire vive, 16 Go de stockage pour un Xiaomi Redmi 4A. Google pourrait donc espérer faire tourner des appareils encore moins chers, sous la barre des 50 euros. Un palier bien plus faible que celui des smartphones Android One, à l’époque vendus autour des 150 euros. Dans les pays émergents, des centaines de millions de nouveaux utilisateurs pourraient alors s’offrir un smartphone.
Google et Facebook pour convaincre
Avec Android Go, Google accompagne la création d’une offre matérielle à deux vitesses par la création d’un environnement logiciel lui aussi à deux vitesses. Il s’appuie notamment sur plusieurs applications capables de fonctionner sur ces petites configurations. La plus emblématique est YouTube Go, une déclinaison de l’application du même nom. Plus légère que YouTube, elle permet d’économiser ses données mobiles en téléchargeant ses vidéos. Dans le même temps, d’autres services – dont Chrome – permettront de suivre sa consommation de données à la trace.
Pour développer leurs services, les développeurs ont droit à une liste de bonnes pratiques mettant l’accent sur l’usage hors-ligne, une consommation minimale d’énergie et une taille d’APK inférieure à 10 Mo. Dans ce combat, Google n’est pas seul. Pour gagner des utilisateurs, Facebook mise lui aussi sur des applications «Lite» destinées aux pays émergents. A eux deux, Google et Facebook proposent à peu près tous les services indispensables à un utilisateur de smartphone. Les voilà bien armés pour remplir un Google Play Store remanié pour Android Go, mettant en avant ces nouvelles applications «bis».
Des questions en suspens
Si Google parvient à générer une offre importante de mobiles à très bas prix accompagnés d’une offre logicielle décente, Android Go pourrait avoir un tout autre destin que le programme Android One. Mais quelques questions subsistent : tous les smartphones équipés de 512 ou 1 Go de mémoire vive seront-ils concernés? Google imposera-t-il un cahier des charges côté matériel? Doit-on s’attendre à voir arriver une nuée de surcouches propres à Android Go?
Interrogé sur le sujet, Google nous a confirmé qu’Android Go ne sera qu’une option, sans être imposé aux partenaires. Mais l’expérience utilisateur d’Android Nougat sur un appareil équipé d’une mémoire vive aussi limitée n’est pas franchement la meilleure. Pour les marques, Android Go pourrait être une solution efficace.
Plusieurs milliards d’utilisateurs en vue
La question de la fragmentation est plus épineuse. Google a promis que chaque version d’Android à venir aura droit à sa déclinaison «Go». Avec un seul univers, le calendrier des mises à jour est chaotique, alors que seulement trois ou quatre versions d’Android cohabitent sur le marché. L’arrivée d’un second univers – avec d’éventuelles surcouches – aggraverait cette dislocation, qui s’avère actuellement la plus grosse lacune de l’OS de Google par rapport à iOS.
Malgré tout, le risque pourrait en valoir la chandelle. En 2014, Google annonçait avoir franchi la barre du milliard d’utilisateurs Android. Le programme Android One était alors présenté comme l’outil susceptible d’aller chercher le second milliard. Trois ans plus tard, la mission est remplie, mais Android One n’y est pour rien. Android Go est le fruit d’une stratégie beaucoup plus agressive, qui va là où Apple ne peut pas aller. Pour Google, il n’est d’ailleurs plus question d’aller chercher «le» prochain milliard, mais «les» prochains milliards d’utilisateurs. Avec des appareils vendus à quelques dizaines d’euros, l’ambition ne semble pas irréaliste.
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