Outre sa messagerie chiffrée avec PGP, Edward Snowden utilisait également un autre outil informatique pour assurer la confidentialité de ses communications: le système d’exploitation Tails Linux. Comme le relate le livre « Der NSA-Komplex », qui vient d’être publié par deux journalistes du magazine Spiegel, le lanceur d’alerte a d’abord tenté d’entrer en contact avec Glenn Greenwald avec PGP, mais sans succès. A cette époque, le journaliste ne connaît rien à ces techniques de chiffrement. Il ne répond pas.
Edward Snowden se tourne alors vers la documentariste Laura Poitras, qui s’y connaît déjà plus. Après un premier échange en PGP, il lui suggère d’installer Tails Linux, pour davantage de confidentialité. Et c’est ainsi que toute l’histoire commence, les premières publications dans la presse, l’interview à Hong Kong, la fuite vers Moscou, etc.
Une épine dans le pied de la NSA
Si Snowden, ex-consultant de la NSA, a choisi Tails Linux, c’est parce qu’il était certain que ce système était l’un des plus sécurisés. Et c’est vrai : dans un document secret, la NSA estimait que ce système rendait beaucoup plus difficile les cyberattaques par le réseau (« adds severe CNE [Computer Network Exploitation, ndlr] misery to the equation »). « Cela a été un outil essentiel pour réaliser l’enquête sur le NSA », souligne Laura Poitras, sur le site de la fondation Freedom of the Press.
Pourquoi Tails Linux est-il si efficace ? Plusieurs raisons peuvent l’expliquer. Basé sur Debian, l’une des distributions les plus populaires, ce système open source n’installe rien sur l’ordinateur. Comme son nom l’indique (TAILS, The Amnesic Incognito Live System), il est démarré directement depuis un CD/DVD ou une clé USB. Tout s’exécute au niveau de la mémoire vive, aucun accès au disque dur n’est effectué. Quand l’utilisateur éteint la machine, tout est réellement effacé, il n’y laisse aucune trace.
Les développeurs préfèrent rester dans l’ombre
Par ailleurs, Tails Linux intègre toute une série d’outils pour communiquer en toute tranquillité : Tor, le célèbre protocole de communication anonyme ; OpenPGP, une version open source de PGP ; OTR, une messagerie instantanée chiffrée ; HTTPS Everywhere, pour crypter toutes les connexions avec les sites web. Enfin, comme le relate Wired.com, les développeurs de Tails restent eux-mêmes dans l’anonymat, pour éviter de subir d’éventuelles pressions de la part d’agences de renseignement, comme cela est déjà arrivé à Linus Torvalds, le créateur de Linux.
Il est intéressant de constater que pour déjouer la surveillance des agents secrets, Snowden et ses amis ne sont appuyés sur un projet dont le budget de fonctionnement n’est que d’environ 42 000 euros. Ce qui n’est rien comparé aux 15 milliards de dollars de la NSA…
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