Attaqué sur la téléphonie mobile, Bouygues Telecom prend le risque de déplacer la guerre de prix sur l’accès fixe à Internet (ADSL et fibre optique). Sur ce marché, Bouygues se trouve dans la position de Free sur le mobile, celle du quatrième acteur qui doit bousculer les lignes pour mordre sur les parts de marché de ses rivaux.
« Nous allons faire faire 150 euros d’économies par an aux abonnés de l’internet fixe qui choisiront ce service, ce qui fait une économie de 12,50 euros par mois » a déclaré Martin Bouygues dans un entretien au quotidien Le Figaro, ce vendredi 20 décembre 2013.
Quel sera ce service et par rapport à quelle offre actuelle ADSL (celle à 31,90 €/mois ?), se situera ce futur accès Internet fixe ? S’agira t-il plutôt d’une remise basée sur plusieurs premiers mois gratuits ? Ou d’une offre Idéo fixe-mobile à un prix très agressif, ce qui permettrait d’approcher la promesse de 150 euros d’économie ?
Mystère : l’opérateur refusant de commenter l’annonce de Martin Bouygues. S’avançant beaucoup sur le terrain des économies et de l’innovation, l’opérateur devra assurer le “service après-vente” de cette promesse et ne pas décevoir.
Bouygues Telecom veut rogner les marges de Free dans l’ADSL
« Que Xavier Niel fasse la même chose s’il en est capable » ajoute, bravache, le PDG du groupe Bouygues. Vis à vis de Free, l’ennemi déclaré, l’offensive est à double détente.
En baissant le prix de l’accès ADSL, Bouygues entend entamer dans son coeur, le modèle économique de son rival. Celui-ci finance son activité mobile grâce à la marge engrangée sur l’ADSL. Sur ses activités fixes, Free dégage un ratio financier Ebitda de 585 millions d’euros sur un chiffre d’affaires de 1,234 milliard d’euros, sur le premier semestre de 2013.
Bouygues Telecom fait un pari de gain de part de marché sur Free, plus puissant que Bouygues sur l’ADSL. Il vise aussi ses grands rivaux que sont Orange et SFR sur l’Internet fixe, Numéricable étant par ailleurs son partenaire.
Bouygues Telecom reste loin du podium de l’Internet fixe
Sur le marché du haut débit fixe, Bouygues Telecom a acquis 95 000 nouveaux clients sur les neuf premiers mois de l’année pour un parc total de 1 941 000, à fin septembre 2013. Mais, il reste encore loin éloigné du podium.
En tête du marché, Orange revendique une base de clients haut débit fixe s’élevant à 10,046 millions d’accès, suivi de Free avec ses 5,58 millions d’abonnés fixes (incluant la base de clients Alice) et SFR avec 5,209 millions abonnés résidentiels à l’Internet haut débit. Ces chiffres sont au 30 septembre 2013, pour ces trois opérateurs.
En fait, Bouygues Telecom a déjà entamé la guerre des prix sur l’accès Internet fixe. Il a lancé, il y a quelques semaines, une offre ADSL B&You à 15,99 euros/mois sans la télévision. Un pavé dans la mare de Free et de son offre Alice premier prix. Selon le PDG du groupe Bouygues, « elle rencontrerait un vif succès ». Sans plus de précision.
Qui maîtrise le réseau, maîtrise ses coûts et le prix de ses offres
Cette offre B&You, qui réutilise une ancienne Bbox reconditionnée, n’est toutefois proposée à ce tarif préférentiel que sur les lignes ADSL dégroupées de l’opérateur.
Dans les grandes agglomérations, Bouygues Telecom dispose de ses propres équipements télécoms. Mais, ce réseau dont il maîtrise les coûts, n’a pas encore la capillarité géographique de celui de ses concurrents.
Contrairement aux réseaux mobiles dont il maîtrise l’infrastructure, dans les réseaux fixes, Bouygues doit louer les infrastructures télécoms des autres, dans les zones où il n’a pas de lignes pour atteindre ses abonnés.
Il utilise le réseau fibre optique de Numéricable, son partenaire dans les réseaux à très haut débit, le réseau d’Orange (pour l’ADSL classique) ou celui des collectivités locales qui ont investi dans des infrastructures.
Dans l’Internet fixe, Bouygues Telecom saura t-il surprendre comme il a su le faire astucieusement dans les mobiles avec la 4G, en réutilisant à bon escient ses fréquences 2G ? Réponse courant 2014…
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