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Pourquoi ARM a peur que Qualcomm conçoive ses propres cœurs processeur

Si ARM attaque Qualcomm en justice autour du rachat des cœurs processeur de Nuvia, c’est pour une raison fondamentale : la licence que lui paye Qualcomm pour utiliser ses cœurs représente un tiers du chiffre d’affaires d’ARM !

Le feuilleton n’est pas fini, mais on en sait un peu plus sur la bataille que mène ARM à Qualcomm. Petit rappel des faits : voulant concurrencer Apple et développer un avantage technologique, Qualcomm a racheté une startup en 2020 appelée Nuvia. À sa tête, des (vieux) génies de la conception des processeurs avec notamment le papa de l’Apple M1. L’entreprise n’a pas produit de puce, mais ses plans et schémas de ses cœurs Phoenix sont plus que prometteurs. Qualcomm met un 1,4 milliard sur la table et rachète l’entreprise, et nous promet en décembre 2021 dernier que nous verrons les premières puces ARM à cœurs haute puissance de Nuvia en action pour son prochain sommet mondial qui aura lieu en novembre prochain.

Lire aussi : ARM attaque Qualcomm en justice : pourquoi ces deux partenaires historiques entrent-ils en guerre ? (sept. 2022)

Seulement voilà, depuis fin août, ARM s’oppose fermement à son client. Selon ARM, la licence architecture qu’elle avait octroyé à Qualcomm « n’est pas transférable ». Et ARM demande tranquillement à Qualcomm de détruire les plans récupérés chez Nuvia et de s’asseoir sur le petit milliard. Le geste paraît un tantinet illogique, puisque Qualcomm est un bon client, et qu’Apple, de son côté, développe bien ses propres cœurs CPU. Ce que l’on ne percevait pas dans les précédentes analyses et qui se révèle grâce aux chiffres que le Financial Times a obtenus, c’est le poids de Qualcomm dans le business d’ARM.

À vrai dire, la dépendance est effrayante : alors qu’ARM a des dizaines de clients, trois de ces clients pèsent 89% du marché mondial des puces de type ARM. Le plus gros étant Qualcomm, qui pèse à lui seul 34% de la valeur totale. Devant Apple (31%) et MediaTek (24%). Le reste, c’est-à-dire TOUTES les entreprises ayant au moins une licence ARM ne représentent que 11% de la valeur des puces ARM vendues !

Et c’est là que la démarche de Qualcomm de s’émanciper d’ARM fait mal. Car ARM touche deux types de droits : les paiements au comptant pour l’usage de son jeu d’instruction et les redevances sur chaque puce. Or, selon un analyste du cabinet Strategy Analytics interrogé par le Financial Times, « Qualcomm pourrait économiser de 40% à 50% sur ses frais de redevances s’il utilise les cœurs Phoenix de Nuvia ». Actuellement, les royalties sont évaluées à 80 cents par puce pour Qualcomm et ce dernier en vend à la louche 400 millions, payant ainsi aux alentours de 320 millions de dollars par an rien qu’en frais de licence. Si Qualcomm passe aux cœurs Nuvia pour ses puces les plus avancées, c’est entre 128 millions et 160 millions de dollars de manque à gagner pour ARM.

Lire aussi : Entretien exclusif avec le fondateur d’ARM : « Nvidia n’avait aucune raison technique d’acquérir ARM » (fév. 2022)

Selon les analystes, ARM est sous pression, car en pleine révision de son modèle économique (les licences ne seraient pas assez élevées) et en pleine préparation d’une introduction en bourse après l’échec du rachat par Nvidia. Si on comprend la vision comptable court-termisme d’ARM, sur le moyen et long terme, ce genre de comportement semble avoir tout pour pousser ses clients dans les bras de RISC V. Apple commence à s’y mettre et le milieu de l’espace a déjà fait son choix.

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Source : Financial Times


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