Si vous installez des volets roulants connectés, vous serez peut-être surpris de constater qu’il n’est pas possible de dire à votre assistant vocal “monte/descend les volets” ni même “ouvre/ferme les volets“. A la place, il faut dire “allume/éteins les volets“. C’est peu intuitif et un tantinet énervant.
Ce n’est pas tout. On ne peut pas non plus lui demander d’ouvrir un volet à moitié, car il ne sait pas faire. Enfin, si on lui ordonne, par exemple, “éteins les lumières“, il va éteindre les lampes ET fermer les volets (ou les ouvrir, selon la manière dont vous aurez paramétré votre système). C’est comme ça que vous risquez de vous retrouver dans le noir en pleine journée, lumières éteintes et volets fermés (c’est du vécu…).
Tout cela est assez décevant pour des appareils qui sont censés être au cœur de la maison connectée.
Alors, pourquoi les assistants, Alexa ou Google Home, ne reconnaissent-ils pas les volets comme des volets mais comme des lumières ?
Un problème d’API
Apparemment, au lancement d’Alexa, il était possible de piloter des volets roulants. Mais cette fonction aurait été volontairement désactivée par Amazon en 2018, suite à des incidents, pour éviter que des personnes malintentionnées ne déclenchent l’ouverture de volets chez d’autres personnes, en criant simplement depuis la rue : “Alexa, ouvre les volets“.
Philippe Daly, responsable des produits Alexa chez Amazon France ne confirme pas ces incidents et explique qu’il s’agit d’une question purement technique. L’API Smart Home Skill (ce bout de programme dans le cloud qui permet aux produits tiers de communiquer avec Alexa) ne serait pas capable, à ce jour, de reconnaître les volets et nécessiterait des développements supplémentaires. En tout cas en France.
Philippe Daly précise : “ce n’est pas simple à mettre au point, d’autant qu’il y a de nombreux systèmes différents“. Et il ajoute : “les volets roulants sont très répandus en Europe et nous voulons offrir une expérience pleinement satisfaisante “.
Comment ça marche ?
Pour comprendre, il faut se pencher un peu sur le fonctionnement des assistants vocaux.
Pour qu’un appareil domotique (éclairage, interrupteur, thermostat, etc.) puisse être piloté par Amazon Alexa, il doit communiquer avec l’API Smart Home Skill d’Amazon via le cloud. Chaque fabricant de matériel doit avoir sa propre skill qui permet à Alexa d’interagir avec ses appareils (Philips Hue, Netatmo, Smart Life, etc.) à travers cette API. Certains équipements domotiques n’ont pas de skills spécifiques mais ils peuvent être reconnus par Alexa via une box domotique (Eedomus, Jeedom, Enki, etc.) grâce à la skill de la box, ce qui revient à peu près au même.
L’API Smart Home Skill permet, en principe, à Alexa de reconnaître s’il s’agit, par exemple, d’une lumière ou d’un thermostat afin de proposer à l’utilisateur des comportements et des commandes vocales appropriés (allume, augmente, etc.). Cependant, à ce jour l’API ne sait pas détecter un volet roulant. Pour contourner ce problème, les fabricants “trichent” et font en sorte que les volets soient reconnus comme des lumières, car c’est ce qui y ressemble le plus. C’est ainsi que les volets se retrouvent intégrés dans les groupes « Lumières », sur l’application Alexa.
Une question de sécurité
Derrière ce sujet en apparence anodin se cache en réalité une question très sensible, car les volets sont des éléments de sécurité d’une habitation. S’il s’avérait qu’un assistant vocal permette d’ouvrir des volets à l’insu des occupants, cela faire sacrément désordre en raison des risques de cambriolage. On comprend qu’Amazon prenne son temps pour trouver la meilleure solution qui garantisse un maximum de sécurité. En attendant, le fait que les volets ne soient pas reconnus “officiellement” le dédouane, en théorie, en cas de problème.
La solution viendra peut-être de l’utilisation des profils, sur Alexa, qui permettent d’identifier les utilisateurs en fonction de leurs voix (la voix étant un élément biométrique très fiable). Mais comment s’assurer que les utilisateurs activeront bien cette sécurité ? Faut-il la rendre obligatoire ? Bref, Alexa saura-t-elle vraiment un jour piloter des volets roulants ?
Heureusement, il y a les routines !
D’ici là, comment faire ? Heureusement, si vous ne craignez pas de vous faire hacker/cambrioler, il est possible de piloter “proprement” ses volets roulants avec un assistant vocal grâce à quelques “trucs” qui permettent de contourner les problèmes évoqués ci-dessus.
1- Pour éviter de dire “allume/éteins” au lieu de “ouvre/ferme“, il suffit de créer des routines, ces petits automatismes qui permettent d’associer des commandes vocales personnalisées à des actions domotiques spécifiques, dans l’application Alexa. On peut programmer, par exemple, une routine qui reconnaît la phrase “ouvre le volet de la salle à manger” et qui déclenche l’action “ouverture” du volet de la salle à manger. Attention, il faudra créer au moins deux routines, ouvrir et fermer, par volet.
2 – Pour commander vocalement l’ouverture partielle d’un volet, il faut d’abord programmer des automatismes (ouverture à 50%, 30%, etc.) dans l’appli d’origine du système de commande du volet ou dans l’appli de la box qui sert à piloter le volet. Puis, vous pourrez dire quelque chose comme “Alexa, allume l’ouverture volet à 50%“. Cependant, cette formule est, avouons-le, particulièrement inélégante, et donc on peut à nouveau faire appel aux routines et programmer des commandes correspond à ces automatismes. Cela permettra de dire, par exemple, “Alexa, ouvre le volet à 50%“.
3- Enfin, pour éviter qu’Alexa ne ferme tous vos volets lorsque vous demandez l’extinction des lumières, il suffit d’extraire vos volets des groupes Lumières de chaque pièce dans l’application Alexa.
Il existe aussi d’autres solutions consistant à passer par IFTT, comme expliqué ici, mais cela me semble un peu plus compliqué.
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