Vinton Cerf, communément présenté comme le père d’Internet et également membre du conseil d’administration de Google, a publié dans le New York Times du 5 janvier 2012 une tribune ayant pour titre : L’accès à Internet n’est pas un droit de l’homme (que nous vous conseillons de lire en anglais).
Vinton Cerf y prend le contre-pied d’une tendance mondiale qui vise à faire de l’accès à Internet un droit fondamental. Pour le (co-)créateur du TCP/IP, la technologie est « un moyen d’accéder aux droits, pas un en droit en lui-même ». Il précise ensuite sa vision : « A grands traits, (les droits de l’homme) doivent être ces choses dont nous, en tant qu’humains, avons besoin pour mener des vies libres, saines, pleines d’aspirations, comme la liberté de ne pas être torturé ou la liberté de conscience ». Et de continuer : « C’est une erreur que de placer n’importe quelle technologie dans cette catégorie quintessentielle. En effet, avec le temps, nous finirions par donner de la valeur aux mauvaises choses. »
Vinton Cerf – le 14 septembre 2010 à Vilnius. Photo : CC Veni Markovski.
Pour lui, la meilleure façon de reconnaître les droits de l’Homme est d’identifier les enjeux que l’homme essaie de protéger. Et toutes les libertés critiques, centrales, vitales ne sont en aucun cas liées à une technologie. « Internet a de la valeur en tant que moyen pour arriver à une fin, pas en tant que fin en soi. » L’accès à Internet est donc un « simple outil pour obtenir quelque chose de plus important ».
Vinton Cerf associe alors Internet à l’idée de « service universel », comme l’électricité ou le téléphone, et reconnaît que cette vision flirte avec la notion de droit civique. Et de conclure, avec une position qu’on retrouve souvent dans la bouche des défenseurs des logiciels libres, celui de la responsabilité et du devoir des « ingénieurs », des « créateurs de la technologie ».
Ces inventeurs modernes qui doivent, par leur travail, leur réflexion et leur assiduité défendre les valeurs capitales de l’humanité. Améliorer Internet n’en est qu’un aspect. En extrapolant un peu, on pourrait dire que les ingénieurs et informaticiens d’aujourd’hui sont les nouveaux Pasteur, les nouveaux Fleming. En ce sens, Vinton Cerf donne une responsabilité colossale à ceux qui font le Web. Il va de fait bien plus loin que le slogan de Google, « Don’t be evil », entreprise au sein de laquelle il siège…
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