Oxblood Ruffin est un ancien hacktiviste du cDc, pour Cult of the Dead Cow, un des plus célèbres groupes de hackers de la fin des années 1990. Dans une interview accordée en fin de semaine dernière au site américain CNET, l’ancien « évangéliste pour l’hacktivisme » au sein du cDc, déclarait à propos des Anonymous : « Ils se battent pour la liberté d’expression sur Internet, mais c’est difficile de les soutenir quand ils mènent des attaques en déni de service et ne laissent pas les autres s’exprimer. Comment cela peut-il être cohérent ? » Et de continuer, « ils me font penser à des adolescents ingérables. Je pense qu’ils essaient de faire ce qu’il faut, mais ils s’égarent et font des choses vraiment stupides. »
Désobéissance civile
Une assertion et une position avec lesquelles, un autre « vieil hacktiviste » n’est pas d’accord. Ricardo Dominguez, cofondateur de l’Electronic Disturbance Theater (EDT) et désormais professeur à l’Université de Californie à San Diego, soutient ces agissements comme étant une des seuls recours. « L’histoire de la désobéissance civile, de Gandhi à Martin Luther King Jr et Henry David Thoreau, repose sur l’obstruction et le fait d’outrepasser certaines limites, qui interrompent le flux quotidien du pouvoir ». Puis, de conclure « en tant que communauté, donnons-nous tant d’importance à l’information que nous ne tolérons plus la moindre interruption, aussi brève soit-elle ? »
Deux conceptions de l’hacktivisme
Une différence de position qui s’explique sans doute par le passé des deux hackers. L’EDT a été un des premiers groupes de hackers à populariser l’attaque en déni de service distribué comme acte politique, ce qui a d’ailleurs mené à la création de l’outil FloodNet, que les plus anciens internautes ont déjà rencontré au détour d’un article ou d’une attaque.
Le Chaos Computer Club ou le Cult of the Dead Cow étaient beaucoup plus réservés quand à ce type d’attaque et refusaient de les utiliser pour couper l’accès à Internet ou à un site. En 1999, les hackers de cDc avaient d’ailleurs créé Hacktivismo qui regroupait des hackers, des avocats et des activistes. Deux ans plus tard, ils avaient même publié une Déclaration, qui commençait par ses mots toujours d’une profonde actualité : « Extrêmement préoccupés du fait que la censure d’Etat d’Internet se développe rapidement avec l’aide de société internationale… ».
De par leur structure décentralisée, sans chef ni hiérarchie établie, l’action et la pensée politique des Anonymous sont beaucoup plus difficiles à cerner, ce qui conduit parfois à une certaine incompréhension. En tout cas, l’origine de leur héritage est évident, plus EDT que cDc, donc…
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