Nous ne voulons plus financer, seuls, les prochaines infrastructures d’internet, dont le déploiement des réseaux 5G : voici le message, en substance, martelé à nouveau par les entreprises des télécoms. « Sans les opérateurs de télécommunications, sans le réseau, il n’y a pas de Netflix, il n’y a pas de Google », a notamment déclaré Michael Trabbia, le directeur de la technologie et de la sécurité chez Orange, à nos confrères de CNBC.
Depuis plusieurs mois, les entreprises de télécommunications militent pour que les sociétés qui envoient du trafic sur leurs réseaux – donc les GAFAM – financent, elles aussi, les mises à niveau de l’infrastructure. Et la pression sur les régulateurs pour inclure ces géants serait de plus en plus forte. Google, Netflix, Meta, Apple, Amazon et Microsoft génèrent aujourd’hui près de la moitié du trafic internet. Il serait donc normal, avancent les opérateurs télécoms européens comme Orange, Telefónica, ou encore Deutsche Telekom, que ces entreprises paient pour leurs besoins disproportionnés en matière d’infrastructures. Car ces dernières nécessitent des sommes colossales.
Pour les GAFAM, cette « taxe sur l’internet » pourrait nuire à la neutralité du réseau
Pour Howard Watson, directeur de la technologie chez BT interrogé par nos confrères, l’idée serait de « faire fonctionner un modèle bilatéral, où le client paie l’opérateur, mais aussi où le fournisseur de contenu paie l’opérateur ». Le modèle : Apple et Google, qui facturent aux développeurs une part des ventes d’applications en échange de l’utilisation de leurs services dans leurs magasins d’applications.
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Leur message a été en partie entendu, puisque la Commission européenne a lancé en février dernier une consultation de trois mois sur ce sujet. L’exécutif européen cherche à savoir s’il convient d’exiger une contribution directe des géants de l’internet aux opérateurs de télécommunications. Les GAFAM ont immédiatement répliqué, en arguant qu’un tel financement équivaudrait à une « taxe sur l’internet » qui pourrait nuire à la neutralité du réseau.
Pour Thierry Breton, il faut sortir du choix binaire
D’une part, cela obligerait ces entreprises à prévoir un budget pour la mise à niveau du réseau – budget pris sur celui de développements de séries, a taclé Greg Peters, codirecteur général de Netflix, lors du MWC le 28 février dernier. Ce coût serait répercuté, d’une façon ou d’une autre, sur les consommateurs qui pourraient payer plus cher leurs abonnements. Or, les opérateurs des télécoms seraient déjà payés par leurs clients pour investir dans les infrastructures. En demandant aux géants de l’Internet de payer aussi, cela reviendrait à être payés deux fois, soulignent ces entreprises. D’autant que les GAFAM paient déjà une partie de ces coûts, en cofinançant, notamment, des câbles sous-marins.
D’autre part, ce financement pourrait remettre en cause la neutralité du réseau, avec un meilleur accès à ceux qui paieraient le plus, soutiennent les GAFAM. Un point balayé par Sigve Brekke, PDG de Telenor, expliqué à nos confrères. « Cela n’a rien à voir avec la neutralité du réseau. Cela n’a rien à voir avec l’accès au réseau. Cela a à voir avec le poids des coûts ».
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Pour Thierry Breton, le Commissaire européen chargé du marché intérieur et du numérique, le débat n’est pas un « choix binaire » entre opérateurs et Big Tech. Présent à Barcelone il y a quelques semaines lors du MWC, la grand-messe des télécoms et du mobile, ce dernier a rappelé que l’Union européenne devait « trouver un modèle de financement pour les énormes investissements nécessaires » au développement des réseaux mobiles de nouvelle génération et des technologies telles que le métavers. Reste à savoir lequel.
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Source : CNBC