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Intel veut se convaincre – et nous avec – que la loi de Moore n’est pas vraiment morte

Dans une note de blog, le PDG d’Intel définit la nouvelle stratégie du fabricant de puces. Exit le PC, cap sur l’Internet des objets, le cloud et la 5G. Et pas question de remettre en cause la loi de Moore.

Rappelez les porteurs, annulez la commande chez le marbrier, renvoyez le thanatopracteur… La cérémonie mortuaire est annulée : finalement la loi de Moore n’est pas morte. 

Ce n’est pas le premier venu qui le déclare, mais Brian Krzanich en personne, le PDG d’Intel, l’entreprise qui est à l’origine de ce paradigme technologique. « Durant mes 34 ans [de carrière] dans l’industrie des semi-conducteurs, j’ai déjà vécu quatre annonces de décès de la loi de Moore. Nous sommes en train de passer d’une technologie [de gravure] de 14 nm à 10 nm, et planifions 7 nm et 5 nm, et même au-delà. C’est la preuve que la loi de Moore est vivante et bien portante. Le leadership d’Intel dans la loi de Moore reste intact, et pour ce faire vous allez voir des investissements continus dans notre capacité [industrielle] et dans notre R&D », explique le dirigeant dans une note de blog.

À lire : La loi de Moore est officiellement morte, et c’est une bonne nouvelle

Une loi de Moore revisitée

Créée en 1965 par Gordon E. Moore, l’un des fondateurs d’Intel, cette fameuse loi prédit un doublement de la densité de transistors dans les puces tous les deux ans environ.
Beaucoup d’experts – et le milieu même des semi-conducteurs – estiment qu’elle est désormais en bout de course, les technologies de gravure atteignant désormais les limites de la physique. Malheureusement, le PDG du fondeur ne donne pas beaucoup plus de détails sur la manière dont il pense pouvoir sauver cette “prophétie autoréalisée”. Intel disposerait-il d’une botte secrète pour continuer cette croissance exponentielle ? Ou est-ce juste que reconnaître sa disparition revient à perdre l’assise que lui conférait cette analyse qu’Intel a fait sienne ?

En fait, Brian Krzanich joue plutôt avec les mots. Pour lui, la loi de Moore est avant tout « une loi économique » qui dit que l’on peut « réduire la taille des transistors d’environ 50 % pour un coût de fabrication équivalent ». Vous remarquez la différence ? Le facteur temps à disparu. Pour le PDG, la loi de Moore a donc muté en quelque chose d’autre, moins contraignant pour son entreprise. C’est un peu sa manière à lui de dire au revoir à la loi de Moore.

Voitures autonomes, industrie, commerce…

Parmi les victimes de la nouvelle stratégie d’Intel figure un autre de ses compagnons de route : le PC. Dans la note de blog de Brian Krzanich, l’ordinateur est à peine mentionné. Il n’est plus qu’un terminal parmi tant d’autres de « l’Internet des objets », cette nébuleuse dans laquelle Intel voit désormais son avenir. « Chez Intel, nous allons nous concentrer sur les voitures autonomes, l’industrie et le commerce comme principaux facteurs économique de croissance », explique le dirigeant. Un jour, nos voitures seront peut-être estampillées « Intel Inside »…

Plus original, Intel veut miser sur une série de technologies innovantes pour assurer ses revenus. Il veut pousser son architecture de serveurs « Rack Scale » qui est censée faciliter la gestion des datacenter. Il veut initier une révolution de la mémoire avec la technologie 3D XPoint, où la vitesse de fonctionnement et la longévité d’écriture devrait être mille fois meilleures que pour les composants Flash. Il parie également sur les puces programmables FPGA et les puces « silicon photonics ». Ces dernières combineraient des circuits semi-conducteurs avec des transferts de données par microlaser. Enfin, de façon plus classique, Brian Krzanich veut profiter de la croissance des datacenters et du cloud, ainsi que de l’avènement de la 5G. Un moyen de remettre un pied dans la révolution mobile dont Intel a raté la première vague, dominée par ARM.

Bref, Intel cherche désormais à faire feu de tout bois. Là où la Loi de Moore s’apparentait à une longue ligne droite rassurante vers un progrès sans fin, la nouvelle stratégie de l’entreprise – moins prophétique – se résume à un « cycle vertueux de la croissance ». C’est joli, et ça plaît beaucoup aux actionnaires.

Source :
Note de blog de Brian Krzanich

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Gilbert KALLENBORN