Incertain de son sort, Martin Vial n’a pas voulu fléchir une stratégie internet dont il est largement l’auteur. Il a ainsi profité de la 23e Université d’été de la communication à Hourtin pour lancer son tout dernier produit : la lettre recommandée électronique. Après les bornes cyberposte, les adresses @laposte.net, c’est donc l’un des services les plus emblématiques de l’entreprise publique qui passera la frontière du réseau des réseaux dès cet automne.
Transposer un savoir-faire
D’abord proposée sous une forme hybride (envoi électronique et remise physique), la lettre recommandée sera ensuite proposée sous forme totalement électronique au printemps 2003. Actuellement, La Poste traite 220 millions de lettres recommandées physiques par an et mise sur un taux de 10 % de lettres électroniques à l’horizon de 2006. “La transposition du savoir-faire de La Poste à internet se fait de manière méthodique et progressive”, a expliqué le président du groupe. Pas de précipitation, la société avance à pas feutrés et adapte ses ambitions au contexte économique.Ce qui ne l’empêche pas de rêver à la réduction de la fameuse fracture numérique. Hourtin a ainsi été l’occasion de présenter les bornes Cyberkiosque, que l’entreprise publique destine aux collectivités locales et autres lieux publics. Pour 24 000 euros étalés sur trois ans, les gares, mairies, aéroports, etc. pourront ainsi disposer de bornes dotées d’un accès haut débit par satellite ou par une connexion classique.“Sur les 36 800 communes de France, 30 000 ne sont jamais connectées au réseau haut débit”, assure Hervé Van de Kerckhove, directeur du projet. Le Cyberkiosque a donc été conçu pour servir de relais. La collectivité pourra ainsi connecter une salle de classe ou une bibliothèque qui disposeront alors d’un accès à internet rapide à moindre frais. “C’est un produit qui s’inscrit dans le cadre de notre politique d’aménagement du territoire”, ajoute M. Vial.
1,3 million d’adresses
En effet, La Poste essaye tant bien que mal de convertir l’ensemble des Français à l’ère du numérique. Aujourd’hui, 1,3 million de Français ont un e-mail pré[email protected]. Les 1 000 bornes Cyberposte disposées dans les différents bureaux ne désemplissent pas. Les services financiers Lapostefinance, Videoposte et Bagou, sont également une réussite et génèrent plus de 137 millions de pages vues lors du premier semestre 2002, soit une augmentation de 185 % par rapport à l’an dernier. Mais le taux d’équipement des foyers en PC (30 %) fixe les limites.Au-delà du service public, La Poste chouchoute donc particulièrement les entreprises, avec lesquelles elle réalise 80 % de son chiffre d’affaires (17 milliards d’euros en 2001) : solutions d’échanges de données (Imelios, Seres), d’ingénierie de documents (Aspheria, Dynapost, Maileva), de sécurisation (Certinomis, Fides), de mise en relation, d’e-marketing (Mediapost) et d’e-commerce (Axepro, Scellius).Au total, ce sont plus d’une quinzaine de services qui ont été lancés pour aider les entreprises à optimiser leurs coûts grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.“Ce sont des marchés émergents mais nous sommes convaincus qu’ils vont se développer, même s’il est vrai que le déploiement a été moins rapide que prévu”, explique ainsi Catherine Epstein, directrice des nouveaux services aux entreprises. Le marché du commerce électronique est celui qui a le plus souffert, et l’offre de dématérialisation des factures Postaxess réduit la voilure depuis déjà quelques semaines.“C’était un gros investissement pour un marché qui n’est pas encore prêt “, résume Catherine Epstein. Mais le bilan internet de La Poste est pour l’instant plutôt positif. Une filiale comme Aspheria, opérateur de courrier hybride industriel (traitement de documents générés par voie informatique), réalise d’ores et déjà un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros. Et la filiale Certinomis, créée pour aider les entreprises dans le traitement de la télé-TVA, il y a 18 mois, représente aujourd’hui 30 % du marché de la certification électronique.
Un investissement durable?
En 2001, le chiffre d’affaires global des activités internet s’élevait à 25 millions d’euros, les prévisions pour cette année restent quant à elle secrètes. Une chose est sûre, La Poste a déjà investi plus de 50 millions d’euros pour exister sur le net. Reste à savoir si léventuel successeur de Martin Vial pousuivra la politique menée par le PDG le plus “high-tech” que La Poste ait connu…
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