« Il y a aujourd’hui beaucoup d’informations fausses, relatives, décontextualisées qui circulent et donc ça bouscule la confiance que les gens avaient naguère dans ceux qui décidaient ou qui avaient une légitimité, ça donne le sentiment que toutes les paroles sont égales », a déclaré Emmanuel Macron ce vendredi 18 janvier devant une assemblée fournie de maires à Souillac. Ce jour-là a eu lieu le chapitre deux de son grand débat national et il rebondissait sur le sujet des fake news. Il en a profité pour critiquer le phénomène d’horizontalité qui sévit sur les réseaux sociaux, où la parole d’un expert ne vaut pas plus que celle d’un simple citoyen. Pour lutter contre ce mécanisme, il faudrait commencer par identifier exactement chacun, une question « d’hygiène démocratique », selon lui. Il estime qu’ainsi, les informations fausses ou inexactes se propageraient moins facilement. « Je crois qu’on doit aller vers une levée progressive de toute forme d’anonymat et je crois qu’on doit aller vers des processus où l’on sait distinguer le vrai du faux et où l’on doit savoir d’où les gens parlent et pourquoi ils disent des choses, ça participe de cette transparence », a-t-il détaillé.
Démocratie participative: Emmanuel Macron souhaite "une levée progressive de toute forme d'anonymat" pic.twitter.com/pJNHkSekcY
— BFMTV (@BFMTV) January 18, 2019
Lutter contre l’anonymat, une obsession des pays autoritaires
Pourtant, il existe de nombreux exemples pouvant contredire cette affirmation. Maître Eolas constitue ainsi une source fiable sur les questions de justice sur Twitter. A l’inverse, le président Donald Trump relaye constamment de fausses nouvelles. Par ailleurs, la volonté de lever l’anonymat sur les réseaux sociaux va à l’encontre de la liberté d’expression et des libertés fondamentales. On imagine quel tort cela pourrait faire à des internautes ressortissants d’un pays autoritaire ou à des citoyens ordinaires qui pourraient en subir des conséquences dans leur vie professionnelle ou privée.
Ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron exprime cette position. Le site NextInpact rappelle qu’il l’avait déjà évoquée au mois de novembre dernier, lors de son discours pour l’appel de Paris pour la confiance et la sécurité dans le cyberspace. Plutôt que le débat démocratique, il avait alors fait allusion aux terroristes et aux criminels échappant à la justice grâce à l’anonymat. Le président français n’est pas non plus le seul à tenir ce discours. Les constitutions brésilienne, bolivarienne et vénézuélienne, par exemple, interdisent cette pratique. En Russie et en Chine, ce sont des lois qui la bannissent. Pas vraiment des exemples de pays instaurant un sain débat démocratique.
Les propos du président vont enfin à l’encontre des travaux du rapporteur spécial de l’ONU, qui avait publié en mai 2015 une étude dédiée aux liens entre chiffrement, l’anonymat et droits humains. « Le chiffrement et l’anonymat, ainsi que les concepts de sécurité qui les sous-tendent, assurent la confidentialité et la sécurité nécessaires à l’exercice du droit à la liberté d’opinion et d’expression à l’ère numérique », avait conclu le rapporteur. Rappelons qu’il n’existe pas de loi en France protégeant spécifiquement l’anonymat sur Internet.
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