Les maîtres nageurs le savent bien : en cas d’accident, chaque seconde compte ! Aux Etats-Unis, on pratique depuis des années la règle des 10-20 : 10 secondes pour détecter le problème, 20 secondes pour intervenir et sauver le nageur en danger.En France, on dénombre 80 décès par an dans les piscines publiques, et 5 à 10 fois plus de quasi-noyades avec souvent de terribles séquelles. Des statistiques tragiques derrière lesquelles il y a en plus de véritables drames familiaux. Gérard Lambert a lui-même connu un tel drame en 1979 : au cours d’une séance de natation scolaire dans une piscine publique, son fils de six ans est mort noyé sans que personne ne s’en aperçoive.Refusant d’accepter que la noyade puisse être encore considérée comme une fatalité, il fonde l’Association nationale pour la prévention des accidents en piscines publiques (Anpap) et décide de se battre.Il rencontre alors Jérôme Ménière, un spécialiste de la finance qu’il convainc de la justesse de son combat.
Une vigilance sans faille…
Jérôme Ménière se dit que l’assistance de caméras capturant une vue panoramique du bassin, image qui pourrait être interprétée en temps réel par logiciel, serait d’une grande utilité aux surveillants des piscines. Car, aussi concentrés soient-ils, les surveillants ne peuvent conserver en permanence une attention optimale. De plus, les angles morts, le miroitement à la surface de l’eau ou la difficulté à interpréter le comportement des nageurs compliquent encore leur tâche.Pour mettre au point un système de surveillance assisté par ordinateur, Jérôme Ménière crée la société Vision IQ. Il pense boucler son projet en six mois, il mettra six ans ! C’est seulement l’année dernière que son équipe commence à installer Poséidon, fruit de la collaboration avec des professionnels du secteur et des chercheurs issus des meilleures universités et laboratoires (CNRS, université René-Descartes de Paris, Inria, etc.).Le système repose sur l’association d’un (ou plusieurs) PC puissant(s), de caméras vidéo, d’un ensemble de logiciels experts dotés d’algorithmes extrêmement complexes (analyse de la texture des parois du bassin, analyse de la trajectoire des nageurs, détection des volumes, etc.). Un réseau de câbles (ou, plus récemment, de fibres optiques) relie l’ensemble et transporte les images à très haute vitesse du bassin jusqu’à l’écran de contrôle.Corps immobile au fond du bassin, coulée trop lente… toute attitude suspecte est détectée, décryptée par le logiciel capable, le cas échéant, de donner l’alerte. Evidemment, le système peut être trompé par un nageur en apnée volontaire ou un farceur. Mais les surveillants préfèrent intervenir une fois de trop que de ne pas voir un nageur en détresse.
… à l’efficacité reconnue
Poséidon, qui a remporté le prix de l’innovation 2001 du Wall Street Journal, a déjà conquis quelques villes, en France et à l’étranger. Mais la majorité des collectivités locales n’a pas encore franchi le pas, en dépit de l’utilité évidente d’un tel système et de son prix raisonnable (moins de 100 000 euros pour équiper un bassin standard de 25 mètres). Alors, à quand toutes les piscines publiques équipées ?
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