Ils vivent sur une drôle de planète. On y parle de business angels, de capital-risque, de business plan et de stock-options. On les imagine carburant à la caféine et se nourrissant de pizzas, arborant l’uniforme de la Silicon Valley ?” jeans, baskets et T-shirt. Mais en réalité qui sont les jeunes créateurs de start-up ?” Il n’y a pas de portrait-robot “, observe Christine Blache, directrice et fondatrice du cabinet de recrutement et de conseil 9A+, spécialisé dans l’Internet. Et en l’absence d’études sur le sujet, personne n’est capable d’établir précisément le profil type de ” l’entreprenaute “. Ce qui est sûr, c’est que ce sont essentiellement des hommes qui se lancent dans l’aventure start-up. Pour Christine Blache, ” le monde des start-up est né autour de l’informatique et des réseaux, un univers très technique dans lequel les femmes sont traditionnellement en minorité “. Selon elle, les équipes de fondateurs sont à 95 % masculines et ” c’est la même chose dans la Silicon Valley “.Une analyse que ne partage pas Jean-Luc Rivoire, président et cofondateur avec Antoine Decitre de Défi Start Up, un incubateur. “Depuis septembre dernier, il y a de plus en plus de femmes. Sur les six entreprises intégrées à ce jour dans notre incubateur, une femme est présidente et une autre fait partie du cercle des créateurs dans les cinq autres projets “, affirme-t-il. Difficile d’y voir clair, mais il suffit de suivre l’actualité des start-up pour se rendre compte que, dans ce secteur, l’heure n’est pas encore à la parité.
Diplodocus de quarante ans
En revanche, tout le monde s’accorde à reconnaître qu’une des seules caractéristiques véritablement communes aux profils des créateurs est leur jeunesse. La moyenne d’âge est de 30 ans, et à 40 ans on fait figure d’ancêtre. “La majorité des porteurs de projets sont des gens qui ont gravité quelques années dans le monde de l’entreprise “, constate Emmanuel Libaudière, PDG de Martech Europe, une société de conseil qui organise notamment Capital IT.Le jeune diplômé frais émoulu d’une école de commerce ou d’ingénieur et le vieux ” briscard ” de la création d’entreprises sont rares “A peine 5 % des dossiers que nous recevons sont montés par un jeune diplômé”, témoigne Pascal Chevalier, président du fonds d’amorçage CPI Venture. “Car créer une start-up, c’est quand même une course aux compétences et au financement.”De l’autre côté de la pyramide des âges, les ” anciens ” sont à peine plus nombreux. “Les trentenaires ont plus de facilité à comprendre les fonctionnements d’un marché nouveau, celui de l’Internet, dans lequel ils ont peu ou prou baigné depuis quelques années. Ils sont aussi attirés par ce nouvel Eldorado où il paraît facile de faire fortune “, analyse Christine Blache.
S’allier pour mieux créer
Outre sa jeunesse, le créateur de start-up se caractérise aussi par ses diplômes. “La plupart de nos candidats sont passés par les grandes écoles d’ingénieur ou de commerce “, affirme Jean-Luc Rivoire de Défi Start Up, qui incarne à merveille, avec son diplôme de Supelec, cette nouvelle génération d’entrepreneurs de l’Internet.Scientifiques ou commerciaux sont au coude-à-coude, même si ces derniers temps, c’est ce second profil qui paraît le plus entreprenant.“Au début de l’Internet, poursuit Jean-Luc Rivoire, les projets étaient beaucoup plus techniques. L’idée avait souvent germé dans la tête d’un ingénieur. Aujourd’hui, avec le développement du commerce électronique, il y a de plus en plus de gens qui arrivent avec des compétences orientées business. “Pour Emmanuel Libaudière, “de toutes façons, les ingénieurs qui créent des start-up ne sont pas que des ingénieurs. Pour pouvoir vendre un projet, il faut la fibre commerciale.”Pas toujours facile de trouver ces qualités dans un seul homme. C’est pourquoi, au lieu de parler de créateurs de start-up on parle de plus en plus d’une équipe de créateurs.
L’entreprenaute, un patron comme un autre ?
Tous les professionnels du capital-risque constatent ainsi une plus grande maturité chez les créateurs d’entreprises innovantes. “Les équipes sont plus complètes, au départ. On voit de plus en plus de duos ou de trios, qui réunissent toutes les compétences pour réussir, c’est-à-dire la bonne technologie, le développement commercial et la connaissance du marché “, constate Jean-Luc Rivoire.Pas si différents des entrepreneurs traditionnels, les créateurs de start-up ? “Il faut disposer des mêmes qualités, c’est-à-dire avoir une vision, une grande confiance en soi et un certain charisme “, observe Christine Blache. Comme tous les créateurs d’entreprises, ils sont aussi des travailleurs acharnés qui ne comptent pas leur temps.Mais plus que dans d’autres secteurs, la pression est forte. ” Autrefois, l’entrepreneur devait être avant tout un bon gestionnaire, souligne Jean-Luc Rivoire. Dans le secteur de l’Internet, sa qualité principale devra être la capacité à prendre des décisions le plus vite possible. “ Le must en la matière reste cependant l’expérience. ”
Le meilleur créateur de start-up, ce serait quelqu’un qui l’aurait déjà fait, lance Pascal Chevalier. Mais pour l’instant des “serial entrepreneurs” dans le domaine des start-up, il nen existe quasiment pas. “
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