Si vous rêvez d’entrer chez Google, ayez du culot ! C’est la morale de l’histoire de François Beaufort. À force de balancer infos et rumeurs sur les innovations à venir du géant américain, ce développeur de 30 ans en est devenu le poil à gratter. Voire le caillou dans la chaussure.
Publiées sur son compte Google+, ses indiscrétions étaient quotidiennement guettées par les geeks. à son tableau de chasse, un scoop, comme l’annonce avant l’heure du portable Chromebook Pixel, mais aussi d’autres infos en avant-première, comme l’annonce de l’intégration de l’assistant personnel Google Now dans Chrome. Ou encore le développement de Babble, une appli de bavardage en ligne mêlant texte, audio et vidéo.
Des indiscrétions publiées sur Google+
Ces indiscrétions auraient pu rendre furieux Google. Au lieu de quoi, depuis deux mois, François Beaufort travaille dans les locaux parisiens du groupe. De quoi le rendre moins loquace ? « Désormais, Je suis évangéliste Chromium. Mon rôle consiste à repérer les développements intéressants sur ce projet et à les partager. » Toujours sur son compte Google+, mais un peu plus sous contrôle…
Ce n’était pas sorcier. Chromium est la version libre de Chrome – le navigateur de Google –, celle qui est mise à disposition des développeurs du monde entier afin qu’ils l’améliorent ou lui ajoutent des fonctionnalités. Seul préalable de la licence open source : tous les travaux de développement sont publics. Et c’est en mettant son nez dans Chromium que Beaufort réalise rapidement que celui-ci recèle tous les changements à venir dans Chrome.
La source de ses scoops n’est donc pas une taupe bien implantée dans l’entreprise mais… le logiciel lui-même ! Le développeur se prend au jeu. « Je me suis abonné aux flux RSS des revues de code de Chromium », des informations que les développeurs diffusent sur Internet pour indiquer les modifications qu’ils apportent au logiciel et les bugs à corriger. Cela lui permet de comprendre sur quoi travaillent ses collègues. « Je décortiquais cela afin de déceler les nouveautés », raconte-t-il.
Avec un peu d’analyse et une bonne dose d’intuition, il relaie ces informations sur son compte Google+. Remarquées par les blogueurs technophiles, ses indiscrétions font le tour de la Toile. « Ce n’était pas sorcier, tout le monde aurait pu le faire. Cela prend juste du temps et de l’énergie. » Et de la modestie, car il faut tout de même un minimum de compétences informatiques. Or François Beaufort n’est justement pas un néophyte.
Replonger dans le code Google
C’est en 2005, avec une licence en logiciels de l’IUT de Fontainebleau en poche, qu’il fait ses premières armes. À la SNCF, il participe à la conception de logiciels de sécurité ferroviaire. Trois ans plus tard, il se perfectionne en devenant « Lead Developer » d’une agence Web au Canada. Une sorte de chef d’orchestre des développeurs. C’est durant cet exil d’une année à Toronto qu’il saisit l’occasion de rencontrer, pour la première fois, les équipes de Google. « J’avais fini par m’intéresser à tout l’écosystème de Google. »
Une offre qui ne se refuse pas. Début 2013, après une longue parenthèse professionnelle pour faire le tour du monde, François Beaufort doit réaffûter ses compétences. Il se replonge donc dans le code de Google, ce qui lui permet de réaliser son plus beau fait d’armes. Il réussit à débusquer dans Chrome OS un fragment de document faisant référence au Chromebook Pixel, l’ordinateur portable que Google conçoit en secret. « Et puis j’ai indiqué sur mon profil Google+ que je cherchais un job. C’est alors que la firme de Mountain View “m’a demandé si cela me tenterait de faire la même chose, mais en étant rémunéré. » La réponse ne s’est pas fait attendre.
Article paru dans le le n°776 (13 au 26 juin 2013) du magazine 01Net.
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