Pierre-Yves Oudeyer est Directeur de recherche à l’Inria où il supervise l’équipe Flowers. Parmi les projets du laboratoire, Poppy qui est à la fois un robot bipède et une plate-forme collaborative open source.
01net : Comment est né votre robot Poppy ?
Pierre-Yves Oudeyer : Il est né dans le cadre d’un projet de recherche. On a obtenu une bourse de l’ERC (European Research Council)pour étudier les propriétés de la morphologie humaine, la locomotion des bipèdes ou encore les interactions homme-machine. On a conçu le robot et sa plate-forme pour les besoins de nos expérimentations.
Quelles sont ces caractéristiques ?
Il mesure environ 80 centimètres, fonctionne sur batterie et possède 25 degrés de liberté. Ce qui fait sa spécificité, c’est la géométrie de son corps. Faire avancer un robot sur deux jambes reste très compliqué aujourd’hui, par exemple. Il y a des entreprises comme Honda qui ont mis dix ans à trouver des solutions logicielles pour faire marcher Asimo. Nous, on a testé différentes formes et on a fini par choisir des jambes légèrement courbées sur le modèle de l’homme, et un tronc articulé. Ce qui lui permet, dans sa version actuelle, de marcher dynamiquement en étant tenu par la main.
Poppy humanoid beta Overview from Poppy Project on Vimeo.
Pourquoi faire en sorte qu’il soit imprimable en 3D ?
Jusqu’à maintenant, il n’était pas évident de travailler sur des robots de recherche. Nao est ouvert au niveau logiciel mais pas au niveau matériel : vous ne pouvez pas modifier sa morphologie. Icub est ouvert mais il coûte cher à fabriquer car il nécessite un équipement de machine outils. D’où l’idée de faire imprimer Poppy en 3D à partir d’une plate-forme open source. De cette manière, il est totalement modulable. Vous pouvez même décider de n’utiliser qu’un bras, par exemple. Et son prix est abordable : il coûte entre 1000 et 1500 euros, sachant que les moteurs reviennent à eux seuls à 7500 euros car ce sont les seuls composants de l’ensemble pris sur étagère.
Faut-il être un spécialiste pour l’assembler et le faire fonctionner ?
On l’a conçu pour qu’il soit accessible à un public de chercheurs mais aussi d’enseignants ou d’artistes. Poppy requiert l’utilisation de cartes Arduino et du langage de programmation Python. Et pour l’impression, une simple machine grand public Makerbot suffit. Les curieux seraient donc en mesure de fabriquer leur robot dans le cadre d’un FabLab par exemple.
Quelles suites allez-vous donner à Poppy ?
L’idée c’est de développer davantage la communauté autour de la plate-forme. De continuer les collaborations pour développer des applications dans le domaine médical comme la rééducation ou les prothèses. Et peut-être de créer une start-up !
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