Récit d’une journée, presque ordinaire, d’un capitaine à la Brigade des sapeurs pompiers de Paris (BSPP) : le 27 mars, Jean-Luc Rubod, à bord du véhicule poste de commandement, s’achemine, toutes sirènes dehors, sur les lieux de la tuerie de Nanterre. Quelques minutes auparavant, il officiait comme responsable du centre opérationnel réceptionnant les appels d’urgence du 18 et du 112. Ce même jour, le militaire consacre un peu de son temps à la mise en place d’un système d’informations géographiques (SIG), avec sa petite équipe de trois personnes.
Reconversion numérique
Car s’il se rêve volontiers en chevalier de la Table ronde au Moyen-?’ge, Jean-Luc Rubod n’en demeure pas moins enraciné dans l’ère numérique. Pour preuve, le militaire termine actuellement une formation d’ingénieur en intégration de systèmes d’informations, suivie en cours du soir. Objectif : préparer sa reconversion dans le civil ?” la retraite peut sonner dans trois ans ?”, mais surtout mener à bien le projet du SIG. Celui-ci s’inscrit dans un plan de modernisation de la BSPP, qui couvre Paris et les quatre départements limitrophes. Le logiciel GIPS, d’IBM, sera à terme interconnecté avec le système automatisé des départs de se-cours. Et permettra, par conséquent, lorsqu’une caserne est déjà en intervention, d’indiquer le centre de secours le plus proche susceptible de prendre le relais. Ou encore de préciser l’adresse exacte d’une station de métro. “On ne peut pas refuser d’intervenir faute d’adresse”, s’exclame le Jean-Luc Rubod. L’objectif du dispositif vise donc à améliorer la rapidité des interventions, qui s’enchaînent en france à un rythme effréné : une toutes les 72 secondes. La numérisation des plans est d’autant plus importante que les sapeurs-pompiers mettent à jour manuellement ?” coloriage des rues compris ?” les 2 800 pages de “parcellaires” existants.Avant le lancement opérationnel du premier module en octobre de cette année, la cellule SIG doit préalablement récupérer l’ensemble des données géographiques utiles aux interventions des sapeurs-pompiers. Et l’affaire n’est pas mince : il faut convaincre pas moins de 60 interlocuteurs ?” de la RATP au Port autonome de Paris, en passant par l’Apur (Atelier parisien d’urbanisme), ou encore le Gaz de France ?” de céder une partie de leurs informations, le plus souvent en échange d’une rétrocession des données actualisées.
Oublier fax et téléphone
Jean-Luc Rubod espère qu’à terme internet remplacera le fax et le téléphone pour échanger avec les hôpitaux, ou encore le service des eaux, pour la mise à jour des bouches d’incendie indisponibles. En attendant, ce capitaine, père de trois enfants, s’apprête à consacrer une partie de ses loisirs à jouer Les Misérables dans la compagnie de théâtre qu’il préside, avec sa famille et près de 80 comédiens, pour le compte d’associations caritatives.
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