Plus qu’une mode, le retrogaming est une lame de fond et il ne se passe pas un mois sans un projet de console. Mais la Polymega n’est pas n’importe quel projet : sur le papier il s’agit là d’un graal du retrogamer. Quand la plupart des projets s’arrêtent à la lecture de cartouches NES, SNES, Megadrive et tous les classiques Nintendo, la Polymega peut émuler bien plus de systèmes.
Comment ? Tout simplement par son design : comme l’espace est limité sur une console, les équipes de Playmaji qui ont développé le produit ont conçu la Polymega autour d’un design modulaire où l’on enfiche des modules physiques sur une base. Mieux encore : cette base est équipée d’un lecteur CD ce qui étend le champ des possibles de la Polymega à des consoles rarement voire jamais émulées de manière propre : la première Playstation (PS1) de Sony, le Sega CD, la NEC TurboGrafx CD ou la Neo Geo CD.
Système modulaire, émulation hybride
Le mauvais côté de l’aspect modulaire, c’est qu’aux 300$ du prix de la base (qui intègre le lecteur CD/DVD, produit par Hitachi LG Data Storage), il faut ajouter au moins 60$ par module d’émulation… au minimum. Car dans sa FAQ, Playmaji précise que les modules futurs pourront être plus chers.
Ça c’était pour les défauts. Cette conception modulaire, certes un peu coûteuse, a en effet de très nombreux avantages. Le premier étant son mode de fonctionnement : au lieu de se cantonner à de l’émulation logicielle pure, Polymega inaugure une émulation « hybride », moitié logicielle, moitié matérielle. Puisque chaque module est spécifique à une ou plusieurs consoles, Playmaji a pu intégrer des composants spécifiques facilitant l’émulation de cartouches réputées impossibles à émuler – certaines cartouches de jeu intégraient en effet des puces uniques dont le comportement est difficile à reproduire de manière logicielle. Du coup, le système intégré dans la base – et dont le logiciel peut être mis à jour – peut compter sur une partie matérielle solide pour réaliser une belle émulation en 1080p. Et on peut jouer avec ses propres manettes d’époque puisque chaque module est équipé des prises spécifiques à chaque console.
L’autre avantage, c’est bien sûr l’évolutivité : quand la Retron 5 est limitée à quelques consoles, votre machine fétiche (qui se souvient de la Jaguar ?) pourrait éventuellement être émulée dans le futur via un module dédié. Alors que la NES sera prise en charge avec le module EM01 NES (US/UE) disponible au lancement, les équipes de Playmaji ont d’ores et déjà annoncé le développement d’un module dédié à la Famicom, la version japonaise de la NES, physiquement incompatible avec elle. Tout n’est cependant pas acquis : en ce qui concerne les Playstation 2, Gamecube et la Wii, aucun plan de développement de module n’est en cours et le module N64 ne sera développé que si l’équipe trouve « un moyen légal de le faire ».
Sur le forum, l’équipe de Playmaji ne s’engage pas fermement sur les systèmes que la communauté demande, mais juge que certains d’entre-eux sont « largement faisables » si « l’intérêt » et donc le potentiel de vente est là. Citons par exemple l’Amiga 32, la Sega Saturn, la 3D0, la Sega 32X, la Neo Geo CD, le CDI, etc.
Préserver les jeux tout en évitant le piratage
Côté technique, si l’équipe de développement n’a pas encore donné de détails quant au processeur, la mémoire vive ou la gestion de la mémoire de stockage, elle s’est tout de même fendue d’une vidéo montrant la production d’une carte mère, écartant ainsi les procès de projet fantasque. Et sa présence sur les stands de l’E3 de Los Angeles début juin sont là pour témoigner du sérieux de l’entreprise, comme le pedigree de son équipe de développement.
On ne sait donc pas grand-chose quant à la capacité de stockage de l’appareil – on aperçoit un emplacement SD sur quelques visuels – mais on sait que la Polymega pourra enregistrer vos jeux afin d’éviter l’usure d’usage des cartouches et des CD et ce, afin de « préserver votre patrimoine ». Et aussi d’accélérer la vitesse de chargement des jeux ! Mais conscient de marcher sur des œufs quant à la légalité, Playmaji affirme que si cette sauvegarde de jeux physiques sera disponible, il sera en revanche impossible de charger des ROMS piratées directement dans l’appareil. Difficile de dire s’il s’agit d’une affirmation pour se couvrir, mais en tous les cas la capacité de sauvegarde des jeux satisfera les gamers qui ont pris la peine de conserver leurs jeux pendant de nombreuses années et qui redoute d’abîmer leurs précieuses antiquités.
L’interface logicielle présentée sur le site semble vraiment réussie et les éditeurs de jeux seraient bien inspirés de passer des partenariats avec Polymega pour proposer des magasins en lignes de ROMS !
Projet léché et déjà financé
Nous n’avons pas vu la console en vrai et pourtant de nombreux indices nous laissent à penser qu’il s’agit d’un projet sérieux. Primo, il ne s’agit pas d’un énième projet en financement participatif, l’équipe précisant même dans sa FAQ que le recours à Kickstarter/Indiegogo n’a pas été réalisé car ils « ont levé assez d’argent de la part d’investisseurs privés et d’entreprises pour ne pas avoir à dépendre d’un financement participatif pour le développement ». Ensuite, la présence d’un prototype à l’E3, les différentes vidéos – production de PCB, comparaison de vitesse d’émulation, etc. – et la qualité de la réalisation du site et des visuels plaident en faveur d’un projet sérieux.
Finalement, en fouillant dans le profil LinkedIn du responsable technique Eric Christensen, on découvre un vrai vétéran de l’industrie du jeu vidéo. Pas de quoi garantir la sortie de l’appareil – les échecs existent à tous les niveaux – mais un sérieux gage quant à la réalisation des promesses si la Polymega arrive un jour sur le marché.
Rendez-vous en 2019 pour le début de la commercialisation de la console et de ses premiers modules.
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