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Polémique autour d’un vote en ligne à l’UMP

Un élu au Conseil de Paris conteste les résultats d’un scrutin interne du parti présidé par Nicolas Sarkozy. Annulation de l’élection et saisie de disques durs au siège de l’UMP.

Est-il possible de truquer une élection organisée sur la base du vote par Internet ? Alexandre Galdin, conseiller de Paris et candidat malheureux au poste de délégué de circonscription UMP dans le
XVe arrondissement de Paris, en a la conviction. Au point de porter l’affaire devant la justice.L’histoire commence au printemps dernier. Un premier scrutin permet à Alexandre Galdin d’emporter la mise, mais cette élection sera annulée par les instances du parti de Nicolas Sarkozy, au motif d’un trop faible écart de voix (5 sur
645 votants). Un deuxième tour de scrutin est organisé et débouche sur un ballottage. Enfin, le conseiller de Paris et aspirant délégué est à son tour défait au mois de juin lors d’un troisième tour.Ce sont les conditions dans lesquelles se sont déroulées les opérations de vote qu’il conteste aujourd’hui. ‘ Pour pouvoir voter, chaque militant devait normalement recevoir par courrier un code et un numéro
d’identifiant,
explique Alexandre Galdin. Or, certains ne voyant rien venir, ont dû contacter le parti pour se faire envoyer ces informations par courriel. D’autres ont découvert au moment de voter en ligne que leur nom figurait
déjà sur la liste d’émargement. ‘
Sur son blog, le conseiller de Paris explique également que sa femme, adhérente UMP de la circonscription, n’a pas pu voter pour son mari puisqu’elle avait reçu des codes Internet pour voter
dans une autre circonscription.Autant d’allégations qui, si elles ne mettent pas directement en cause la technologie du vote par Internet, posent de sérieuses questions quant à ses conditions d’utilisation. ‘ Le vote électronique et le vote en
ligne, c’est “un homme, une voix”, mais l’on ne peut pas retirer l’humain d’une élection,
commente Régis Jamin d’Election Europe, prestataire technique de l’UMP. La technologie n’est pas en cause. Je constate
simplement que sur les 67 scrutins internes à l’UMP qui ont été organisés sur Paris, un seul pose problème. Est-ce que certaines personnes se sont trompées de circonscription au moment d’aller voter ? C’est tout à fait possible,

poursuit Régis Jamin. Pour le reste, il faut concevoir que l’augmentation spectaculaire du nombre d’adhésions à l’UMP puissent entraîner des problèmes de logistique au niveau du parti. Certains militants oubliant par exemple de signaler un
déménagment ou un changement d’adresse. ‘

Disparition de documents

Alexandre Galdin s’étonne pour sa part que des militants UMP qui se trouvaient le jour du vote à l’autre bout du monde, très loin des préoccupations électorales du XVe arrondissement de Paris, aient pu être
enregistrés comme votants. Surpris par le fort taux de participation de ce scrutin (84 %), il soupçonne, selon des propos rapportés par Le Monde du 21 octobre, la direction de l’UMP d’avoir récupéré les identifiants
électroniques d’adhérents absents pour voter à leur place. Pour en avoir le c?”ur net, Alexandre Galdin s’est tourné vers la justice.Ordonnance de saisie à l’appui, il a tout d’abord cherché à obtenir, auprès d’Election Europe, les documents (identifiants, adresse IP, jour et heure de vote) relatifs au scrutin. Mais ces équivalents informatiques des listes
d’émargement ont été détruits par le prestataire technique, conformément au contrat qui le lie à l’UMP. A l’UMP, les listes d’émargement contestées auraient également disparu quelques jours après le scrutin. Le 19 octobre, un huissier, assisté
d’un commissaire de police, a tout de même saisi des disques durs d’ordinateurs au siège du parti à Paris.Pour sa part, le président de la commission électorale de l’UMP, Robert Pandraud, a décidé, dans le doute, d’annuler le scrutin contesté. Selon Régis Jamin, pour Robert Pandraud, ‘ toutes les règles statutaires
d’organisation des élections ont été correctement appliquées. Mais les règles nécessaires à la sincérité du scrutin et à la gestion des listes électorales n’ont pas été respectées. ‘
L’UMP est une formation politique
pionnière en matière de vote en ligne. Cependant, l’utilisation de cette solution technique fait périodiquement, à tort ou à raison, l’objet de
multiples contestations.

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Philippe Crouzillacq